Magazine Journal intime

États-unis, union, fédération.

Publié le 24 septembre 2010 par Didier T.
Hello.
C’est pas trop la grosse joie ici en ce moment, on dirait. Fatigues, absences... le ressac. Les ombres s’échinent à nous chercher des noises, comme dit notre Bob Dylan à nous. J’ai une petite procédure perso quand je me retrouve le moral en sucette à cause des sournoiseries de l’existence, je le dis à toutes fins utiles. Cinq chansons de Lavilliers à cul (QHS, 15è round, Eldorado, L’été, If) avec cinq généreux godets de tequila et cinq clopes préroulées. Ensuite je me tire un bon coup le pilichinelle en repensant à des ancienneries de bon aloi. Et pour conclure, une ou deux heures à roupiller à l’heure où ‘qui n’avance pas recule, comme dit monsieur Dupneu’. En général, ça marche, je rigole devant le café du réveil en tendant le doigt vers le ciel, bien droit dans mes charentaises, m’auront pas vivant qui qu’ils soient. Essayez une fois, vous verrez bien.
Les temps sont durs, oui. “Volutes partent en fumée”.
Je repasse plus tôt que prévu pour vous poser un article lu dans Libé mercredi dernier. Je l’ai lu au moins six fois en me disant “enfin!”. Si seulement je pouvais voir ça de mon vivant, bondieu, la fin d’une monstrueuse parenthèse qui n’aurait jamais dû exister, étape nécessaire vers les États-Unis du monde. C’est pas fait mais... on commence à en causer et j'ai encore du temps. Mmmhhh.
Et puis après je vous mets en contrepoint le truc qu’on lira à mon enterrement (c’est marqué sur mon testament, les héritiers seront obligés, en cas de non-respect je lègue un tiers à Le Pen, un tiers à Mélenchon et un tiers à Tariq Ramadan).
Atchao, compagnerosses. Carpe diem, malgré tout. Courage, une fille.

