Magazine Journal intime

Guimauve World

Publié le 20 juin 2010 par Mirabelle

Mon cher Victor,

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Ce n'est pas trop tôt ! Pour quelqu'un qui proclamait un retour, un vrai, laisse-moi te dire que c'est raté ! Excuse-moi Victor, je comprends ta colère... Mais je m'aperçois que je ne peux plus écrire aussi souvent qu'avant, ou du moins que je ne peux plus te consacrer autant de temps que je le voudrais : j'ai une vie, Victor, une vie bien remplie, par un métier, un amoureux, des amis... Une vie heureuse, je crois. Globalement, évidemment, car qui peut prétendre être pleinement heureux ? Une vie qui, peu à peu, concorde avec mes rêves, si bien que je préfère la vivre plutôt que de la coucher sur le papier... Tu peux comprendre ? Oui. Oui, je peux comprendre, et je suis ravi pour toi, même si je m'ennuie un peu, là, tout seul, à ma terrasse de café. Alors tu as intérêt à ce que notre conversation soit à la hauteur !

Aujourd'hui, Victor, je n'ai pas envie de calculer. Pas envie de me contenir. Pas envie de me mettre de limites, de barrières, de frontières, pas envie de me freiner, pas envie de m'obliger à garder les pieds sur Terre. Il s'appelle Narcisse et je l'aime, comme je n'ai jamais aimé personne. Et tant pis si c'est niais, tant pis si c'est nunuche, tant pis si j'écris là tout ce que j'ai toujours détesté : tant pis si cela s'apparente à de la guimauve ! J'ai cru aimer quelqu'un à la folie autrefois, il y a de cela longtemps, si bien que j'en étais devenue presque folle, j'ai pris sur moi en le réalisant, pris sur ma vie, j'ai repris le dessus, après un long travail, un long effort sur moi-même, toute seule, sans l'aide de personne ou presque. J'ai réussi.


Et un jour, je l'ai rencontré, lui, mon homme de guimauve. Il faisait très beau. C'était il y a un an. Il m'attendait sur les quais. Nous ne nous connaissions pas, juste des heures de conversation échangées tous les soirs, par écrans interposés. Je l'ai trouvé beau, très beau, tout de suite. Lui, en me voyant, a failli trébucher contre le banc sur lequel il était assis. C'est drôle, tu sais, Victor... Parfois, dans la vie, on sait, immédiatement, que quelque chose d'important, de déterminant, est en train de nous arriver. Que plus rien ne sera jamais comme avant...

Pendant ma période de célibat, des hommes, j'en ai rencontrés. Un certain nombre. Mais tu me connais, Victor, je suis très exigente ! Ah, ça ! Personne ne me plaisait vraiment, personne ne me convenait, et bien souvent je n'allais pas au-delà du premier rendez-vous, persuadée qu'il valait mieux être seule que mal accompagnée, en attente de cette étincelle, cette flamme qui me ferait me jeter en avant. Ce qui n'est pas faux ! C'est un hommage à l'amour que de refuser de fréquenter le premier venu ! Toujours est-il qu'en le quittant lui, après avoir pris un verre en sa compagnie, au soleil, après avoir discuté politique, livres, cinéma, après avoir ri et traversé des silences plein de sous-entendus, je suis rentrée chez moi le sourire aux lèvres, en riant, même. En ayant la certitude, solide et intime, que nous allions nous aimer, que mon heure était enfin venue, après tant de larmes, de colère, et d'amertume. N'est-ce pas étrange, Victor ?


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