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Une journée à Brienz

Publié le 01 juin 2010 par Jade

Mardi, la semaine de révisions. Contre toute logique, je m’étais prévu un voyage à Brienz pendant la journée, non pas pour découvrir le village de la Suisse centrale, mais pour visiter l’école de lutherie, la seule de Suisse.

Une journée à Brienz

Le trajet - Clic pour agrandir

Luthier, pardon?
C’est légitime. La lutherie est le métier qui consiste à construire des violons, altos et violoncelles, etc. Je suis venue sur l’idée alors que je me suis mis en tête de commencer à jouer de l’alto fin novembre 2009. Ma mère avait un alto qui reposait à la cave et nous sommes allées chez un luthier de la ville le faire réparer. J’ai tout de suite été fascinée par ce métier, je le suis toujours.
J’ai eu la chance d’assister à une conférence du directeur de cette école (privée) qui parlait des points communs entre l’architecture et la construction de violons. Ridicule? Pas tellement que ça, parce que tout est une question de proportions… Suite à cette conférence, nous sommes allés manger au restaurant (mon père en était le co-organisateur) et j’ai profité d’un moment de silence pour lui demander si c’était possible de visiter l’école.

Brienz, c’est loin de Fribourg, me direz-vous. Dans les 2h de train avec des changements à Berne, Spiez, Interlaken (Ost). J’étais finalement à 8h30 sur les rails d’Interlaken où quelque chose m’a frappé.

Une journée à Brienz
Bienvenue en Suisse miniature:
Le train pour Brienz comporte 3 wagons. Pas plus, pas moins. Le premier et dernier wagon font la tête de train, respectivement la fin. Tous deux font office de “ "locomotive” ". Il n’y a qu’une voie qui mène à Brienz, car il n’y a pas de place au bord du lac. Les croisements avec l’autre train se font dans les gares miniatures.
8h52 (mon arrivée à l’école était prévue à 9h30) je sors du train à Brienz West, parce qu’il y a Brienz aussi. Un village à 3’000 habitants a deux gares. Le village où j’habite n’en a pas avec 7’500 habitants.

Brienz c’est…
Les prémisses de ma descriptions se trouvent déjà au dessus, mais plus sérieusement. Brienz, c’est l’incarnation de tous les stéréotypes qu’on a sur les Suisses. Les vaches? Check. Les montagnes avec le pic enneigé, ça aussi. La petite église, des rues de maximum 50 mètres de longueur? Bien sur. Dans chaque jardin vous y trouverez un drapeau suisse une statue de bois représentant un quelconque animal. Normal, en même temps l’école de sculpture de bois se trouve en face de l’école de lutherie.

Bon et pour tuer le temps, je me dis que je vais déjà voir où c’est cette école. Je suis les indications que je m’étais écrite dans mon agenda. Chercher le nom des rues, c’est pas de la tarte. Après beaucoup de détours dans les petites rues, je me rends compte que j’ai pris toutes celles que je devais éviter. Je redescends donc. Sur la plus grande rue, mais pas la principale, je retombe sur un monsieur qui était sorti de train. Là, désespérée, je ressors mon agenda. Je tourne partout espérant voir une flèche rouge dans le ciel pointer sur l’école. Le monsieur s’avance vers moi et me demande en un Bärndüütsch stéréotypé s’il peut m’aider. Au final, il m’indique l’école qui se trouve à une dizaine de mètres de moi. Il est 9h02, toujours trop tôt.
Sur un coup de tête, je me dis que je vais explorer le village. Je descends jusqu’au lac (distance: 100 mètres) et admire la vue. A ma gauche se trouvent deux hôtels. Je m’approche du premier dont le café est fermé le lundi. Le deuxième me semble ouvert, je pousse la porte et je me retrouve dans le chalet de Heidi. Pour bien profiter de la vue quoique approximative sur le lac, je m’installe près de la fenêtre. Un autre homme se trouve dans la salle, savourant son café matinal. Je fais de même. Un monsieur entre, salue l’homme assis. Il s’installe à la table. Une dizaine de minutes après, je sens les regards sur moi. La table du monsieur (au départ) solitaire est occupée par sept indigènes. C’est là où je me dis: “ "Whaaa, Bérénice, tu fais la sensation du village. A Uuuusländrrr” " (Un étranger)

