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Sièges déjectables

Publié le 03 septembre 2010 par Dalyna

Sièges déjectables

Il y a un an, les médias français se faisaient écho de la presse britannique en révélant les fameuses affaires de notes de frais. Des croquettes pour chiens aux confiseries en passant par d’exorbitants remboursements injustifiés (50 000 euros pour le secrétaire d’Etat au Trésor David Laws), en plus du scandale national, de nombreuses démissions suivirent. Une fois qu’ils avaient été pris la main dans le sac, c’était pour tous ces députés et ministres, la suite logique.

Chez nous aussi, parfois, la corruption, l’abus de pouvoir et autres combines politico-financières, ou du moins leurs révélations publiques, entrainent la démission de l’homme en poste. Souvenez-vous du Ministre de l’économie Hervé Gaymard, qui vivait avec ses huit enfants et son épouse dans un charmant 600 m2 et son loyer de 14 400 €/mois entièrement financé par l’Etat, tout en louant son appart parisien de 200 m2. En plus de rendre les clés et rembourser les loyers, il démissionnera dix jours après le scandale. Plus récemment, Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération et la francophonie, soupçonné d’avoir bénéficié d’un permis de construire illégal, préfère raccrocher. C’est encore le cas de Christian Blanc et ses fameux cigares sur le compte de l’Etat.

Bref, de scandales en scandales, quand on est pris en flagrant délit, en général les ministres ne tiennent pas longtemps face aux pressions médiatiques et politiques. Et puis depuis presque trois mois, il y en a un qui a décidé de défier tout le monde. Avant de partir en vacances, on en entendait parler, et à notre retour, on s’aperçoit non sans étonnement que non seulement, il est toujours en poste, mais en plus qu’il continue, tranquillement avec sa voix zen et son regard qui transpire l’innocence et presque l’ingénuité, de répondre aux journalistes. Cet homme, vous l’avez deviné, c’est Eric Woerth.

Sièges déjectables

On se demande alors s’il bénéficie des services d’un coach spécial en coulisses, vous savez une sorte de « Mickey » pour Rocky Balboa, qui lui demande de garder « l’œil ingénu » en toutes circonstances. On est parti en vacances en pleine affaire Bettencourt, et on en revient en pleine Légion d’honneur. La femme du Ministre gère la plus grosse fortune de France, il y a eu des lettres, des révélations, des perquisitions, des auditions… Mais le Ministre est toujours en poste, tranquillou. Pour seules explications, peuple français, nous aurons droit régulièrement à la lecture de communiqués annonçant que « Fillon réaffirme sa confiance à Eric Woerth », et tout à l’heure, le président Sarkozy en  fait de même. Une formule toute simple qui présente l’avantage de tasser la poussière sous le tapis. Quand la confiance prend le dessus sur les faits. Comme si nous attendions du président et du premier ministre d’aimer, de soutenir, de croire en la sincérité, voire d’éprouver une grande amitié à l’égard de son personnel. Du coup, on se dit que c’est vraiment dommage pour Gaymard et les autres : S’ils avaient su que tout était une question de confiance et de copinage, ils auraient penser à souper plus souvent chez leurs patrons les samedis soirs.

EDIT 14h47 : Sarkozy vient de déclarer que la remise en liberté du braqueur présumé du Casino d’Uriage-les-bains est « difficilement compréhensible ». Le président n’a pas trop confiance sur ce coup là je crois… Pourtant, c’est dingue, moi j’ai autant confiance en ce braqueur qu’en Woerth.




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