Magazine Journal intime

Contre la réforme des retraites

Publié le 11 novembre 2010 par Gborjay

Sans doute ne l'avez-vous pas vu dans les rues lors des récentes manifestations, puisque, à l'instar des plus grands hommes, il se situe dans un spectre de couleur imperceptible à l'oeil du commun des mortels, mais Gustave Borjay était bel et bien présent pour protester contre la réforme des retraites. Vous ne manquerez pas d'admirer cette attitude, car, si vous y réfléchissez, vous ne savez que trop que les purs et éthérés esprits sont le plus souvent si détaché de la contingence du réel qu'ils ne peuvent éprouver la moindre velléité de s'y engager.

Gustave Borjay, lui, l'a fait ! Il s'est souvenu que l'Homme est son plus proche ami, il s'est souvenu de ses origines mortelles, il a repensé à ses aïeux, et il est sorti, superbe et ténébreux, nimbé de lumière et provocant de séduction, dans les rues, rejoindre ses congénères.

Gustave Borjay, à l'aube, après une nuit entière, enfiévrée et légendaire, passée à combattre les Muses afin de mieux leur soutirer leurs secrets d'écriture, ouvrit un journal, et découvrit le projet de la classe dirigeante de faire passer la retraite à soixante-deux ans. Son auguste sang ne fit qu'un tour. Comment donc ! Soixante-deux ans ? Alors que lui allait travailler, allait écrire jusqu'à la fin de son existence ! Alors que son grand père, engagé volontaire dans un goulag de la grande époque, avait travaillé jusqu'à l'épuisement complet de son corps, jusqu'à sa mort donc ! Alors que les retraités gisent dans leur vacuité intellectuelle, seuls et isolés face à l'échec de leur existence, attendant une euthanasie libératrice qui n'est toujours pas venue jusqu'à eux, et étant trop nombreux pour être tous expédiés sur les croisières Pascal Sevran - paix à son âme ? Alors que les politiciens de tous bords nous donnent l'exemple, en dépit des bénignes erreurs qu'il leur arrive - à leur insu - de commettre, de carrières toujours plus longues et désintéressées ? Alors que de grands artistes, tels Sardou ou Julien Clerc, ne décrochent toujours pas de leurs efforts pour abreuver de sons les oreilles des spectateurs de la télévision française, d'autant plus courageux et altruistes en cela qu'ils ont perdu leur voix à tout jamais ? Ah ça non, par exemple !

Gustave Borjay a donc entraîné derrière lui des milliers, que dit-il, des millions de mécontents, dans d'épiques manifestations. C'est grâce à lui que les syndicats ont pu ouvrir les yeux sur la mauvaise orientation du gouvernement ! C'est grâce à lui que les cheminots ont pu bloquer quantité de trains avec la même quantité d'abnégation, et il en est de même pour tous ces avions si judicieusement annulés ! C'est grâce à lui que, main dans la main, animés de la même flamme et de la même pénétration d'esprit, professeurs et élèves ont pu monter au créneau défendre leurs droits, au risque de sacrifier ces heures de travail qui font tout leur bonheur !

La France sait ce qu'il faut, la France aura le dernier mot.

Gustave Borjay vous salue.

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Un brin provocateur, Gustave Borjay n'a pas hésité
à employer un humour frisant parfois l'irrévérence.



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