Magazine Journal intime

Être maman, c'est aussi ça

Publié le 16 décembre 2010 par Bizz
La Belle en parle ici, Belle-maman , Marianne ici aussi.
Toutes ces choses bizarres qu'on se met à faire quand on devient mère.
On se lève un matin, toujours pas de règle. Le soir même, en revenant du travail, d'après le bâton sur lequel on vient de faire pipi et la petite croix rose qui y est apparu, y'a une crevette bien au chaud dans notre bedaine. Le lendemain matin, vite comme ça, on est attaquée par les nausées, seins douloureux, vessie traîtresse. L'aventure est partie, on ne peut plus reculer. Et on se caresse la bedaine avec un petit sourire satisfait. Et on passe neuf mois à la caresser. Un matin, on se réveille et on réalise soudain que l'heure de la sortie a sonné pour le petit paquet d'amour qui nous tabasse les côtes. On émerge brusquement de notre brouillard heureux de flattage de bedaine, on contracte, on crie, on pousse et voilà, bébé est là. Oui, oui, vite comme ça.
Et dès qu'on nous dépose dans les bras cet enfant qui (oh my god!) est le nôtre (et donc, par le fait même, le plus beau de la terre), on regarde ce visage si longtemps imaginé («je savais qu'elle aurait tes yeux mon amour!»), on verse une larme de bonheur (ou plusieurs, c'est selon votre résistance aux hormones) et on ne s'en sort plus. Nous voilà maman jusqu'à la moelle. L'instinct maternel, c'est rusé, vous savez. Très rusé. Ça s'insinue sournoisement, plaquant au sol nos plus beaux principes qu'on s'était juré de respecter croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer.
On commence par vivre dans la contradiction. On est heureuse de bercer enfin notre bébé, mais on sent comme un drôle de vide, là, juste au creux du ventre. On sourit à pleines dents quand on vous demande comment va la nouvelle vie de maman, mais au fond de nous, on pédale et on rame de toutes nos forces pour ne pas paniquer sous le flot des responsabilités qui nous sont tombées dessus en même temps que le papa a coupé le cordon. On rêve d'un moment de liberté sans contact physique parce que nos coudes ont chaud à force de servir d'appuie-tête pour poupon, mais on surveille d'un oeil trop averti quiconque s'empare de bébé pour le bercer. On fantasme sur des sorties de couple pour raviver la flamme un peu éteinte par les nuits blanches, mais on s'ennuie de bébé avant même d'avoir quitté le stationnement de la maison. On attend avec impatience que bébé se développe, mais on trouve que le temps passe trop vite. On espère une place en garderie, mais on retient nos larmes chaque foutu matin qu'on y dépose notre petit soleil. Bref, vous voyez le genre.
Puis, on se met à agir comme une maman. Ça inclut les comportements étranges qu'on reprochait à notre mère ou à celles qui nous entouraient. Comme, par exemple, le fait d'utiliser notre bave comme nettoyant de bouche de bébé. De parler de nous et de nos actions à notre progéniture en remplaçant le "je" par "maman". De nous inquiéter de tout et de rien, même quand il n'y a AUCUNE raison de nous inquiéter. De faire des cauchemars en lisant des articles sur la crise d'adolescence. De répéter cinquante fois la même consigne, en sachant fort bien que ce serait plus simple de le faire nous-mêmes. De nous exaspérer de trouver une paire de bas sales sous le divan puisque c'est la cinquième que nous trouvons là cette semaine. De fermer la télévision pour envoyer les enfants dehors, même quand c'est Shrek. De demander à une amie, qui nous confie qu'elle fait beaucoup de mauvais rêves, si elle mange juste avant de se coucher. De considérer qu'on a fait la grasse matinée quand il est 8h00. Et surtout, d'être incapable de passer une journée sans prononcer, ne serait-ce qu'une seule fois, le nom de notre enfant.
C'est aussi ça, être maman.

Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog