Magazine Journal intime

| compte rendu |

Publié le 14 janvier 2008 par Diel

Pourtant il ne s'est rien passé. Comme tu le dis Tiger, c'était pas la peine de se déplacer, il n'y a aucune chance pour qu'elle me propose un job, même le plus pourri de la terre. Mais ça je le sais depuis longtemps. Prétextant mon autonomie, les deux derniers entretiens s'étaient justement déroulé par téléphone. Là je sais pas, c'est le début de l'année et le gouvernement passant la seconde, une circulaire a dû circuler et nous étions nombreux ce matin, la gueule fatiguée, creusée par l'inquiétude et tirée par la sensation que quelque chose va nous tomber sur un de ses coins trés bientôt.
Tout au long de cet entretien dit mensuel tendance bi-mensualité option compte-rendu quotidien par mail, j'ai exposé d'un côté mes travaux en tant qu'indépendant non-déclaré n'ayant aucun client, et mes recherches d'emploi. D'un côté du concret mais avec de minces perspectives de revenus, de l'autre le vide abyssal; et c'est un doux euphémisme, que dis-je, une joyeuse hypobole. (non, ça n'existe pas, mais phonétiquement ça y ressemble beaucoup et puis je fais ce que je veux, c'est mon blog)
Depuis ces dernières semaines, et c'est la première fois de ma carrière de chômeur, je n'ai trouvé aucune offre à me mettre sous la dent, même pas un petit CDD de deux mois pour prendre les gamins en photo sur les genoux d'un gars déguisé en père noël, le costume épais comme un sac poubelle, les baskets qui vont bien avec, sans oublier les lunettes calées sur la fausse moustache sinon il voit pas où il fait des bisous le monsieur, manquerait plus qu'on le suspecte en plus de pédophilie mais là je m'égare complètement.
Bon, à ma courte liste de projets en cours mais bien réels, madame ma conseillère me répond que "ça pêche!" - "Ah... Bigre!" pensais-je, "et c'est grave docteur?" En fait non, pas plus que le diagnostic qui tombe comme poussière piégée dans un rayon de lumière - "il faut percer un réseau" me dit-elle!
Sans rire, c'était donc ça depuis tout ce temps? "Et comment ça s'opère?" - "Ben je vais vous prescrire du cogitage" me suggère-t-elle!
Je n'invente rien, elle a dû le répéter douze fois - "Faut cogiter!"
Et bien c'est trés mal me connaitre madame. Je ne fais que ça depuis ces six dernières années, et je n'en dors pas de la nuit quand je sais que je dois venir vous voir pour mes comptes vous rendre. Je suis même partie à Londres pour aller cogiter en Anglais histoire de voir si là-bas le réseau se fendait d'une ou deux opportunités, et je suis prête pour la Belgique ou le Québec si vous me subventionnez, mais là tout de suite, à part entamer une grève de la faim pour que les gars de l'agence APPA veuille bien devenir mes copains, je me vois mal leur renvoyer une vingt sixième candidature spontanée. D'autant que reporter pour vignerons en mal de plaquettes publicitaires, c'est pas vraiment le job de mes rêves, mais bon, quite à rater sa vie autant le faire au milieu des oiseaux qui picorent le raisin.
Soudain son intuition éclaire son oeil terne, et ma conseillère de me proposer un stage de validation de projet. - "Encore?! lui dis-je "mais je l'ai déjà fait l'an dernier!" (et l'on peut noter en passant la qualité et le poids de la prestation sur le cours de ma vie d'artiste). Tiens, cela lui aurait-il échapper alors que je vois d'ici sur son écran ce détail de mon parcours bien enregistré? On va donc s'en tenir au cogitage alors. Ben d'accord...
Bon ben merci madame pour l'ordonnance, m'en vas secouer mes neurones et manger de l'huile de foie de morue. Au revoir madame, on se tient au courant? Bien sûr, je vous fais ça de suite.
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