Magazine Journal intime

De la voix narrative

Publié le 10 juillet 2010 par Claudel
De la voix narrative
« Elle avait besoin de pleurer. Elle ne savait pas pourquoi. Elle avait trop de bonnes raisons. Celle-là ferait l’affaire. Elle chercha des yeux un torchon, s’en empara et l’appliqua en garrot sur la blessure. Je vais devenir fontaine, fontaine de larmes, fontaine de sang, fontaine de soupirs, je vais me laisser mourir. »
Katherine Pancol, Les yeux jaunes des crocodiles,
Albin Michel, poche, page 11
Je ne veux pas écrire comme Katherine Pancol, je veux écrire comme moi. Mais, en ce qui concerne ce passage entre le « elle » et le « je », entre le narrateur et le personnage, je lui tire mon chapeau et là, pour cette glissade technique, c’est certain, je veux la copier, être comme elle, penser comme elle. Réussir ce tour de force d’avoir dans le même paragraphe deux voix narratives cohérentes, sans changer de ton, sans avoir le langage littéraire d’un côté et le langage parlé familier de l’autre. Ça coule. Me faudra-t-il, comme une patineuse de fantaisie, des années et des années d’exercices pour en venir à cette apparente facilité? Ce ne serait pas tant de le réussir pendant un paragraphe ou deux, mais de tenir pendant 300 pages. Et peu importe les personnages.
Est-ce que ça paraît que je reviens d’un atelier d’écriture? Il m’en faudrait plus d’un pour maîtriser cette fichue voix narrative.

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