Une journée à Brienz

Je paye avant de repartir. Et j’ai été sympa, parce que le café à 3.90 (environ 2.50 €) j’ai laissé 10 centimes. C’est pas énorme d’accord. Problème n°1, je ne ressors pas par la porte où j’étais entrée. Je ne trouve donc pas la sortie et me ridiculise… De nouveau devant l’école, je cherche désespérément laquelle de ces belles portes de chalets pourrait être la porte d’entrée. Je m’avance, une sonnette. “ "Benutzen Sie den Eingang Nord” " (Utilisez l’entrée Nord) Euuuuuuuuh, c’est où le Nord? Comme si j’avais une boussole sur moi. Je refais le tour du bâtiment et découvre un autre bouton de sonnette. Celui me semble le bon, je sonne avant de grimper une volée de marches. Et là, un nouvel univers s’ouvre à moi.

C’est comment la Geigenbauschule de Brienz?
J’arrive à 9h30 pétantes. Vraiment, à la minute près, comme si mon hésitation devant l’autre bouton de sonnette m’avait permis d’être à l’heure. Je me présente et le professeur me dit qu’il m’attendait sans trop savoir qui allait venir. Le directeur de l’école est à Zurich pour la journée. J’arrive aussi pile pour la pause café. J’enchaîne les cafés ce matin.
L’école a quatre professeurs en tout, deux sont présent aujourd’hui. En dehors de ces adultes, quelques 10 élèves d’années différentes. L’apprentissage se fait en 4 ans.

L’atelier est le cœur de l’école avec la cuisine où nous déjeunons. L’antichambre de l’atelier principal abrite la réserve des chevalets et autres pièces utiles…. La pièce voisine sert à la production des vernis, au sous-sols l’atelier avec les scies électriques et limes électriques. A l’étage d’une part une salle de cours, d’autre part la réserve de bois pour la construction des instruments. Ebène, épicea, etc.
Dans l’autre bâtiment, la salle d’exposition au sous-sol, la bibliothèque et les bureaux au rez-de-chaussée et la salle de musique à l’étage. Parce qu’en plus de “ "faire” " des instruments, il faut en jouer.

A midi je mange avec une étudiante/apprentie française de Versailles. Par bonheur (me dit-elle) elle n’a pas été retenue au concours de l’école de lutherie française à Mirecourt. Nous mangeons un sandwich au bord du lac. Une petite brise mêlée à un grand rayon de soleil suffisent à mon bonheur.
Nous retournons à l’école vers 13h alors que les “ "cours” " reprennent à 13h30. Avant qu’elle ne se remette au travail, nous profitons encore de la terrasse. Après boulot pour les apprentis luthiers. Moi, je regarde, me promène, pose des questions et je dois dire que mon plurilinguisme me permet de converser avec quasiment tout le monde.
Bien que ça me brise le cœur, je repars à 15h avec le train à trois wagons. Je suis fermement décidée à poser ma candidature en septembre pour entrer l’année suivante. Certes, je vais quand même devoir étudier pendant une année, histoire de ne pas rien faire… Si mes chances sont réelles (et je le crois), je devrais être une des trois possibles heureuses élues d’ici janvier 2011. On verra.

Et d’ici là?
Haa, la question qui tue. D’ici là, je passe mon bac. Ensuite, je vais à Bruxelles et Pesaro et fin août je fais mon stage de lutherie à Gruyères. Je mets la main à la pâte. En septembre je finirais mon dossier de candidature tout en commençant mon cursus universitaire à Berne en Histoire et Anglais. Ou Anglais et Histoire, je ne sais pas encore.

Enfin, cette journée a été une expérience enrichissante. Par contre, il faut que je m’habitue à me lever tôt, car les horaires sont 7h15 à 17h30, ce qui nous font des semaines à 42 heures. Magique hein?
Au passage, j’ai mon audition (la première pour l’alto) le 16 juin.



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