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Inception, mon amour

Publié le 23 juillet 2010 par Le_bruit_et_la_harpie

Inception, mon amourC’est toujours bien plus classe de sortir du lot en faisant une critique négative DU film dont tout le monde parle en ce moment. J’ai le regret de vous annoncer que je ne peux définitivement pas joindre ma voix aux tentatives de dénigrement du film Inception. Non Messieurs Dames, j’assume totalement mon acte moutonesque (on le tente) dans cette affaire-là. Inception est grand, Inception est bon.

Christopher Nolan n’a rien laissé au hasard. Et tant mieux, me direz-vous, compte tenu de la complexité du sujet qu’il nous présente pendant 2 h 30.

Leonardo DiCaprio interprète Dom Cobb, un homme visiblement tiraillée par une horde de souvenirs lourds à porter, qui a la délicate tâche d’extraire les secrets de la tête des gens pendant leur sommeil. Jusqu’au jour où on lui demande exactement l’inverse : implanter une idée dans le cerveau d’une personne. L’inception.

Il s’agit de ne pas perdre le fil, de digérer immédiatement tous les éléments que l’on nous donne à analyser : l’histoire prend tellement de longueurs d’avance et garde un rythme si soutenu tout au long du film, que l’on serait facilement tenté de tout laisser tomber dès les dix premières minutes, en grommelant :

« Va-y, je comprends rien t’as vu, je me tire ».

Ce qui serait dommage, vu que cela ne représente que 5% de sa durée totale (j’ai décidé de me mettre aux pourcentages, ce blog ne planche pas assez sur les statistiques).

Cependant, sans nous prendre pour des débiles, Nolan réussit le pari assez incroyable de nous embarquer doucement dans le film, sans que l’on fronce les sourcils d’incompréhension à chaque nouvelle scène. Tout a été pensé avec soin. D’une main de maître, Nolan donne les aiguilles au spectateur, quand lui apporte le fil, pour que l’on tisse l’histoire sur les vérités énoncées. Tout s’emboîte finalement parfaitement, mais pour cela, il faut attendre la dernière seconde et garder cette stimulation mentale à son maximum.

Les réalisateurs n’en sont pas à leurs premiers balbutiements sur le sujet de la mémoire et des rêves, concepts intrinsèquement liés. Nolan nous servait déjà voilà dix ans un Memento extrêmement bien ficelé, où le sujet de la perte de mémoire immédiate semblait faire office de pure nouveauté. Il devenait alors évident que l’on avait trouvé là une belle niche, de la matière pour les esprits les plus créatifs et inventifs.

A peu près en même temps que ce lançait la vague des biopics, s’ensuivirent plusieurs long-métrages sur le sujet, comme l’Effet Papillon. Dans un autre registre, nous avons eu droit au très bon Gondry avec La Science des Rêves, trop biscornu à mon goût, mais surtout le parfait Eternal Sunshine of the Spotless mind, que je laisse trôner fièrement dans mon Top 5 depuis sa sortie. Mais je dois bien avouer que la compétition se corse considérablement avec l’entrée en jeu d’Inception.

Des regrets ? Il y en a certains, notamment dans le personnage interprété par Ellen Page qui n’est pas franchement crédible : une jeune femme si frêle et si incertaine face à un enjeu de cette taille surprend quelque peu, et la relation de complicité qu’elle entretient avec DiCaprio reste trop fébrile pour paraître juste.

Impressionnante maîtrise cinématographique, j’ai continué ma non-rébellion en applaudissant à la fin comme la plupart de la salle. Oh ça va, ça fait toujours du bien de voir que pour une fois, ce ne sont pas les émissions de merde que l’on nous sert à la pelle qui remporte les meilleurs audiences, mais plutôt un film propre, beau et intelligent.


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