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3 juillet : saint Thomas Apôtre

Publié le 03 juillet 2010 par Hermas

SAINT THOMAS APOTRE– CATECHESES DU SAINT-PERE ( 27 septembre 2006)

L’Eglise célèbre la fête de Saint Thomas le 3 juillet. Avant la réforme liturgique de 1969, elle était célébrée le 21 décembre, qui tombe maintenant dans les jours privilégiés du temps de l’Avent. Mais elle est toujours célébrée à cette date par les Communautés couvents et abbayes qui célèbrent normalement selon rite tridentin. Au moment de l’Elévation de l’Hostie et du Calice, il nous était recommandé de dire les paroles prononcées par Saint Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu », « Dominus meus et Deux meus », pour exprimer notre foi en la Présence Réelle, alors que nous ne voyons que du pain, et le calice : c’est manifester ainsi notre foi, comme l’e disait Jésus : « Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu ». Il faut reprendre cette invocation, et l’enseigner aux enfants dès leur plus jeune âge.

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Chers frères et soeurs,

Poursuivant nos rencontres avec les douze Apôtres choisis directement par Jésus, nous consacrons aujourd'hui notre attention à Thomas. Toujours présent dans les quatre listes établies par le Nouveau Testament, il est placé dans les trois premiers Evangiles, à côté de Matthieu (cf. Matthieu 10, 3; Mac 3, 18; Luc 6, 15), alors que dans les Actes, il se trouve près de Philippe (cf. Actes 1, 13). Son nom dérive d'une racine juive, ta'am, qui signifie "apparié, jumeau". En effet, l'Evangile de Jean l'appelle plusieurs fois par le surnom de "Didyme" (cf. Jean11, 16; 20, 24; 21, 2), qui, en grec, signifie précisément "jumeau". La raison de cette dénomination n'est pas claire.

Le Quatrième Evangile, en particulier, nous offre plusieurs informations qui décrivent certains traits significatifs de sa personnalité. La première concerne l'exhortation qu'il fit aux autres Apôtres lorsque Jésus, à un moment critique de sa vie, décida de se rendre à Béthanie pour ressusciter Lazare, s'approchant ainsi dangereusement de Jérusalem (cf. Marc 10, 32). A cette occasion, Thomas dit à ses condisciples:  "Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui!" (Jean 11, 16). Sa détermination à suivre le Maître est véritablement exemplaire et nous offre un précieux enseignement:  elle révèle la totale disponibilité à suivre Jésus, jusqu'à identifier son propre destin avec le sien et à vouloir partager avec Lui l'épreuve suprême de la mort. En effet, le plus important est de ne jamais se détacher de Jésus. D'ailleurs, lorsque les Evangiles utilisent le verbe "suivre" c'est pour signifier que là où Il se dirige, son disciple doit également se rendre. De cette manière, la vie chrétienne est définie comme une vie avec Jésus Christ, une vie à passer avec Lui. Saint Paul écrit quelque chose de semblable, lorsqu'il rassure les chrétiens de Corinthe de la façon suivante:  "Vous êtes dans nos coeurs à la vie et à la mort" (2 Co 7, 3). Ce qui a lieu entre l'Apôtre et ses chrétiens doit, bien sûr, valoir tout d'abord pour la relation entre les chrétiens et Jésus lui-même:  mourir ensemble, vivre ensemble, être dans son coeur comme Il est dans le nôtre.

Une deuxième intervention de Thomas apparaît lors de la Dernière Cène. A cette occasion, Jésus, prédisant son départ imminent, annonce qu'il va préparer une place à ses disciples pour qu'ils aillent eux aussi là où il se trouve; et il leur précise : "Pour aller où je m'en vais, vous savez le chemin" (Jean14, 4). C'est alors que Thomas intervient en disant : "Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas; comment pourrions-nous savoir le chemin?" (Jean 14, 5). En réalité, avec cette phrase, il révèle un niveau de compréhension plutôt bas; mais ses paroles fournissent à Jésus l'occasion de prononcer la célèbre définition : "Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" (Jean 14, 6). C'est donc tout d'abord à Thomas que cette révélation est faite, mais elle vaut pour nous tous et pour tous les temps. Chaque fois que nous entendons ou que nous lisons ces mots, nous pouvons nous placer en pensée aux côtés de Thomas et imaginer que le Seigneur nous parle à nous aussi, comme Il lui parla. Dans le même temps, sa question nous confère à nous aussi le droit, pour ainsi dire, de demander des explications à Jésus. Souvent, nous ne le comprenons pas. Ayons le courage de dire : je ne te comprends pas, Seigneur, écoute-moi, aide-moi à comprendre. De cette façon, avec cette franchise qui est la véritable façon de prier, de parler avec Jésus, nous exprimons la petitesse de notre capacité à comprendre et, dans le même temps, nous nous plaçons dans l'attitude confiante de celui qui attend la lumière et la force de celui qui est en mesure de les donner.

