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Maman, les p’tits gâteaux…

Publié le 04 décembre 2010 par Sophielucide

maman, les p'tits gâteaux

Petite fille, ce qui me réjouissait à l’approche de Noël, ce n’étaient ni les décorations des villes ou des vitrines, ni l’hypothétique  liste de cadeaux éphémères, ni même l’achat du sapin. Non,  ce qui donnait le signal du départ, dès la première bougie de l’Avent allumée par ma mère, c’était un merveilleux parfum saturant l’appartement.
Maman confectionnant ses fameux petits gâteaux de Noël, aux formes imagées, aux détails soignés, aux tailles différenciées, au goût inaltérable.
Ma mère portait sur elle cette odeur délicieuse de beurre, conservait sur ses manches des nuages de farine, et ses yeux noisette pétillaient de cette joie enfantine  nous laissant deviner  que le moindre geste, la parole la plus anodine revêtirait dès lors une part de secret, un parfum de mystère, dessinant autour d’elle une auréole magique demeurée intacte à ce jour.
Le vieux pot en grès bleu des son enfance, voyageait année après année, de la cave au garage, de la salle à manger à la chambre à coucher: c’est que ma mère, face à notre gourmandise avait trouvé la parade en changeant  régulièrement de cachette.
Pendant cette période de la préparation, je pouvais mesurer l’étendue de mes sens en éveil, au premier rang duquel, sans hésitation, je place l’odorat qui sait si facilement convoquer la mémoire. Évocations de parfums mélangés de cire et de sapin, de pain d’épice et de vin chaud, de cannelle et d’anis.
Pour calmer l’impatience de ses enfants gourmands, ma mère, de temps en temps, portait solennellement une petite assiette remplie de ce qu’elle nommait « ses ratés »: un petit bonhomme qui a perdu la tête, une étoile dont il manque une branche, un sapin trop bruni ou une cloche trop blanche.
Exclamations avant de nous ruer sur cet avant-goût de Noël que nous croquions à l’unisson, engloutissions sans précaution, jusqu’à la dernière miette.
Alors, ma mère nous rassemblait devant la fenêtre givrée et, pointant le ciel embrasé, nous expliquait que de son côté, le « bon Dieu » dont elle tenait en direct sa recette inédite, allumait à son tour son fourneau.


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