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Dernière porte à gauche

Publié le 09 août 2010 par Mayday
Dernière porte à gauche
Commence à naitre entre eux cette tendresse affamée... Ce sentiment dense et aigu auquel ils n'arrivent pas à donner de nom et que certains appellent l'amour... Heureux sont-ils parce qu'ils habitent la même planète et que le même soleil éclaire leurs journées en dépit du décalage... Chaque matin, elle se lève de ses cendre pour galoper haletante à travers les immenses plaines de douceur fiévreuse qu'il lui prodigue ... Elle se laisse caresser par le souffle fébrile du vent exalté qui fait hérisser de délectation sa peau ... Esquive lascivement les tourbillons égarées qu'il peine vainement à retenir et qui, à chaque fois, inéluctablement, arrachent une planche de plus à la cabane de sa langueur... Elle feigne chercher un point culminant.. potentiellement fulminant.. un arbre qui surgit, pousse, s'érige, s'élance..pour elle .. et dont la sève bout, frissonne, frémit, fermente et s'apprête à jaillir.. .. Elle n'est pas pressée de retrouver cet arbre.. Pourtant l'évoquer électrise .. attise.. aiguise son ardeur.. Une ardeur qui pointe et se dresse insolemment .. Une ardeur qui se creuse, s'excave, s'approfondit, se contracte, se lâche, se crispe, se dilate, se resserre... une ardeur qui suinte.. perle .. exsude.. flue.. foisonne.. afflue... Et elle continue de galoper dans les plaines, tel l'antilope rebelle, découvrant chaque jour une nouvelle facette de lui.. de sa personnalité aux dimensions infinies .. Il lui offre un nouvel homme chaque jour... Et elle se délecte de le tromper chaque jour avec lui.. et savoure le plaisir exquisément pervers de la tromperie en usant de lui... Tout porte son nom.. tout résonne comme le son de sa voix et quand elle tente de le fuir en se réfugiant dans les bras de Morphée, il se trouve que son poignet est sous son oreille et que les tictacs de sa montre répètent inlassablement son nom.. seconde par seconde..... Et elle n'est pas "tombée" en amour pour lui.. Elle y est allée d'un pas ferme et déterminé, les yeux grand ouverts .. Elle n'est pas "tombée" en amour, elle s'y tient debout, bien droite et en pleine conscience... Un acte volontaire.. non pas un acte subi... La voila transperçant son âme murée, avec toute sa conscience ..ou toute sa folie.. Elle sait d'emblée dans quelle planète allumer le feu et quelle tempête dépêtrer de la boite de pandore... Elle le désire... et laisse se perdre ses frontières dans les siennes .. L'invoque.. et il répond présent.. Il l'explore, la sillonne, navigue entre ses reliefs, y largue ses amarres, s'y agrippe, tournoie autour de ses méandres, louvoie, s'y aventure, s'y noie, s'y déflagre tel le feu d'artifice... Et quand il part, elle tâte, béate, les empreintes de ses doigts et de ses lèvres sur sa peau et dans ses entrailles, comme un bandit évaluant son butin ... Et elle bénit, en secret, chaque corps qu'il a enlacé, chaque femme qu'il a aimé, chaque bouche qu'il a embrassée et chaque ventre qui a enfanté de lui et tout ce dont il rêve et tout ce qu'il oublie... Et chaque matin, elle se lève de ses cendres pour l'aimer... et au visage de la police - tous les gens sont de la police quand il s'agit de leur secret- elle crierait " Cet homme est mien et je suis sienne et nous nous retrouverons un jour, à la frontière du plaisir, tout en haut de l'escalier en colimaçon sans fin de l'espérance, au bout du couloir de nos maux, derrière la dernière porte.. à gauche..."
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