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Selon que vous serez puissant ou misérable

Publié le 03 octobre 2010 par Maldoror

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Le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, par ailleurs ami d'enfance de Nicolas Sarkozy, serait intervenu en 2009 pour sauver la mise de son fils, qui avait été interpellé sur les Champs-Elysées pour état d'ivresse en scooter et insulte à agent. Le fils de Frédéric Péchenard aurait notamment insulté un gardien de la paix en ces termes : "tu fais qu'un métier de con, je vais te muter à la circulation".
Notez la touchante assimilation du fiston au métier de son père, qui se permet de dire à un gardien de la paix "JE" vais te muter.
Dans un rapport interne, un fonctionnaire de permanence cette nuit-là au commissariat déclare notamment : "J'ai reçu pour consigne de  Monsieur (nom masqué) de ne pas placer l'interpellé en GAV (garde à vue ndrl),  de ne pas aviser la permanence de nuit du Parquet, ne pas auditionner le mis en  cause (...) Monsieur Péchenard s'est déplacé dans nos locaux pour récupérer son fils". Le fonctionnaire ajoute que le directeur général a alors rencontré le gardien de la paix outragé seul à seul.
Quoi de choquant, me direz-vous ? C'est un papa qui évite à son fiston des ennuis, et qui a certainement du lui passer un joli savon après.
Oui. Mais ce qui est choquant, ce n'est pas que Mr Frédéric Péchenard soit (nous sommes toujours au conditionnel, Mr Péchenard ayant démenti  formellement ces informations) intervenu pour éviter des poursuites judiciaires à son fils. N'importe quel père aurait fait de même, en tous cas le mien l'aurait fait.
Ce qui est choquant, c'est la comparaison entre cette affaire et une autre, qui vient de se juger.
Nous sommes maintenant en janvier 2010. Un jeune homme de 19 ans est interpellé par des policiers, au volant de sa voiture. Il est ivre, et doit donc repartir à pieds.
En rentrant chez lui, en colère, il publie sur son mur facebook des propos injurieux envers les gendarmes du Faou, dans le finistère. Trois mois plus tard, les gendarmes découvrent "par hasard" les propos sur le profil facebook du jeune homme, et décident de porter plainte.
Le jugement a été rendu ce vendredi par le tribunal correctionnel de Brest : Trois mois fermes.

Pour le fils d'un puissant qui insulte un gardien de la paix : rien

Pour le fils d'un quidam qui insulte des gardiens de la paix : trois mois ferme.

Internet sans frontières, association militant pour la promotion de la liberté d'expression sur internet, s'est émue de la sévérité de cette condamnation.

Je les cite : "S'il n'est pas question de cautionner l'outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique qui est un délit en France, Internet sans Frontières remarque que la peine est d'une sévérité inédite. C'est ainsi la première fois en France qu'un individu est condamné à de la prison ferme pour ce type de faits. Alors que l'emprisonnement n'est que très exceptionnellement requis dans ces affaires (on l'estime à environ 20% selon les statistiques du Ministère de l'Intérieur), nous avons le sentiment que le juge a considéré la publication sur Facebook comme le facteur aggravant. Une amende assortie de l'obligation de faire disparaître les propos insultants de son profil Facebook eut été plus acceptable.
Que ce soit avec cette condamnation ou avec les débats parlementaires sur la loi Loppsi 2, l'actualité nous apporte quotidiennement des éléments inquiétants sur le climat malsain qui s'instaure en France autour de la pratique de l'Internet."

Climat malsain, abus de pouvoir, conflits d'intérêt, copinage. C'était quoi déjà, le combat d'Action Directe ? la lutte contre l’impérialisme capitaliste, les symboles de la puissance de l’État, le grand patronat et la défense du prolétariat, c'est ça ?

S'il n'est pas question de cautionner des attentats terroristes et des assassinats, force est de constater que ces messieurs ont bien repris leurs aises, leurs bonnes tables aux grands restaurants, leurs cigares et leurs putes de luxe, tandis qu'ils envoient sans frémir les enfants du peuple en prison.


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