Magazine Journal intime

Star Academy Spéciale Grégory, Téléthon Ou Trash Tv?

Publié le 29 décembre 2007 par Mélina Loupia
"Mais maman, si tu vas à la réunion ce soir, tu vas rater la Star Ac'. -Bah, pas super grave, cette semaine, c'est consacré aux chanteurs morts et en plus, y a pas de nominations alors. -Ah, on pourra jouer à la Xbox papa? -Bah oué, m'en fous, je vais coder dans mon bureau. -Super! Allez, maman, à taleure. -... Bon, alors j'y vais." J'aurais dû m'attarder un peu plus sur l'ordre du jour ou débattre d'avantage sur le nombre de mailles d'une écharpe car quand je suis rentrée, l'émission n'était pas encore terminée. Je suis allée directement dans le bureau voir si Copilote avait survécu à la soirée, entre disputes puériles, coups francs et autres joies de l'encodage perturbé pour une virgule. "Tain, je me suis mis la Starac' en fond, c'est... -Emouvant? -Oué, à chialer, mais pas vraiment d'émotion. -Ok, je vais me finir sur la fin alors. -Après, j'ai un super DVD. -L'a intérêt à tenir ses promesses." 15 minutes. Juste un tout petit quart d'heure avant que la session ne se termine. Je n'ai rien loupé. Le final résume toute la soirée. Une collégiale à faire hurler tous les chiens du quartier. Les larmes trop contenues qui éclatent pile poil dans le champ de la caméra, dans le cas contraire, on fait passer les plus larmoyants au premier plan. L'animateur métamorphosé en poissonnier qui vend l'émotion à grands renforts de superlatifs criés en boucle tels que générosité, talent, don de soi, d'organes, de temps et surtout d'argent. Car oui, si le jour du Téléthon, la chaîne n'avait pas été partenaire de ses concurrentes pour la bonne cause, préférant élire Miss France célèbre bien avant d'être couronnée, c'est pour mieux faire cavalier seul quelques semaines plus tard, en haute saison des fêtes de fin d'année où la frénésie dépensière bat son plein. Mais attention, en toute simplicité et déontologie. S'agissait pas de téléphoner pour envoyer du pognon pour retaper le décor du studio. Ici, on parlait de noble, de grande cause. La mucoviscidose et le long combat mené contre elle par un jeune artiste avant sa mort. Il se trouve que le hasard ait voulu qu'il gagnât en 2004 le trophée de l'émission en cours. Il se trouve qu'il chantait comme un ange. Il se trouve qu'il nous est dicté de ne pas l'oublier, lui, sa maladie et ses chansons. Ni une ni deux, et afin de joindre l'utile à l'agréable, TF1 a joué les Samaritains et s'est porté garant du concept. Une poignée de chanteurs oubliés, une pincée de candidats évincés au chômage et embauchés en intérim pour la soirée, quelques autres en manque de promotion, une foule de spectateurs dopés à l'espoir de passer à la télé pour dire bonjour à maman ou " la starak c tro b1" en sms à Cindy, un numéro unique à composer pour promettre des dons et le tour est joué. En 2 heures de temps, plus de 6 millions d'Euros ont été envoyés. Inutile de dire que la part d'audience se chiffre probablement dans le même ordre de grandeur. Tout le monde a pleuré. Tout le monde a donné. Tout le monde a acheté. Tout le monde a regardé. Puis tout le monde est allé se coucher. Chacun s'est endormi la conscience tranquille. D'avoir regardé TF1 n'a pas été pour une fois, signe d'appartenir à la classe populaire en mal de sensations fortes, de trash et de téléréalité, ce soir, c'était pour la grande cause, tu penses. Quand j'ai rejoint Copilote au lit, comme chaque nuit, nous ne nous endormons jamais ni fâchés ni tristes. "Alors, qui c'est qu'est sorti du château ce soir? -Grégory." Et personne ne trouve ça indécent ni à classer dans la trash tv. De se servir encore et encore de la mort pour vendre.

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