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Le streaming va-t-il tuer Internet ?

Publié le 10 décembre 2010 par Leresistant

Comme nous pouvons le constater tous les jours, les données échangées sur internet sont de plus en plus importantes. La démocratisation de l’ADSL, et bientôt des offres très haut débit nous permettent désormais de regarder des films en haute définition (donc qui sont très volumineux) directement en streaming, à l’aide d’une Xbox 360 par exemple.

Cependant, ces divers progrès ne sont pas profitables à tout le monde. Bloomberg BusinessWeek a publié quelques chiffres intéressant relatifs aux investissements des fournisseurs d’accès à internet.

Les prévisions :

Se basant sur des données américaines, pour des FAI tels que Comcast ou encore AT&T, l’hebdomadaire nous indique que les revenus de ces fournisseurs vont progresser de 5% par an jusqu’en 2020. Cependant, le trafic de données augmentera de 27% par an, ce qui va obliger les FAI d’augmenter leurs investissements de 20% par an, afin de satisfaire cette demande croissante. Ce modèle rencontrera donc un problème important aux environs des années 2014, lorsque l’augmentation des investissements sera plus importante que la hausse des revenus des fournisseurs d’accès. A noter qu’en 2014, la vidéo représentera dans les 90% du trafic internet.

Un exemple actuel ?

Une saturation quasi-permanente du trafic internet est déjà en cours dans l’état de Californie. Le réseau internet mobile ne fonctionne plus à sa vitesse optimale, causant des ralentissements de connexions parfois insupportables pour les utilisateurs d’un service, utilisateurs ayant payé pour un service, mais aussi pour une qualité de service. Ce problème est causé par des terminaux de plus en plus sophistiqués, pouvant échanger des données de plus en plus volumineuses, plus fréquemment, mais aussi et surtout par des opérateurs télécom ne s’adaptant pas à cette nouvelle demande, car ne réalisant pas les investissements nécessaires pour y répondre parfaitement.  Pourquoi ? Simplement car ces investissements sont très lourds, et nécessitent des dépenses conséquentes. Imaginez quelles seront ces dépenses pour un réseau câblé, plus dense, plus complexe, et faisant transiter bien plus d’informations.

Quelles solutions ?

Les solutions théoriques sont nombreuses.

Les opérateurs télécom pourraient utiliser leurs réserves financières colossales pour réaliser une modernisation du réseau et des infrastructures, afin de palier à une éventuelle défaillance du service. Cependant, l’incitation économique doit être présente, et les fournisseurs d’accès doivent avoir la certitude de réaliser des profits futurs. Dans un pays où la plupart des habitants sont reliés à internet, cette incitation n’est pas forcément présente, vu qu’il ne reste qu’un faible nombre d’abonnés à relier. Il faudra donc probablement proposer des services tiers pour éveiller de nouveaux besoins.

Le développement de nouvelles technologies (ou la mise en place de technologies existantes) pourrait aider à éviter ce problème. Vu que 90% du trafic est monopolisé par la vidéo, des innovations concernant la compression du flux pourraient réduire le débit nécessaire pour regarder une vidéo, tout en ayant la même qualité de service.

Comme me l’a suggéré Gonzague, les FAI pourraient fournir un service à plusieurs niveaux. Des offres proposant divers niveaux de vitesse, mais aussi des quotas de téléchargement/envoi pourraient faire leur apparition. Il pourrait s’agir d’une offre discriminatoire, au sens économique du terme : on fait payer ceux qui sont prêts à payer plus (et qui ont besoin de services supplémentaires), et on propose des services moins performants à ceux qui n’en ressentent pas l’utilité. Cependant, dans une société habituée à des arguments marketings prônant la généralisation de l’illimité, un tel retour en arrière sera-t-il envisageable ?

Enfin, ce que les internautes craignent le plus : l’Etat. Une mesure telle qu’HADOPI (ou mieux, le deep packet inspector) seraient en mesure de réduire le trafic internet. Le problème est que si l’offre légale se développe suffisamment, les données échangées pourraient augmenter. La formule « reculer pour mieux sauter » serait ici parfaitement adaptée. Il pourrait également rappeler aux FAI de respecter leurs engagements en termes de qualité de service, les obligeant à réaliser ces investissements.

Dans un rôle plus bénéfique, l’Etat pourrait participer en la modernisation des réseaux existants, vu la charge financière colossale que représente l’investissement nécessaire.

La question que nous pouvons nous poser est assez intéressante. Si l’on arrive dans une situation dans laquelle les opérateurs télécom ne peuvent plus réaliser leurs investissements de modernisation de réseau, l’Etat va-t-il décider de remettre en cause la neutralité du réseau internet, en bloquant du trafic « non conforme » à certains principes, pour en favoriser d’autres, et ainsi permettre au plus grand nombre d’utiliser correctement le service ?

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