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Mylène Farmer, Oui mais non

Publié le 20 octobre 2010 par Cameron

Il paraît que Mylène Farmer va sortir un nouvel album. L’information n’a d’intérêt que pour ses fans (ils sont nombreux, à ce qu’on dit), mais puisque j’en fais partie, hé bien, j’en parle. Comme beaucoup, j’ai découvert Mylène Farmer à la période  Désenchantée. Passée au travers des Libertine et autres succès, tous sortis alors que je ne vivais pas en France, j’ai donc pris de plein fouet ce qui reste LE tube de Mylène Farmer.

Or, Mylène Farmer, c’est a priori tout ce que je déteste : des chorégraphies mécaniques, des sons très travaillés qui ne laissent aucune place à l’authenticité mais au contraire font la part belle aux manipulations vocales, des costumes et des mises en scène extravagants dans le meilleur des cas, ridicules dans le pire. Et pourtant, je suis fan. D’une certaine manière, je pense, je suis fan par la grâce de la méconnaissance, et de la rareté. Fan aussi des thèmes privilégiés du tandem Farmer – Boutonnat, ceux que tout le monde identifie, l’amour, la mort, le sexe, l’habillage religieux. Une Madonna à la française, comme on l’a dit. Il est courant de railler l’entreprise Farmer, la manière dont elle organise la rareté autour de ses apparitions et le mystère pour chaque nouvelle sortie d’album. La dénonciation se fait souvent sur le thème de l’escroquerie, d’un traitement exclusivement financier de la relation au public. Pourtant, on n’affiche pas une telle attitude pendant plus de 25 ans sans que cette attitude ne repose sur des traits de caractère. La chanteuse organiserait le mystère et l’attente autour de ses spectacles comme de ses disques ? Bien, parfait pour moi ! D’abord, c’est reposant, une artiste qui ne passe pas son temps à faire de la promotion. Ensuite, quitte à être esclave de stratégies marketing, je préfère que ce soit celle de la principale intéressée que celle des maisons de disques qui s’impose à moi. L’idée que M. Farmer se passe de toute publicité traditionnelle pour vendre ses disques est plutôt pour moi un point positif. Alors, bien sûr, on peut assimiler l’absence au calcul, voir en elle une ambitieuse mâtinée d’une obsédée du contrôle. Probablement y a-t-il un fond de vérité dans toutes ces appréciations. Cela dit, je n’assimile pas l’ambition à un défaut rédhibitoire, je n’ai rien contre le contrôle, et je suis en fait presque heureuse de ne rien savoir sur la femme Mylène Farmer. Ce sont ses chansons qui me plaisent, et d’abord le refus d’engagement qu’on y ressent. J’aime l’univers qu’elle présente, indéniablement cohérent, avec des textes dont la plupart du temps nous pouvons extrapoler ce que nous voulons, mais qui trouvent souvent leurs sources parmi quelques (très) grandes références. Comme on dit dans ma famille, elle a de saines lectures. J’aime aussi son filet de voix, oui, vraiment, et le parti qu’elle en tire, et même le fait qu’il n’y a guère qu’elle qui puisse chanter ses propres  chansons et en faire quelque chose. J’aime la présence / absence perceptible dans la plupart de ses grands titres, ce libellé adressé à on ne sait qui, cette façon de décrire un sentiment par l’apostrophe d’un destinataire invisible, peut-être inexistant. J’y trouve un écho, une profondeur, que les critiques ne lui accordent pas ; il m’arrive de penser que je me fais avoir, que si j’aime tellement California, c’est simplement parce que la chanson est « planante » au sens propre, que Désenchantée, c’était mon adolescence, que Si j’avais au moins me touche à cause du clip, et que si je suis une fan absolue de Dans les rues de Londres, c’est parce que je suis une fan absolue de Virginia Woolf. Peut-être. Peut-être pas. Car au bout du compte, pour chacun des albums de Mylène Farmer, l’émotion m’a gagnée sur un titre ou un autre. Et il y a toujours eu une chanson qui continue de m’accompagner.

Tout ça pour dire que je suis ravie d’apprendre qu’elle va sortir un nouvel album. Que comme des centaines de fans, je suis allée écouter le 1er single dudit album, Oui, mais non, et que ma réaction immédiate a été : je n’aime pas, mais c’est une bombe. Et qu’il y a de très fortes chances qu’une fois de plus, j’achète malgré tout cet album, certaine d’y trouver au moins une chanson qui me touchera. Quelque chose me dit que Mylène Farmer ne tardera pas à arrêter au moins la scène. J'espère avoir l'occasion, avant, d'aller constater par moi-même à quel point ses concerts sont tout ce qu'à priori je déteste, et que pourtant j'adorerai ce jour-là.


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