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Publié le 17 août 2010 par Saucrates

Réflexion trente-sept (17 août 2010)
La morale selon Arthur Schopenhauer (suite)
Avais-je tord lorsque j'écrivais que toute la réflexion sur la morale de Schopenhauer reposait sur sa croyance dans le caractère violent et égoïste de l'homme et de la nature, en la rapprochant de la vision qu'en avait donné Rousseau ? Arthur Schopenhauer a cherché dans son livre «Le fondement de la morale» à expliquer la morale. Et il se trouve que l'explication qu'il lui trouve finalement, après avoir démonté les précédentes explications des autres philosophes (et tout particulièrement celle de Kant) corrobore l'opinion précédemment avancée par Jean-Jacques Rousseau. En ce sens je n'avais pas tord.
Là où mon affirmation interroge par contre, c'est lorsque l'on découvre que le fondement trouvé par Schopenhauer à la morale est la «pitié», qu'il oppose à deux autres sentiments opposés, l'«égoïsme» (le fait de penser d'abord à soi quelque soit le tord causé aux autres) et la «méchanceté» (le fait de chercher à faire du mal aux autres quelque soit le tord que cela nous cause). Et surtout par le fait que selon lui ce sentiment de «pitié» est plus répandu que l'on ne pourrait penser.
Etre moral selon Schopenhauer, c'est donc agir pour le bien des autres en éprouvant de la «pitié» à leur égard, en se mettant à leur place et en se sentant concerné par ce qui leur arrive, en ressentant que eux et moi, c'est la même chose, que ce qui les touche me touche aussi. Jean Jacques Rousseau aurait avancé la même explication à la morale.
Trois caractères de base, «piti黫égoïsme» et «méchanceté», pour fonder l'étude de l'ensemble des actions des hommes, l'étude de la morale ... avec cette idée que l'homme «bon» selon Schopenhauer s'attend à recevoir des autres le même traitement qu'il leur accorde (pitié et bonté) tandis que l'homme «mauvais» (c'est-à-dire soit égoïste soit méchant) s'attend également le même genre de traitement des autres ...
Conclusion dérangeante parce que personnellement, je n'attends rien de positif de mes semblables, et en aucun cas de la bonté et de la pitié, si ce n'est des quelques personnes que je considère comme mes amis mais dont je ne serais pas certain (et dont je n'attendrais pas) de pouvoir compter sur eux le jour où j'aurais des problèmes ... Chose que l'on ne peut attendre que de ses parents (mais pas des miens) et que je ne m'obligerais, que je m'engagerais à fournir qu'à mes seuls enfants et à ma femme.
D'où cette idée dérangeante de considérer que je ne suis pas un homme «bon» selon Schopenhauer ni un homme «moral», mais un homme «mauvais». Moi qui me considérait jusqu'à présent comme obéissant à des règles morales relativement bien fondées et justes, comme un homme «moral».
Selon Schopenhauer, en donnant une base impérative à la morale en fonction de principe de devoir, de loi morale, Kant avait construit sa réflexion morale sur les fondements de la religion judaïque ou catholique, dont la valeur n'était que celle des préceptes de cette religion.
Toutefois, il me reste une interrogation (au-delà de la validité de la réflexion de Schopenhauer pour laquelle l'opinion de philosophes - comme Connaissance - pourrait être enrichissante mais qui peut vraisemblablement être interrogée et discutée) : fonder la morale sur la «pitié» (le fait d'être capable de confondre l'autre et soi-même pour que ce qui touche l'autre donne l'impression de toucher soi-même) ne revient-il pas à devoir interroger le fondement de la «pitié» ? La «pitié» peut-il être un élément de base indiscutable et ultime des comportements humains, qui ne nécessiterait aucune recherche sur son origine ou son fondement ?
Personnellement, malgré la beauté de la thèse de Schopenhauer, je reste attacher à une vision légaliste, chrétienne, judaïque de la morale, reposant sur une idée d'impératif kantien, sur une idée de devoir !

Saucratès


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