Magazine Journal intime

Jour 15

Publié le 25 octobre 2010 par Miimii
Jour 15
Je n’ai pas écrit depuis quelques jours, je suis contente de voir que certains ont attendu la suite.
Quand je suis allée rejoindre ma famille à la clinique, c’était sans savoir ce qui m’y attendait. Mon père avait été emmené aux urgences par quelqu’un avec qui il était en soirée, et qui l’a déposé en clinique et s’en est allé.

Encore une énigme à résoudre plus tard, mais depuis le temps... y a plus vraiment de questions à se poser à part « où se trouve la garçonnière de Papa. »

Ma mère était là, les médecins n’ont toujours rien dit, il a eu un malaise cardiaque, probablement causé par un accident vasculaire cérébral ou l’inverse, je n’ai pas bien compris.

Tout ce que je vois, c’est ma mère, assise, perturbée, fatiguée... Elle ne dit rien. Je ne saurais traduire son émotion.

Ma sœur est là aussi, couchée sur l’un de mes frères puisque l’autre est en route depuis Sousse.

Nous ne nous disons rien. Sauf Maman qui soupire et qui dit : « Finalement dans une urgence, on se retrouve comme tout le monde, assis dans une salle d’attente, dans l’attente de l’apparition du médecin «.

Son problème a toujours été de ne pas être comme tout le monde, et pas du matin... Il est à peine 7h quand on commence à voir ses pattes d’oies, et qu’elle baille à cause du manque de sommeil. « A 8h, j’appelle les médecins que je connais, on le transférera ailleurs, ça n’a pas l’air sérieux ici »

Je ne sais pas comment je me sens pendant tout ce temps, euphorique, sur une autre planète, je n’ai rien pris pourtant, pas de calmant, pas de sédatifs... je sentais à peine les extrémités de mon corps. Je ne pensais même pas à mon père, ni à ce qui a bien pu lui arriver... à rien je vous dis....

Il est réa, en observation, on attend le médecin, mon frère est arrivé... et quelques personnes ont commencé à téléphoner, les proches « amis » de mes parents, qui ont été informés par sms.

J’ai vécu ce moment comme un amas d’actions/réactions saccadées que mon cerveau avait du mal à gérer.

Des heures ce sont écoulées, ma mère a été entraînée par le médecin pour aller voir mon père, peut être qu’elle ni serait pas allée, si on lui avait donné le choix.

J’essaie de la suivre, mais on ne me laisse pas avancer très loin. Je l’attends devant la porte, elle revient une dizaine de minute plus tard, blême. En revenant vers la salle d’attente, elle me dit qu’il a eu un accident vasculaire cérébral, qu’il n’est pas mort mais qu’on ne peut pas évaluer son état pour le moment. En arrivant, elle ajoute, il va falloir prendre une chambre, ici je crois.

Je suis muette, et je vois D. assis dans la salle d’attente, Il me regarde, j’ai les yeux embués, je croyais que j’hallucinais. Mes frères se ruent sur nous, pendant que Maman réexplique, on échange un long regard, il entend ce que ma mère raconte, pendant que je me demande ce qu’il fait là, comment il a fait pour me trouver.

Ma petite sœur est en larmes, et ma mère est ahurie, mes frères silencieux, et moi je cherche mon courage dans les yeux de D. On nous dit que pour le moment il n’y a rien à faire, qu’il faut patienter, et que nous devrions rentrer nous reposer et revenir dans quelques heures.

Mon grand frère décide de rester et d’attendre que quelqu’un revienne,

Je rentre chez moi, D. me rejoint, il a acheté des croissants, m’a fait un café, et est là, silencieux,... tout comme moi.

Il passe la journée à mes côtés, me prenant dans ses bras, quand il sent que j’ai besoin d’affection. Je n’ai pas parlé de la journée et même quand je suis retournée à la clinique, il est sorti en même temps que moi, et est resté dehors pour attendre mon sms. Je ne ressentais toujours rien. Sauf de la colère quand je suis entrée à la clinique et que j’ai constaté que ma mère était allée chez le coiffeur entre temps, elle n’avait aucune info sur l’état de mon père.

J’ai décidé de prendre les choses en main, et de poser des questions par moi-même. Ce que j’en ai conclu c’est que sa vie, ne risque plus rien, mais qu’il risque d’être diminué, aisance à parler, à bouger et qu’il faudra prendre soin de son cœur et surveiller sa santé de plus près. J’ai pu entrer le voir quelques minutes ce soir là, il ne parlait pas et me regardait en me disant, « qu’est ce qui m’est arrivé ». Le médecin m’a dit de lui parlé alors, je lui ai juste dit que ça irait. J’ai été torturée de le voir comme ça, si faible et si diminué, couché, et attaché à des machines dans une pièce quasiment noire.

Je suis rentrée chez moi et heureusement je n’étais pas seule. Je n’ai pas pu manger une seule fois ou boire sans penser à mon Papa, j’appelais mes frères pour avoir des nouvelles toutes les heures, et pendant les jours qui ont suivi j’ai essayé d’y aller aussi souvent que possible, et de tout faire pour passer du temps avec lui. Il sera de retour à la maison dans quelques jours et d’ici quelques semaines, il va commencer la rééducation. Comme un robot, je n’ai pas pu extérioriser mes émotions pendant tous ces jours et toutes ces nuits, mon père est hors de danger, il est sain et sauf, mais anéantie par le fait d’être si diminué. Il ne peut pas vraiment parler, ni bouger son bras gauche. Ma mère excelle dans l’art de recevoir des visites, autant à ma clinique qu’à la maison, elle feint merveilleusement la femme inquiète, mais en réalité elle a ce regard inquisiteur et méchant quand elle s’adresse à mon père, qui sent que ça va être sa vendetta.

Quant à moi, je n’ai prévenu personne et même toutes les personnes qui ont essayé de me contacter, ont du m’envoyer des sms, je ne répondais pas. Si je n’étais pas près de Papa, j’étais au bureau, j’y étais même dimanche. Et je répondais un bref, « ca va » à toute interrogation.Je retrouve en moi, l’habituelle pudeur de mon père J’avais peur d’éclater si je m’ouvrais un peu aux confessions. Même D., j’ai dormi dans ses bras le premier soir parce que je ne voulais pas rester seule, mais à partir de ce soir là, j’ai préféré lui dire de respecter ma volonté d’être seule. J’ai passé bcp de temps avec mes frères et ma sœur, c’est auprès d’eux que j’ai trouvé du réconfort, celui de la peur pour mon père, mais aussi de la désolation de faire partie d’une famille aussi bizarre. Mon père va mieux... Est-ce que je peux lâcher mes émotions maintenant ?


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