Magazine Journal intime

Raconter une scène d'action

Publié le 02 septembre 2010 par Gborjay

Aujourd'hui, plein d'une saine commisération envers les pauvres de ce monde, ceux qui ne sont pas Lui, Gustave Borjay s'est décidé à confier, une nouvelle fois, son savoir en matière d'écriture. Le sujet de ce cours magistral portera spécialement sur la narration d'une scène d'action, question délicate, simple en apparence mais diabolique dans sa conception.

Le problème peut, par exemple, consister en un intitulé de ce genre : "Comment puis-je parvenir à raconter dans les détails comment mon héros va être pris en chasse par un impitoyable être malfaisant et réussir finalement à lui échapper ?" Comment ce simple pitch peut-il être développé en un long chapitre passionnant qui fera trembler d'extase l'aimable lecteur, bien des années encore après qu'il l'eut lu ?

S'il avait été paresseux, ce qu'à Dieu ne plaise, ou fumiste, mais personne n'accréditerait cette thèse, Gustave Borjay aurait pu s'en tirer par une simple et lâche pirouette en disant "Travailler est la clef !" ou encore "L'inspiration, le génie, tout cela est instinctif, ça ne s'apprend pas, il n'y a qu'à laisser la plume aller". Mais Gustave Borjay est Gustave Borjay, il en a l'immense privilège, et ses innombrables qualités, parmi lesquelles on pourrait retrouver la modestie, la pénétration d'esprit, la philanthropie et la pédagogie, s'opposent à de telles réponses lapidaires et cavalières.

Au contraire, l'illustre auteur va aller droit au but et donner généreusement les ingrédients à l'apprenti-écrivain avide de fourbir ses armes. Raconter une course-poursuite, c'est une tâche bien différente de montrer une course-poursuite à l'écran. Le récit minutieux des événements serait catastrophique : "Le héros regarde à droite puis à gauche. Il sort de sa poche la clef de la voiture, il l'insère dans la serrure, qui est enrayée. Il a l'air inquiet. Il continue, finalement il réussit, la porte s'ouvre, etc."

Au contraire, il faut mettre du relief. Dans un décor posé, qui si possible jouera un rôle, il faut mettre l'accent sur les sentiments du lecteur, sur les défis qui se posent, sur les effets d'attente et de spectaculaire, souligner les exploits lorsqu'ils arrivent, et par-dessus tout cela rajouter une ambiance, une atmosphère, qu'elle soit angoissante, floue ou romantique. Rien de moins, rien de plus.

"Notre héros était plongé dans le plus noir des pétrins. Il savait que la porte ne tiendrait pas longtemps et que le nain borgne, hideux et haineux qui en voulait depuis le début du roman à sa vie allait bientôt parvenir à forcer la sortie de la pièce où il s'était fait momentanément enfermer. Il eut encore le frisson en repensant à l'effroyable grimace du malandrin, et, la main tremblante, fouilla dans sa poche pour en sortir la clef de sa voiture. Le sort devait s'acharner, car il éprouva les pires difficultés à actionner ladite clef dans ladite serrure. Le temps passait avec rapidité, à tout moment l'horrible vilain de petite taille pouvait lui tomber dessus. Finalement, au moment précis où il entendit la foulée rapide et saccadée de ce dernier retentir, menaçante, la porte s'ouvrit."

Gustave Borjay vous salue.

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Si vous désirez apprendre la suite du récit ci-avant détaillé,
vous n'aurez pas d'autre choix que d'acheter
"Olive et Tom et le complot des footballers nains".



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