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Dietrich Bonhoeffer: un christianisme sans religion

Publié le 24 octobre 2010 par Perceval

Dietrich Bonhoeffer, est un véritable 'témoin' du Christ, par ce qu'il a - au risque de sa vie - qu'il a donnée - refusé toute compromission. Il affirme ne pas pouvoir appartenir à une Eglise qui accepte l'exclusion des juifs de la cité.   Dietrich Bonhoeffer

Ce témoin du Christ, à l'écoute des 'non-croyants', en appelle à l'humanité de chacun, pour parler de Dieu sans religion.


En prison, Bonhoeffer développe sa théologie du monde qui vient.... Comment être chrétien dans un monde devenu adulte ? Comment vivre sa foi dans un monde sans religion ?

"Je voudrais arriver, dit-il, à ce que Dieu ne soit pas introduit en fraude par un biais habilement dissimulé, mais qu’on reconnaisse simplement le caractère adulte du monde et de l’homme ; qu’on "n’éreinte" pas l’homme dans sa laïcité, mais qu’on le confronte avec Dieu par son côté fort" (Lettre du 8 juillet 1944).

Dans ce monde devenu majeur, il faut, dit-il, renoncer à un “Dieu bouche-trou” et à une foi qui se nourrit de la faiblesse et des limites de l’homme.  

"Les gens religieux, dit-il, parlent de Dieu quand les connaissances humaines se heurtent à leurs limites ou quand les forces humaines font défaut - c’est au fond toujours un “deus ex machina” qu’ils font apparaître...". Et d’ajouter : "J’aimerais parler de Dieu, non aux limites mais au centre, non dans la faiblesse mais dans la force, non à propos de la mort et de la faute, mais dans la vie et la bonté de l’homme" (Lettre du 5 mai 1944).

Bonhoeffer plaide pour un christianisme non religieux où le chrétien - être chrétien, c’est être homme - est appelé à vivre “laïquement” en se libérant "de toutes les fausses attaches et des obstacles d’ordre religieux". Autrement dit, à vivre dans le monde "en tant qu’homme qui parvienne à vivre sans Dieu". Bref, à devenir humain au sens plein du terme.

On perçoit la fécondité d’une telle pensée et aussi son actualité pour aujourd’hui - pensée en consonance avec l’humanisme laïque mais en rupture avec un certain christianisme religieux dominant.

Cette idée de réalité est développée par ailleurs dans l'Ethique, dans des termes très proches de ceux des lettres de prison:

Esprit réenchanter le monde
"L'affirmation que Dieu lui-même est la réalité suprême n'est pas une idée destinée à sublimer le monde, ni le revêtement religieux d'une vision profane du monde (...). Le principe de l'éthique chrétienne n'est ni la réalité du moi ni celle du monde, pas plus que celle des normes et des valeurs, mais la réalité de Dieu dans sa révélation en Jésus-Christ (...). Il s'agit donc d'avoir part aujourd'hui en Jésus-Christ à la réalité de Dieu et du monde, de telle manière que je n'éprouve jamais la réalité de Dieu sans celle du monde et vice versa ."

"Comment le christ peut-il devenir aussi le Seigneur des non-religieux ? Comment parler de Dieu sans la religion ? Un jour viendra où des hommes seront appelés de nouveau à prononcer la Parole de Dieu de telle façon que le monde sera transformé et renouvelé. Ce sera un langage nouveau, peut-être tout à fait non religieux, mais libérateur et rédempteur, comme celui du Christ ; les hommes en seront épouvantés et, néanmoins, vaincus par son pouvoir ; ce sera le langage d'une justice et d'une vérité nouvelles, qui annoncera la réconciliation de Dieu avec les hommes et l'approche de son royaume..."

Dietrich Bonhoeffer


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