Très célèbre et même proverbiale est ensuite la scène de Thomas incrédule, qui eut lieu huit jours après Pâques. Dans un premier temps, il n'avait pas cru à l'apparition de Jésus en son absence et il avait dit:  "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté; non, je ne croirai pas!" (Jean 20, 25). Au fond, ces paroles laissent apparaître la conviction que Jésus est désormais reconnaissable non pas tant par son visage que par ses plaies. Thomas considère que les signes caractéristiques de l'identité de Jésus sont à présent surtout les plaies, dans lesquelles se révèle jusqu'à quel point Il nous a aimés. En cela, l'Apôtre ne se trompe pas. Comme nous le savons, huit jours après, Jésus réapparaît parmi ses disciples, et cette fois, Thomas est présent. Jésus l'interpelle : "Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté:  cesse d'être incrédule, sois croyant" (Jean 20, 27). Thomas réagit avec la plus splendide profession de foi de tout le Nouveau Testament : "Mon Seigneur et mon Dieu!" (Jean 20, 28). A ce propos, saint Augustin commente : Thomas "voyait et touchait l'homme, mais il confessait sa foi en Dieu, qu'il ne voyait ni ne touchait. Mais ce qu'il voyait et touchait le poussait à croire en ce que, jusqu'alors, il avait douté" (In Iohann. 121, 5). L'évangéliste poursuit par une dernière parole de Jésus à Thomas : "Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu" (Jean 20, 29). Cette phrase peut également être mise au présent:  "Heureux ceux qui croient sans avoir vu". Quoi qu'il en soit, Jésus annonce un principe fondamental pour les chrétiens qui viendront après Thomas, et donc pour nous tous. Il est intéressant d'observer qu'un autre Thomas, le grand théologien médiéval d'Aquin, rapproche de cette formule de béatitude celle apparemment opposée qui est rapportée par Luc : "Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez" (Lc 10, 23). Mais saint Thomas d'Aquin commente : "Celui qui croit sans voir mérite bien davantage que ceux qui croient en voyant (In Johann. XX lectio,VI  2566). En effet, la Lettre aux Hébreux, rappelant toute la série des anciens Patriarches bibliques, qui crurent en Dieu sans voir l'accomplissement de ses promesses, définit la foi comme "le moyen de posséder déjà ce qu'on espère, et de connaître des réalités qu'on ne voit pas" (11, 1). Le cas de l'Apôtre Thomas est important pour nous au moins pour trois raisons:  la première, parce qu'il nous réconforte dans nos incertitudes; la deuxième, parce qu'il nous démontre que chaque doute peut déboucher sur une issue lumineuse au-delà de toute incertitude; et, enfin, parce que les paroles qu'il adresse à Jésus nous rappellent le sens véritable de la foi mûre et nous encouragent à poursuivre, malgré les difficultés, sur notre chemin d'adhésion à sa personne.

Une dernière annotation sur Thomas est conservée dans le Quatrième Evangile, qui le présente comme le témoin du Ressuscité lors du moment qui suit la pêche miraculeuse sur le Lac de Tibériade (cf. Jean 21, 2). En cette occasion, il est même mentionné immédiatement après Simon-Pierre:  signe évident de la grande importance dont il jouissait au sein des premières communautés chrétiennes. En effet, c'est sous son nom que furent ensuite écrits les Actes et l'Evangile de Thomas, tous deux apocryphes, mais tout de même importants pour l'étude des origines chrétiennes. Rappelons enfin que, selon une antique tradition, Thomas évangélisa tout d'abord la Syrie et la Perse (c'est ce que réfère déjà Origène, rapporté par Eusèbe de Césarée, Hist. eccl. 3, 1), se rendit ensuite jusqu'en Inde occidentale (cf. Actes de Thomas 1-2 et 17sqq), d'où il atteignit également l'Inde méridionale. Nous terminons notre réflexion dans cette perspective missionnaire, en formant le voeu que l'exemple de Thomas corrobore toujours davantage notre foi en Jésus Christ, notre Seigneur et notre Dieu.

Saint Thomas, évangélisation,office, prières

(cf. Dom Guéranger, année liturgique)

En l'Office des Laudes, la voix de l'Eglise fait retentir aujourd'hui cet avis solennel (quand la fête est célébrée le 21 décembre)

« Nolite timere : quinta enim  die veniet ad vos Dominus noster ».

« Ne craignez point : notre Seigneur viendra à vous  dans cinq jours ».

Evangélisateur

Thomas Apôtre, appelé aussi Didyme, était de Galilée Après avoir reçu le Saint-Esprit, il alla prêcher l'Evangile en beaucoup de provinces. Il enseigna les préceptes de la foi et de la vie chrétienne aux Parthes, aux Mèdes, aux Perses, aux Hircaniens et aux Bactriens. Il se dirigea en dernier lieu vers les Indes, dont il instruisit les peuples dans la religion chrétienne. En ce pays, il se fit admirer de toute monde par la sainteté de sa vie et de sa doctrine et par l'éclat de ses miracles, et il alluma grandement l'amour de Jésus-Christ dans les cœurs. Le roi de la contrée s'enflamma de colère ; car il était zélé pour l'idolâtrie ; et le  saint Apôtre ayant été condamné à mort par ses ordres, fut percé de traits, à Calamine, et rehaussa l’honneur de son apostolat par la couronne du martyre.

