Eun bonn et heureuss !

Difficile de rendre par écrit le son de ce jour là, celui du nouvel an. Les natifs du Nord m'auront compris. Je ne goûte pas particulièrement l'exercice rituel et hypocrite des vœux. Je n'écoute pas ceux des autorités, de ces politiciens qui n'ont pour tout souhait que celui de leur réélection et sont prêts à toutes les turpitudes pour cela, aux mensonges, aux indignations sélectives et aux promesses qu'ils ne tiendront pas. Mais au moins, ces vœux là sont-ils faciles à éviter: il suffit d'éteindre la télé et de ne lire que ce que l'ont veut des journaux.

Il sera plus dur d'éviter de retourner le « meilleurs vœux » qui remplacera le salut matinal dans les couloirs du bureau... Que peut-on bien souhaiter à des gens que l'on ne connait que si peu? Oui, je sais, c'est convenu, c'est un usage et même si cela ne signifie rien, çà ne fait pas de mal. Ni de bien.

Mais il faut remonter plus loin. Le premier janvier, c'était la tournée de cette famille assez éloignée pour qu'on la fréquente peu mais encore assez proche pour qu'une fois l'an on aille lui dire un « bonne année, bonne santé » dont nous, les enfants, ne saisissions pas même le sens. Tous les ans, nous allions saluer une vieille tante, une tante de ma grand-mère pour dire vrai dont je n'ai jamais bien su à quelle point elle était ma parente. Nos visites rompaient la monotonie de sa vie de vieille veuve. Une fois l'an, les enfants de ses petit-neveux rendaient un air de vie à son morne salon, immobile depuis déjà tant de décennies. Tout cela était bien réglé, nous visitions les uns après les autres cette parenté que nous oubliions le reste de l'année. Ce n'est que beaucoup plus tard, bien trop tard, vers vingt ans, que j'ai compris que ces oncles et tantes avaient beaucoup à nous donner si nous prenions la peine de les écouter. Et puis, je n'ai pas eu le temps. Je suis parti au loin. Et eux sont partis.

Ah, le jour de l'an. Occasion de balayer ce que l'on veut oublier de l'année terminée et de recommencer une nouvelle vie. Je ne lui ai pas envoyé de SMS, pas de mail non plus. Je ne l'ai pas appelée. Sans doute, chère amie qui vous reconnaitrez, aviez vous raison en définissant l'amour. Vais-je le retrouver?

Avec quelques restes...