Magazine Journal intime

Le fabuleux destin d'un nom qui réveille les passions

Publié le 02 septembre 2010 par Spicynico

S’il est une histoire qui passionne nos contemporains, c’est bien celle de Madame Bettencourt. Personnages occultes et s’enrichissant rapidement, hommes politiques et exécutants avides de pouvoir, femmes de chambre cachotières et majordomes traîtres, îles aux Seychelles et campagnes politiciennes, femme d’influence aux moyens financiers inépuisables et hommes croyant en leur étoile : sommes-nous dans une relecture modernisée d’Arsène Lupin ou de tel autre gentleman cambrioleur ? Assistons-nous à une comédie de boulevard qui pourrait s'intituler Gros sexes, gros sous et grosse légion d’honneur ?
Au delà de l’anecdote ou de la discussion de comptoir, il serait intéressant de dépasser la stricte narration factuelle et de s’interroger sur le phénomène auquel nous assistons bien souvent, il faut le dire, incrédules. Il suffit de lire les commentaires des internautes sur les sites de nos quotidiens nationaux pour se rendre compte à quel point cette affaire, car il est consensuel de la nommer ainsi, est paradoxale. De nombreux lecteurs s’indignent que l’on continue à les en embêter alors que leurs préoccupations sont ailleurs – et pourtant ils commentent un article qu’ils ont lu alors qu’ils auraient pu simplement l’ignorer, si l’ennui qu’ils disaient ressentir à l’énoncé du nom Bettencourt était aussi réel qu’ils voulaient le faire croire.
Car ils veulent se faire croire à eux-mêmes que cette histoire ne les concerne, ne les intéresse pas. L’analyse qui consisterait à dire que nous sommes face à un phénomène proche de celui suscité par la presse people (on n’achèterait jamais cette presse poubelle… mais on regarde volontiers les couvertures affichées chez les distributeurs de presse, mais on la lit en cachette chez le coiffeur, chez le médecin etc.) nous semble ignorer l’enjeu mis en mouvement dans l'enchaînement de rebondissements des révélations de la presse et des dénégations des intéressés.
Il est indéniable que le nom Bettencourt réveille un sentiment plus profond, un mélange d’admiration et de rejet.
Admiration pour une famille liée à l’histoire du vingtième siècle français, pour un nom associé politiquement (et à présent judiciairement) au plus haut niveau de l’Etat, admiration pour une réussite économique sans précédent, admiration pour une société fleuron de notre industrie et du CAC quarante, admiration aussi pour certains personnages ayant fréquenté nombre d’artistes et de grands de ce monde, admiration aussi pour l’argent déployé, les chiffres astronomiques, les possessions innombrables, le classement des plus grandes fortunes de ce pays etc. Chacun peut trouver sujet d’extase depuis le début du déballage des multiples rhizomes de cette affaire.
Mais rejet aussi fort aussi, peut être pour les mêmes raisons, et aussi pour les conséquences de celles-ci : utilisation frauduleuse des fonds, attrait immodéré du pouvoir et des distinctions qu’il génère, luxe sans limite dans une époque d'économies, manipulations visant à détourner une fortune ou le fisc… Et nous ne pouvons omettre le sentiment de jalousie ressenti à l’égard de la fortune, du pouvoir et des possessions, et des passe-droits que tout ceci encourage.
Parmi tous ces paradoxes, il en est cependant un que la justice de parviendra pas – probablement parce qu’elle ne le cherchera – à élucider : le paradoxe entre le destin personnel de Madame Bettencourt et celui de la maison de cosmétiques à laquelle son nom est définitivement attaché. Comment, en effet, alors que la recherche, chez L’Oréal, représente un budget gigantesque, comment a-t-elle pu vieillir aussi rapidement après sa libération ? Il est évident que la captivité a de fortes répercussions physiques et morales, mais tout de même, ces deux photos sont fort éloquentes !

Avant...

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... arès

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