Grand Antienne de Saint Thomas

O Thomas Didyme ! vous qui avez mérité de voir le Christ, nous faisons monter vers vous nos prières à haute voix ; secourez-nous dans notre misère ; afin que nous ne soyons pas condamnés avec les impies, en  l'avènement du Juge.

PRIONS.

Accordez-nous, Seigneur, nous vous en prions, de célébrer avec joie la solennité de votre bienheureux Apôtre Thomas; afin que nous soyons toujours assistés de sa protection, et que nous suivions avec le zèle convenable la Foi qu'il a professée. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

L'Oraison qui suit est tirée du Bréviaire gothique ou mozarabe, à l'Office des Matines.

Seigneur Jésus-Christ, qui avez placé sur la tête de votre Martyr Thomas l'Apôtre une couronne formée de cette pierre précieuse qui est le fondement solide, afin qu'ayant cru en vous il ne fût pas condamné, et qu'ayant donné pour vous sa vie, il fût honoré du diadème : établissez par son intercession, en nous vos serviteurs, une Foi véritable par laquelle nous croyions en vous , une confession pleine de zèle, par laquelle nous vous rendions témoignage, avec un dévouement empressé, devant les soyons pas confondus en présence de vous et  de vos Anges. Amen.

L'Eglise grecque traite avec sa solennité ordinaire la fête de saint Thomas ; mais c'est au six octobre qu'elle la célèbre. opici quelques strophes de l’hymne qui lest consacrée

Hymne de Saint Thomas (Tirée des Menées des Grecs)

Quand ta main toucha le côté du Seigneur, tu trouvas le comble de tous les  biens ; car ainsi qu'une éponge mystique, tu en exprimas de célestes liqueurs, tu y puisas la vie éternelle, bannissant toute ignorance dans les âmes, et faisant couler comme de source les dogmes divins de la connaissance de Dieu.

Par ton incrédulité et par ta foi tu as rendu stables ceux qui étaient dans la tentation, en proclamant le Dieu et Seigneur de toute créature, incarné pour nous sur cette terre, crucifié, soumis à la mort, percé de clous, et dont le côté fut ouvert par une lance, afin que nous y puisions la vie.

 Tu as fais resplendir la terre des Indiens d'un vif éclat, ô très saint Apôtre, contemplateur de la divinité ! Après avoir illuminé ces peuples et les avoir rendus enfants de la lumière et du jour, tu renversas les temples de leurs idoles par la vertu de l'Esprit-Saint, et tu les fis s'élever, ô très prudent, jusqu'à la charité de Dieu, pour la louange et la gloire de l'Eglise, ô bienheureux intercesseur de nos âmes !

O contemplateur des choses divines, tu fus la coupe mystique de la Sagesse du Christ ! ô Thomas Apôtre, en qui se réjouissent les âmes des fidèles ! Tu retiras les peuples de l'abime de l'ignorance avec les filets du divin Esprit : c'est pourquoi, tu as coulé, semblable à un fleuve de charité, répandant sur toute créature comme une source d'eau vive les enseignements divins. Percé aussi de la lance en ton propre côté, tu as imité la Passion du Christ, et tu as revêtu l'immortalité : supplie-le d'avoir pitié de nos âmes.

Glorieux Apôtre Thomas, vous qui avez amené au Christ un si grand nombre de nations infidèles, c'est à vous maintenant que s'adressent les âmes fidèles, pour que vous les introduisiez auprès de ce même Christ qui, dans cinq jours, se sera déjà manifesté à son Eglise. Pour mériter de paraître en sa divine présence, nous avons besoin, avant toutes choses, d'une lumière qui nous conduise jusqu'à lui. Cette lumière est  la  Foi : demandez pour nous la Foi.

Un jour, le Seigneur daigna condescendre à votre faiblesse, et vous rassurer dans le doute que vous éprouviez sur la vérité de sa Résurrection ; priez, afin qu'il daigne aussi soutenir notre faiblesse, et se faire sentir à notre cœur. Toutefois, ô saint Apôtre, ce  n'est pas une claire vision que nous demandons, mais la Foi simple et docile; car Celui qui vient aussi pour nous vous a dit en se montrant à vous : Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui cependant ont cru !

Nous voulons être du nombre de ceux-là. Obtenez-nous donc cette Foi qui est du cœur et de la volonté, afin qu'en présence du divin Enfant enveloppé de langes et couché dans la crèche, nous puissions nous écrier aussi : Mon Seigneur et mon Dieu ! Priez, ô saint Apôtre, pour ces nations que vous avez évangélisées, et qui sont retombées dans les ombres de la mort. Que le jour vienne bientôt où le Soleil de justice luira une seconde fois pour elles. Bénissez les efforts des hommes apostoliques qui consacrent leurs sueurs et leur sang à l'œuvre des Missions ; obtenez que les jours de ténèbres soient abrégés,, et que les régions arrosées de votre sang voient enfin commencer le règne du Dieu que vous leur avez annoncé et que nous attendons.

Amen


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