Magazine Journal intime

Moi aussi je deviens une vieille conne paranoïaque

Publié le 28 juin 2010 par Ecribouille @Ecribouille

Moi aussi je deviens une vieille conne paranoïaqueNon pas que je sois âgée, loin de là, mais je commence à me dire “ah tiens un jeune, je vais m’asseoir plus loin” en regardant quelqu’un d’autre dans le train.

Et c’était moi qui, il n’y a pas si longtemps, me plaignais qu’on me regarde de manière méfiante au Salon du Livre Ancien, ou qu’on parle de “jeunes de banlieue” dans la presse. Voilà que je fais pareil.

Lorsque je vois quelqu’un dans le train qui a l’air un peu louche, soit : jeune, avec une casquette, l’air désintéressé, amusé par des trucs sans intérêt, un peu bruyant… Voilà je me méfie. Je suis comme les petits vieux qui ferment les serrures de leurs portes lorsque j’entre dans le hall de mon immeuble (anecdote véridique).

Et là je crois que j’ai compris pourquoi on nous regardait comme ça, nous les jeunes de banlieue parisienne issus de l’immigration. Quoi qu’en tant qu’Asiatique on ne se méfie pas tellement de moi puisque je ne suis qu’une magouilleuse commerçante et escroc. Voir l’article Les Chinois de Belleville victimes de voleurs plus que de racistes sur RUe89.

On se méfie par expérience

C’est vrai que globalement, dans la presse on parle de jeunes de banlieue méchants qui cassent toujours tout et emmerdent tout le monde. Mais pas que ! Au final, je trouve qu’on parle assez peu des “problèmes” de banlieue, noyé dans le flot d’informations quotidiennes.

En l’espace de 3 mois, j’ai eu 3 fois mon train bloqué à cause de “jeunes cons”. Des jeunes gens tout à fait lambda qui se sont mis à : hurler et/ou faire preuve de violence. Dans le cas de la violence le train est bien entendu arrêté.

(En passant je trouve cela révoltant les gens qui se plaignent qu’on arrête un train parce que quelqu’un se fait tabasser, encore plus révoltant que quelqu’un se plaignent et râle fort car il y a un accident de personne. BORDEL quelqu’un est mort !)

Alors forcément quand je vois deux ou trois jeunes personnes bruyantes avec des casquettes et portant des survêtements… je me dis qu’il se peut que je ne sois pas chez moi à l’heure prévue.

Pensée idiote, pensée réflexe, pensée venant de l’instinct de survie de la banlieusarde parisienne.

J’ai 20 ans, et je suis une vieille conne aigrie.


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