Magazine Journal intime

[extrait] mes prix littéraires, recueil de textes et discours de thomas bernhard

Publié le 20 août 2010 par Tilly
Dans la même année 1967,  Thomas Bernhard se voit décerner le prix d'État autrichien de littérature et le prix Anton-Widgans attribué par la fédération des industriels autrichiens (sic). Mais le discours assassin de Bernhard lors de la remise du prix d'Etat fait scandale, et la fédération des industriels décide d'annuler la cérémonie de remise de son prix qui devait se dérouler quelques semaines plus tard.

Vanité couronnée : or émaillé, cristal de roche - objet de l'exposition C'est la vie, vanités de Caravage à Damien Hirst, au musée Maillol, 2010 " Peu de temps après je m'étais retrouvé au Café Museum avec Gerhard Fritsch, qui jusque-là avait compté au nombre de mes amis, à la table même où Robert Musil avait coutume de s'installer, et je lui avais demandé s'il entendait, après cette ignominie de la part de la fédération des industriels, protester contre leurs façons de faire, démissionner du jury et mettre à disposition son fauteuil. Mais Fritsch n'avait l'intention ni de protester ni de démissionner du jury. Il avait trois femmes aux besoins desquelles il devait subvenir, m'expliquait-il, avec la ribambelle d'enfants qui allait avec, il ne pouvait donc se permettre de se livrer à cet acte de protestation qui à moi me paraissait évident, ni de démissionner du jury du prix Widgans, démarche qui me paraissait tout aussi évidente. Lui, le père d'enfants multiples et le soutien de trois femmes dispendieuses, m'accabla de jérémiades et me supplia de tenir compte de sa situation sur un ton qui me répugna profondément. Le pauvre homme, inconséquent, lamentable, pitoyable.  Peu après cette entrevue Fritsch s'est pendu à un crochet au-dessus de la porte d'entrée de son appartement, le gâchis qu'était sa vie avait fini par le dépasser et l'avait réduit à néant. "


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