Magazine Humeur

Bientôt au cinéma : "Cristiada", l'épopée chrétienne des Cristeros

Publié le 02 juin 2010 par Hermas

1.- Le cinéma offre souvent l'exposition, sinon la promotion de valeurs non conformes à celles de l'Evangile, quand il ne cherche pas directement à le souiller.

Parfois il se nourrit de paradoxes, comme lorsqu'il nous propose de nous émouvoir par l'histoire de la fidélité d'un chien à l'égard de son maître, dans le film Hatchi, alors que l'adultère et l'infidélité entre êtres humains sont depuis longtemps le terreau obligé de la plupart des scénarios.

Mais le cinéma propose aussi le meilleur de lui-même dans d'innombrables autres films où se trouvent exaltés la noblesse, le courage, le meilleur de l'humain, voire la sainteté. Sans avoir à travailler longuement sa mémoire, des films tels que "Le Seigneur des Anneaux", "Gladiator", "Narnia", "La Passion du Christ", "L'île" ou, plus récemment, "Des hommes et des dieux", sur le drame de Tibéhrine, viennent spontanément à l'esprit pour les périodes les plus récentes.

2.- S'il est une page historique que l'on voudrait bien voir présentée au cinéma, et qui tient particulièrement au coeur des catholiques pour qui le témoignage de la foi est une donnée essentielle de leur vie, c'est bien celle des Cristeros et de leur "Cristiada".

Cette prodigieuse épopée a conduit un grand nombre d'entre-eux - prêtres et laïcs - au martyre, dans le Mexique de la seconde moitié des années vingt, alors qu'ils défendaient l'Eglise catholique contre l'Etat persécuteur. Ceux qui ne connaissent pas ce glorieux épisode où tant de nos frères ont su mourir au cri de "Vive le Christ Roi" ou de "Vive Notre-Dame de Guadalupe" [peu après la publication de l'Encyclique "Quas Primas" (11 décembre 1925) du Pape Pie XI instituant la fête du Christ-Roi], pourront se reporter à l'article paru sur le sujet sur Wikipedia. Ce même Pape est intervenu publiquement au moins par deux fois au sujet de ces événements : en 1926, par l'Encyclique “Iniquitates afflictusque”, pour condamner la persécution anti-catholique, et en 1932, par l'Encyclique “Acerbo nimis”, pour protester contre sa poursuite malgré les accords survenus (1929). Les chiffres donnés sur le nombre des victimes de cette guerre sont apparemment assez incertains, en partie en raison du fait que les violences contre les catholiques se sont prolongées bien après la fin officielle des hostilités. Beaucoup de Cristeros ont d'ailleurs été assassinés alors qu'ils avaient rendu les armes après cette date, abandonnés sans gloire par le clergé pour lequel ils s'étaient battus. Certains parlent finalement de 90.000, d'autres de 250.000 morts.

Il faudra attendre le règne du Pape Jean-Paul II pour que l'Eglise, après un long silence, rende publiquement justice à ces martyrs, en béatifiant puis canonisant 25 d'entre-eux, dont 22 prêtres, au cours du Grand Jubilé de l'Incarnation de l'An 2000. Sous le pontificat du Pape Benoît XVI, 13 martyrs (1927-1928), dont dix laïcs, ont été béatifiés le 20 novembre 2005, originaires des Etats de Michoacán, de Guanajauto et de Jalisco.

3.- Eh bien voici que cette "Cristiada" va donner lieu à un film dont le tournage commence au Mexique même ce mois-ci, pour trois semaines en principe, sous la "supervision" de Dean Wrigt, lequel a travaillé notamment pour "Le Seigneur des Anneaux" et "Les chroniques de Narnia". Parmi les béatifiés de 2005 figure Joseph Anaclet González Flores (1888-1927), laïc, avocat, l'un des chefs de la rébellion cristera. Il fut torturé et fusillé à la suite d'un jugement sommaire, accusé d'avoir assassiné des soldats fédéraux. 

