Magazine Journal intime

Samedi à Saint-Ursanne

Publié le 04 octobre 2010 par Alainlecomte

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Là-haut, dans le coin gauche d’une petite Suisse aux confins du Doubs, un réseau de routes comme il s’en déploie sur tout le territoire betonné d’un pays qui ne manque pas de granit, mais à un endroit où le calcaire domine, Jura ayant conquis son indépendance en 1976 seulement, mais pour y gagner quoi ? La petite rivière transparente qui passe sous le pont à quatre arches gardé par la statue de Saint Jean Népomucène, le patron des ponts - il en faut bien un, aussi -. Tout respire la tranquillité, l’éloignement de tout tumulte, comme si l’on avait tout oublié depuis longtemps, des guerres et des affrontements, une petite ville endormie, je vous dis, et qui garde ses protections, ses remparts, son abbaye, son cloître, oui, son cloître avec les fantômes des vieux moines - dont Saint Ursanne lui-même - entrés ici sous la plus dure et plus austère des lois, celle de l’ordre fondé par Saint Colomban, que de saints pour une si petite ville, ordre qui voulait que l’on soit battu de cent coups de verge pour un mot prononcé, une initiative personnelle, et la mort pour avoir parlé à une femme. Saint-Ursanne aujourd’hui un bourg d’antiquaires et de galeries d’art, halte de loisirs pour des citadins bâlois venus en voisins ou des touristes américains non encore prévenus des menaces d’Al Quaida - qui pourrait bien frapper cette tour, ce clocher, ou empoisonner l’eau limpide des truites, que le soir, au restaurant du Bœuf, on pourra manger « au bleu » selon la tradition d’ici. C’est à Saint Ursanne que l’on vernissait ce samedi l’exposition des sculptures de ma belle-sœur, M. en même temps que les toiles à l’acrylique d’un ami à elle. Liberté des formes et des surfaces. M. travaille la pierre ollaire, une pierre à la fois tendre et dure que l’on trouve encore dans les lits des torrents valaisans, et elle excelle à la faire vibrer, en rapprochant de façon infinitésimale deux moitiés qui se font face, s’enlassent ou bien s’aiguisent l’une l’autre comme les bords d’un diapason. Lui étale des couleurs en des abstractions qui scintillent comme des étendues aqueuses reflétant le ciel. Il y a parfois comme du Turner, ou comme… du Monet, le peintre en vogue du moment, dans ces nymphéas sans formes où la nature se dilue.

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