Magazine Journal intime

Chuis hétéro mais je me soigne

Publié le 14 janvier 2008 par Anaïs Valente

Je dis donc à Mostèk « tu vois le Nous Deux ? », d’une voix bien forte.  
Et je surprends sur moi le regard glacial et hautain d’une dame.  Une vraie dame.  On le sent tout de suite.  J’appelle ça une « prout ma chère ».  On la perçoit, on la ressent, cette attitude tellement supérieure.  Du moins, elle se croit supérieure.  Pour une raison que j’ignore.  De la pointe du premier cheveux blanc à l’extrémité de l’ongle incarné : elle s’y croit.  Et elle me toise.  Sans doute parce que je cherche le Nous Deux et qu’elle feuillette un magazine de déco anglais.
Alors je me prends au jeu.
Elle est choquée parce que je cherche un journal qu’elle juge prolétaire ?  
Elle va avoir de quoi être choquée.  De suite.
Je prends ma voix la plus mielleuse, mais également la plus haut perchée, lorsque Mostèk me montre du doigt l’objet de mes recherches, et je lui dis « Oh merci mon chou ».
Second regard, cette fois, outré, de Miss Prout Ma Chère.  Elle essaie de détecter à quoi peuvent bien ressembler deux femmes qui s’aiment.  Elle n’en a sans doute jamais vu jusqu’à ce jour.  Dans son milieu, ça ne se fait pas.  Ou plutôt, ça ne se dit pas.
J’en remets une couche.  Je note les infos dont j’ai besoin et j’interpelle à nouveau Mostèk « ça va mon cœur, tu trouves quelque chose d’intéressant ? »  Nous nous étranglons de rire.  Je devrais participer à des castings, je me trouve très bonne comédienne.  J’ajoute un « chérie, j’ai faim, on rentre chez nous ? »
Miss Prout Ma Chère n’ose plus se retourner.  Peur de la contamination, sans doute.  Mais je la sens qui nous écoute.
Je conclus par un tonitruant « bon, voilà, ma douce, on a tout vu, on y va ? »
Et je pars, satisfaite du travail accompli.  Et une Miss Prout ma Chère estomaquée, une.  Je parie qu’elle n’en aura pas dormi de la nuit.  Bingo.
Illu de Missbean  - tant qu'à faire, allez voter pour elle... missebean

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