Voici ce qui était dit de Joseph González Flores lors de sa béatification : "Anacleto González Flores (...) versa son sang avec les frères Jorge et Ramón Vargas González, et Luis Padilla Gómez, dans cette ville, au cri de "Je meurs mais Dieu ne meurt pas"Vive le Christ Roi!". Anacleto González Flores donna sa vie au Créateur, après une vie d'intense piété et un apostolat fécond et audacieux. Après avoir reçu une solide formation humaine et chrétienne, il se consacra à la lutte pour les droits des plus faibles. Connaisseur fidèle de la Doctrine sociale de l'Eglise, il chercha, à la lumière de l'Evangile, à défendre les droits fondamentaux des chrétiens, à une époque de persécution (...). L'intense vie eucharistique de ces bienheureux doit constituer pour nous un exemple et un encouragement pour approfondir toujours davantage notre vie eucharistique. (...) Ces treize fils fidèles de l'Eglise avaient également une autre caractéristique commune. Ils se distinguèrent, outre par leur intense vie eucharistique, par leur dévotion filiale à la Mère de Dieu, sous son titre de Vierge de Guadalupe. La plupart d'entre eux, comme les autres saints martyrs déjà canonisés, moururent en prononçant son nom." (Homélie du cardinal José Saraiva Martins).

Le rôle du bienheureux Joseph González Flores sera tenu par l'acteur mexicain Eduardo Verástegui [photo ci-jointe] Peu connu du public français, il l'est en revanche des publics de langue espagnole, en particulier féminins, auxprès desquels il a usé de son charme par tous les ressorts qu'offre aujourd'hui le monde frelaté du "show-bizz" et de la publicité.

Puis il s'est converti, et en a fait publiquement état, s'engageant depuis lors à ne plus participer à aucun projet qui contredise les valeurs de l'Evangile. Il soutient aujourd'hui des mouvements "pro-vie" [tout comme Jim Caviezel, interprète du Christ dans La Passion] et donne des conférences dans des universités catholiques, notamment en Amérique du Sud et aux Etats-Unis, où il vit actuellement.

Autre héros de ce film, Enrique Gorostieta [1889-1929 : photo ci-jointe)] chef des cristeros de la ville de Jalisco. Officier de l'armée mexicaine, il rejoignit le rang des Cristeros dont il devint l'un des meilleurs chefs, en dépit de ses attaches apparemment moins évidentes à la foi et des possibles liens avec la franc-maçonnerie. qui lui sont prêtés. Il mourut, quant à lui, au combat.

Le rôle de Gorostieta sera tenu par Andy Garcia [photo de gauche] le célèbre et brillant acteur d'origine cubaine, révélé par les films "Les incorruptibles" et surtout "Le Parrain 3". Cet acteur, père de quatre enfants, n'a jamais caché ses convictions catholiques, la force qu'il y puisait et la nécessité qu'il ressentait d'en apporter l'exemple.

Enfin, on annonce également, parmi les acteurs, la participation d'une autre personne assez singulière dans le monde du "show-bizz", à savoir Karime Lozano [photo ci-jointe]. Cette actrice mexicaine, après une vie qui lui valut en 2008 le triste honneur d'être élue reine de la journée gay-pride de San Francisco, s'est elle aussi convertie. Catholique, elle se met elle aussi désormais au service de sa foi et milite avec Eduardo Verástegui pour la vie et contre l'avortement. Chose plus singulière encore, elle n'hésite pas à faire l'apologie de la chasteté :  « Avant, a-t-elle déclaré à un journaliste, je riais et je me moquais de la chasteté, mais Dieu a fait des miracles dans ma vie. Dieu existe et il accomplit des miracles tous les jours. Ce qui se passe, c'est que souvent nous ne voulons pas les voir ».

Le moins qu'on puisse dire est que ce film, "Cristiada", sera servi par des acteurs de conviction, pour lesquels les personnages mis en scène sont des personnages qui incarnent la foi à laquelle ils adhèrent eux-mêmes. Autant d'éléments, sur fond d'une épopée exemplaire pour notre époque sceptique, qui nous font attendre avec grande impatience la sortie de ce film. Espérons qu'il ne sacrifiera pas trop aux fréquentes "americanadas" du cinéma et qu'il saura mettre en grand relief la richesses des personnages.

On tourne ! En attendant...


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