La Russie demande sa main à l’Europe
Par BERNARD GUETTA



Une étape après l’autre, obstinément, méthodiquement, la Russie courtise l’Europe au point de lui avoir, maintenant, proposé le mariage, une «alliance», dit-elle, en bonne et due forme. Discrètes, ses premières avancent remontent à la campagne présidentielle de Dmitri Medvedev dont le thème dominant avait été que son pays était l’une des trois composantes de la «civilisation européenne», aux côtés des Etats-Unis et de l’Union européenne. Il avait, ensuite, creusé le sillon en martelant, à chaque discours, que la Russie devait combler son retard technologique, combattre sa corruption, marcher vers l’Etat de droit, s’européaniser, en un mot.
Le problème est que, pour séduire l’Union européenne, Moscou devait, d’abord, vaincre l’hostilité de la Pologne qui, rayée de la carte par la Russie au XIXe siècle et intégrée de force au bloc soviétique après-guerre, avait toutes les raisons de se méfier d’un voisin qui lui a fait tant de mal. C’est Vladimir Poutine, devenu Premier ministre, qui s’en était chargé en invitant, en avril dernier, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, à une commémoration commune du massacre de Katyn. Par ce geste, la Russie reconnaissait définitivement que c’était bien elle qui avait procédé, en 1940, à l’assassinat de plus de 20 000 officiers polonais dans cette forêt des environs de Smolensk. Elle demandait pardon de ce crime où se mêlent la négation de la Pologne par l’empire russe et son asservissement par l’URSS. Elle disait que c’était bien ses deux têtes actuelles et non pas seulement la plus avenante d’entre elles, Dmitri Medvedev, qui voulaient ouvrir une nouvelle page avec Varsovie et elle y est parvenue.
Entre la Pologne et la Russie, les relations ne cessent plus, depuis, de se détendre. Il n’y a plus de veto polonais à une coopération entre l’Union européenne et la Fédération de Russie, à une négociation de ce tournant majeur des relations internationales que le rapport Karaganov vient d’appeler de ses vœux.
Massif et tout sourire, parfaitemant anglophone et très lié aux plus influents des diplomates, journalistes et universitaires européens et américains, Sergueï Karaganov est l’intellectuel de la diplomatie russe. Président du Conseil de politique étrangère et de défense, il a publié la semaine dernière, avec quatre autres figures de l’aristocratie politique moscovite, un long manifeste appelant à la constitution d’une «alliance de l’Europe». La Russie joue, désormais, cartes sur table. Elle a formulé son offre, fait sa demande en mariage, et son idée maîtresse est que la Fédération et l’Union pourraient et devraient enrayer leurs déclins relatifs en unissant leurs forces dans l’organisation du continent Europe autour de leur alliance.
Cette proposition est tellement ambitieuse et brûle tant les étapes qu’elle rappelle trop les tentatives soviétiques de «découplage» des Etats-Unis et de l’Europe. Elle peut, donc, inquiéter mais ce parfum d’antan ne devrait pas faire oublier que la Russie contemporaine n’a plus peur de l’Amérique mais de l’affirmation de la Chine et des bouillonnements du monde islamique, que c’est à l’ensemble de l’Occident qu’elle voudrait s’arrimer pour les parer et que l’état de son économie le lui commande.
Tant que la Russie restera le contraire d’une démocratie, l’Union européenne ne peut pas envisager de s’allier à elle mais il est vrai que leur intérêt commun serait de développer un partenariat économique qui pourrait être porteur d’évolutions politiques prometteuses.
La Fédération a les matières premières dont l’Union manque et l’Union, la technologie dont la Russie a besoin. Entre elles, il n’y a pas de compétition mais une complémentarité dont l’organisation devrait et pourrait être fondée sur des règles commerciales et un droit des affaires qui marqueraient un pas dans l’établissement d’un état de droit en Russie.
Non seulement un tel partenariat renforcerait vite les économies de l’Union et de la Fédération, des deux piliers du continent, non seulement il donnerait la main aux deux forces russes qui aspirent à une évolution démocratique, aux milieux d’affaires et aux classes moyennes, mais il obligerait, aussi, l’Union à resserrer ses rangs.
Face au défi d’une négociation d’ampleur avec la Russie, les Vingt-Sept seraient contraints d’accélérer l’harmonisation de leurs politiques économiques et de leurs diplomaties et trouveraient, là, le nouvel horizon vers lequel concentrer et mobiliser leurs forces. En quête de l’ambition nouvelle qui la sortirait de son malaise et ressouderait ses rangs, l’Union se donnerait l’occasion d’un rebond en prenant aux mots la Russie, en tentant, avec elle, de construire, enrichir et stabiliser l’Europe, leur continent commun.
http://www.liberation.fr/monde/01012291587-la-russie-demande-sa-main-a-l-europe
# 19 — LES ÉTATS-UNIS D’EUROPE
Imaginons qu’un chancelier du IIè Reich allemand, prenons le plus célèbre, Otto von Bismarck (1815-1898), et un président du Conseil de la IIIè République française, prenons le plus célèbre, Léon Gambetta (1838-1882), soient téléportés de leur XIXè siècle vers le Parlement européen, où en ce moment même —leur indique-t-on pour tout viatique— des députés allemands et français débattent sur l’approfondissement de la défense continentale.
Imaginons nos deux barbus à vapeur en train de regarder le spectacle de ces centaines de parlementaires qui parlementent bêtement au lieu de s’occuper d’affaires sérieuses, genre voter les crédits pour récupérer l’Alsace et la Lorraine.
Imaginons-les, ces deux vieux du Muppet Show, essayer de comprendre ce qui se tambouille dans le coin.
Imaginez leur tronche à Otto et Léon quand ils se rendraient compte que ce même débat sur la défense est aussi tenu par des anglais, des espagnols, des finlandais, des grecs, des polonais, des autrichiens, des hongrois, des slovaques, des portugais, des irlandais, des lettons, des tchèques, des maltais, des italiens, des roumains, des estoniens, des chypriotes, des belges, des hollandais, des bulgares, des danois, des lithuaniens, des slovènes, des luxembourgeois, des suédois... bref, dans leurs têtes d’Otto & Léon, que des gros paysans à moitié sauvages qui passent leur temps à se sodomiser les uns les autres, quand c’est pas à dépuceler la p’tite dernière pour fêter l’équinoxe de printemps.
Imaginez l’apoplexie des deux ennemis hériditaires venant de s’apercevoir qu’une bonne partie de tout ce monde qui papote, c’est des gonzesses.... sans compter les youpins qui sont partout, évidemment... et même que dans l’assemblée ils distinguent des biques et des nègues, voire des arménouches, bondieu —un cauchemar à s’arracher la bite pour l’un et l’autre de ces Grands Hommes, assurément.
— “Diantre! T’as vu, Otto, y’a même des faces de citron!”
— “Oui, Léon. Schweinhund! Et tu crois que tous ces métèques votent à la fin?”
— “C’est à craindre, Otto. Quelle horreur... La civilisation est foutue...”
Nul doute que nos deux fossiles opposés sortiraient bien sonnés du Parlement européen, se découvrant sans doute des tas de points communs, finalement, de grandes affinités, voire de l’affection, avant d’aller se faire achever à la cafète quand ils réaliseraient que les eurodéputés Jean Dupont et Fritz Müller utilisent les mêmes pièces de monnaie pour prendre un kawa plus ou moins équitable.
Il ne fait aucun doute, mais alors aucun, que le choc subi par ces pauvres Bismarck et Gambetta serait d’intensité comparable pour toi ou moi si nous étions téléportés de notre début de XXIè siècle bien enfumé vers le Parlement fédéral des États-Unis d’Europe.
***Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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