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Marie dans l'Evangile de saint Luc (4)

Publié le 05 juin 2010 par Hermas

« Marie conserve toutes ces choses avec soin, les méditant en son cœur »

Dans le récit de la naissance de Jésus, à Bethléem, où elle était allée se faire recenser, Luc mentionne la visite des bergers, avertis par des Anges, tout comme Matthieu raconte la venue des Mages guidés par une étoile miraculeuse :

Luc chapitre 2° :

7.  Elle enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de place dans la salle.

8.  Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit.

9.  L'Ange du Seigneur se tint près d'eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté ; et ils furent saisis d'une grande crainte.

10.  Mais l'ange leur dit : « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple :

11.  aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David.

12.  Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. »

13.  Et soudain se joignit à l'ange une troupe nombreuse de l'armée céleste, qui louait Dieu, en disant :

14.  « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance ! »

Luc donne le récit de la visite des bergers qui deviennent des témoins de cet événement, et qui racontent à Marie et à Joseph comment ils ont été averti de cette naissance d’un Sauveur, et les manifestations célestes de toute l’armée céleste. Luc note avec soin l’attitude de Marie, et là aussi, dans un but précis qui montre que Marie, dès le début, avait compris et comprendrait toujours plus quelle serait la Mission de son Fils, à laquelle elle serait liée.

Luc chapitre 2° :

19.  Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur.

Après les retrouvailles de Jésus dans le Temple de Jérusalem, au bout de trois jours, Luc écrit de nouveau :

Luc chapitre 2° :

51.  Il redescendit alors avec eux et revint à Nazareth ; et il leur était soumis. Et sa mère gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur

Je cite le passage tout entier, car il est riche de signification !

Luc chapitre 2° :

41.  Ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque.

42.  Et lorsqu'il eut douze ans, ils y montèrent, comme c'était la coutume pour la fête.

43.  Une fois les jours écoulés, alors qu'ils s'en retournaient, l'enfant Jésus resta à Jérusalem à l'insu de ses parents.

44.  Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le rechercher parmi leurs parents et connaissances.

45.  Ne l'ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem.

46.  Et il advint, au bout de trois jours, qu'ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ;

47.  et tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses.

48.  A sa vue, ils furent saisis d'émotion, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés. »

49.  Et il leur dit : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? »

50.  Mais eux ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire.

51.  Il redescendit alors avec eux et revint à Nazareth ; et il leur était soumis. Et sa mère gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur.

52.  Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes.

Quelques années plus tard, quand Jésus aura quitté Nazareth pour commencer son ministère public, suivi par les saintes femmes et par sa Sainte Mère sans aucun doute, Marie ne pourra pas ne pas se souvenir de cette « fugue », de sa signification profonde : « Je dois être dans la Maison de mon Père » : la maison de mon Père, c’est le TEMPLE. Et elle entendra son Fils déclarer aux juifs scandalisés parce que Jésus a chassé les vendeurs du Temple : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le rebâtirai… Mais lui, parlait du Sanctuaire de son Corps » (cf. Jean 2, 19a.21).

Détruisez ce Temple, en trois jours je le rebâtirai… Comment Marie n’aurait-elle pas compris ce qui allait se passer et pressentir, dans l’annonce de la destruction du Temple, la mise à mort de son Divin Fils, l’ensevelissement, et trois jours après la Résurrection ? Jean a dû lui raconter sa première rencontre avec Jésus, comment il avait quitté Jean le Baptiste pour suivre Jésus, après que Jean l’ait présenté en ces termes : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde » (Jean 1, 29), « Voici l’Agneau de Dieu » (ibid. verset 36 b). Comment Marie, qui avait été formée dans le Temple de Jérusalem jusqu’à l’âge de douze ans, qui avait appris à connaître parfaitement les Saintes Ecritures, n’aurait-elle pas pu penser aux passages du Serviteur Souffrant, en Isaïe, un récit anticipé et émouvant par sa précision de la Passion de Jésus ? Et de même quand, à trois reprises Jésus annonce sa Passion et sa Résurrection. Toutes ces paroles résonnaient dans son cœur de Mère, et l’unissaient à son Divin Fils, à sa Mission. Nous reviendrons brièvement ci-dessous sur ces textes qu’il importe de bien connaître.

Mais bien avant le ministère public de Jésus, Marie avait compris quel serait son destin, pour son divin Fils et pour Elle-même : une vie de souffrance. Les paroles de l’Ange lui annonçaient des choses grandioses :

Luc chapitre 1° :

30.  Et l'ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.

31.  Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus.

