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Mort Félix Nussbaum

Publié le 28 novembre 2010 par Perceval

La mort… La sale mort

Celle de Félix Nussbaum, autour du 2 août 1944 à Auschwitz

 

Felix-Nussbaum-affiche

 

La mort, quand… ?

Demain, aujourd’hui peut-être … ?

Et même si tu étais en train de mourir,

quelqu’un de plus serait en train de mourir,

en dépit de ton désir légitime

de mourir un bref instant en exclusivité.

C’est pourquoi, si l’on t’interroge sur le monde,

réponds simplement : quelqu’un est en train de mourir.

Roberto Juarroz (Poésie verticale)

Elle, la Mort

“Ce qui fut entre nous n’était pas distance

L’heure était nue

Ma mort vêtement. “

Adonis (L’égaré)

Felix Nussbaum le secret
“Ô Seigneur, donne à chacun sa propre mort

… Et ordonne-lui enfin d’attendre cette heure

où il enfantera la mort, son maître“

Rilke (Le livre de la mort et de la pauvreté) (7)

Chant de mort.

La Fortune aux larges ailes, la fortune par erreur m’ayant emporté avec les autres vers son pays joyeux, tout à coup, mais tout à coup, comme je respirais enfin heureux, d’infinis petits pétards dans l’atmosphère me dynamitèrent et puis des couteaux jaillissant de partout me lardèrent de coups, si bien que je retombai sur le sol dur de ma patrie, à tout jamais la mienne maintenant.

Felix nussbaum 3

La Fortune aux ailes de paille, la fortune m’ayant élevé pour un instant au-dessus des angoisses et des gémissements, un groupe formé de mille, caché à la faveur de ma distraction dans la poussière d’une haute montagne, un groupe fait à la lutte à mort depuis toujours, tout à coup nous étant tombé dessus comme un bolide , je retombai sur le sol dur de mon passé, à tout jamais présent maintenant.

Felix nussbaum c.ruins

La Fortune encore une fois, la fortune aux draps frais m’ayant recueilli avec douceur, comme je souriais à tous autour de moi, distribuant tout ce que je possédais, tout à coup, pris par on ne sait quoi venu par en dessous et par derrière, tout à-coup, comme une poulie qui se décroche, je basculai, ce fut un saut immense, et je retombai sur le sol dur de mon destin, destin à tout jamais le mien maintenant.

Felix Nussbaum camp

La Fortune , encore une fois, la fortune à la langue d’huile, ayant lavé mes blessures, la fortune comme un cheveu qu’on prend et qu’on tresserait avec les siens, m’ayant pris et m’ayant uni indissolublement à elle, tout à coup, comme déjà je trempais dans la joie, tout à coup la Mort vint et dit : « il est temps. Viens. » La Mort, à tout jamais la Mort maintenant

Henri Michaux «  Lointain intérieur : difficultés ». ( 1930).

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