32.  Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ;

33.  il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin. »

34.  Mais Marie dit à l'ange : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme ? »

35.  L'ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu.

Fils du Très-Haut, Fils de Dieu, il recevra le trône de David son père, et son règne n’aura pas de fin. Ce caractère divin de cette naissance ne pouvait échapper à Marie : la vertu du très-Haut qui la prend sous son ombre et lui permet d’être Mère en restant Vierge, le règne de cet enfant qui n’aura pas de fin. le nom lui-même : « Jésus » : Dieu sauve. Marie comprend que c’est le Messie annoncé par les prophètes, le Fils de David attendu depuis des siècles, le Sauveur. Sans peut-être comprendre encore toute la portée de cet événement, elle adhère sans hésiter au plan de Dieu par son « fiat » qui l’unit de manière intime au destin de Celui qu’elle vient de concevoir par son « oui » : « Et le Verbe s’est fait chair ».

La signification des événements qui marquent la naissance de Jésus, ne peuvent échapper à Marie sa Mère. Joseph et Marie se rendent dans la ville de David, où ils ont certainement de la famille. Mais personne ne les accueille, il n’y a pas de place pour eux. « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » écrit Saint Jean (1, 11). Il parlait certes du peuple juif en général. Mais je ne serais pas surpris que, lors de ses longs entretiens avec la Sainte Vierge, ce soit Marie elle-même qui ait prononcé, la première, ces paroles… Car c’est la réalité.

Joseph et Marie ne trouvent d’autre abri, dans la ville du roi-berger, qu’une grotte qui abritait des brebis, avec leurs petits, des agneaux. Et les premiers visiteurs avertis et envoyés par le Ciel sont précisément des bergers. David, au moment de son choix comme Roi d’Israël par Samuel, était gardien de troupeau. Et quand Jésus déclarera : « Je suis le Bon Pasteur » reprenant mot à mot les paroles du prophète (Ezéchiel 23 ; Ezéchiel 34, 7-17) annonçant que c’est Dieu lui-même qui allait désormais prendre soin de son troupeau, veiller su ses brebis, et ramener la brebis perdue, tout le cœur de Marie frémira d’angoisse et d’offrande : « Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis ».

Elle le sait, elle l’a compris depuis longtemps, dès la Circoncision de Jésus :

Luc chapitre 2° :

21.  Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l'ange avant sa conception.

Jésus : Dieu sauve. Nom donné par l’Ange à Marie lors de l’Annonciation (Luc 2, 31b), et à Joseph en songe (Mathieu 1, 21). Mais l’Ange avait dit à Joseph : « …elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». Et Marie sait très bien que l’offrande d’un sacrifice sanglant, d’un agneau sans tache par exemple, était nécessaire pour obtenir le pardon des péchés. A-t-elle entrevu dans ces quelques gouttes du sang de Jésus, lors de circoncision faite au nom de l’Ancienne Alliance, le Sang de Jésus, le Sang de la future Nouvelle Alliance versé en abondance ?

Et puis, quarante jours après la naissance de l’Enfant-Dieu, Joseph et Marie portent l’enfant Jésus au Temple : lors de la Présentation au Temple, les paroles du vieillard Siméon lui présente l’avenir de cet enfant «  lumière pour éclairer les nations » (Luc 2, 32), et son propre avenir :

Luc chapitre 2° :

33.  Son père et sa mère étaient dans l'étonnement de ce qui se disait de lui.

34.  Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : « Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction -

35.  et toi-même, une épée te transpercera l'âme ! - afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœur »

« Une épée te transpercera l’âme ! ». C’est l’annonce d’une mort, non pas physique, car Siméon aurait dit « le cœur » ; mais une mort « mystique », une douleur terrible capable de faire mourir quelqu’un, ce dont Marie, disent certains Pères, a été préservée par l’intervention de Dieu : quelle douleur peut être plus grande, pour une Mère, que de voir son Fils mourir dans d’atroces souffrances ? Marie se trouve ainsi associée, dès le début, à la Passion de son Fils. Une lance transpercera le côté de Jésus, un glaive transpercera son âme ! A-t-elle pensé à la parole de Dieu adressée au serpent dans le Paradis Terrestre : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre son lignage et le sien » (Genèse 3, 15a). La Femme, c’est Elle « Toutes les générations me diront bienheureuse » déclare-t-elle avec humilité dans le Magnificat.

Comment douter ensuite que Marie, en méditant toutes ces choses et en les conservant dans son cœur, n’ait pas noté la signification de la « myrrhe » offerte en cadeau, par les Mages quelques mois plus tard. La mort de son Enfant ? Ce sera là son sort, sa Mission, et le premier signe en est la décision d’Hérode de tuer tous les enfants de Jérusalem pour se débarrasser de ce « roi des Juifs qui vient de naître ». C’est l’intervention de l’Ange, dans la nuit, le départ en hâte vers l’inconnu, comme Abraham ; la fuite en Egypte, l’Exil : « il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (cf. Jean 1, 11).

Mais Marie s’abandonne à la volonté de Dieu, en répétant chaque jour les paroles qu’elle a dites à l’Ange venu lui annoncer la naissance du Messie :

Luc chapitre 1° :

38.  Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta parole ! » Et l'ange la quitta.

Et elle « conservait toutes ces choses avec soin, les méditant en son cœur ».


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