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Vendredi Fleur Bleue : Le Cycle de l’Eglantine

Publié le 07 janvier 2011 par Paumadou

Connaissez-vous la légende de la Belle au Bois dormant ? Un magnifique château dont les habitants sont endormis pour accompagner leur princesse infortunée jusqu’à son réveil après qu’un maléfice l’ait endormi. Et pour protéger ce petit monde, le palais est enseveli sous les ronces. Non, pas les ronces, les églantiers.

L’églantier est un arbuste couvert d’épines mais qui a de magnifiques petits fleurs : les églantines.

Et c’est de la que vient le nom du Cycle de l’Eglantine de Edward Burne-Jones. Vous connaissez mon avatar ? Et bien, c’est extrait de l’une de ses toiles (pas de ce cycle-là). C’est donc tout naturellement que j’inaugure les vendredis artistiques du mois Fleur Bleue avec lui !

The Briar Rose (L’églantine en anglais) est un ensemble de 4 peintures illustrant la légende des frères Grimm contant l’histoire de la Belle au Bois dormant. Peintes entre 1885 et 1890, les toiles représentent toutes le même moment de l’histoire dans différents endroits du château. C’est assez rare, en général, quand un peintre prend la peine de faire une série, il veut raconter une histoire, il y a donc une suite chronologique. Là, ce n’est pas le cas.

Le moment illustré est celui où le prince arrive et trouve le château et ses habitants endormis. Bien qu’ils représentent tous le même moment, les panneaux ont un ordre, car chacun correspond à un quatrain d’un poème de Williams Morris The Briar Rose (ami de Burne-Jones).

Le premier panneau est intitulé : Le Bois d’Eglantier ( The Briar Wood)

Briar Wood Buscot Park

Vendredi Fleur Bleue : Le Cycle de l’Eglantine

On y voit le seul être vivant et éveillé des 4 panneaux : le prince à gauche avec épée et bouclier. Vous pouvez voir que le peintre a cadré la composition de manière à lui couper la tête et les pieds : il est HORS du cadre, hors du sortilège qui frappe le château. Ce qui est fascinant, c’est qu’en apparence, la composition à l’air désordonnée, alors qu’elle est très construite et surtout symétrique : les silhouettes au sol ont un parfait écho dans les ronces juste au dessus. La composition est cadrée par les verticales.

Le second panneau s’appelle La salle du conseil (The Council Chamber).

Council Chamber Buscot Park

Vendredi Fleur Bleue : Le Cycle de l’Eglantine

C’est la salle du trône avec le roi à droite (comme un écho du premier tableau, la composition de verticales est d’ailleurs la même !) Bien qu’ici, les courbes des corps soient répercutés par celles de la tenture et non plus des ronces.

Le troisième panneau représente La Cour du Jardin (The Garden court).

Garden Court Buscot Park

Vendredi Fleur Bleue : Le Cycle de l’Eglantine

Alors que les deux premiers représentent des univers plus masculins du prince (la garde et les conseillers du roi), on passe dans le côté féminin, celui qui annonce la princesse ! La composition reste symétrique, mais il y a beaucoup moins de verticales, et la scène est encadrée par des courbes.

Le quatrième et dernier panneau est L’écrin de la Rose (The Rose Bower).

Rose Bower Buscot Park

Vendredi Fleur Bleue : Le Cycle de l’Eglantine

Evidemment avec la belle endormie à l’horizontale, par opposition au prince vertical, mais tout comme lui complètement dépliée (à part le prince au début, les personnages ne sont que courbe et contre-courbe). La scène s’oppose à la précédente (la symétrie est horizontale et non plus vertical). L’impression est que c’est le panneau le plus simple, le plus calme (à cause des horizontale, du peu de personnage et de l’abondance de lignes droites qui ne se croisent pas – ce qui donne un aspect construit au contraire de l’agitation des courbes des précédents) et pourtant c’est le plus complexe dans sa composition !
Les horizontales encadrent. Les courbes s’aplanissent et se font écho. Enfin, l’introduction des obliques pousse le regard VERS la princesse, c’est elle le but de toute la série de toile !

Voilà, un peu, je pourrais en parler pendant des heures (et pas pour ne rien dire… j’adore les préraphaélites et Burne-Jones en particulier) mais je m’arrête là parce que c’est déjà beaucoup !

Pour plus d’infos (si vous lisez l’anglais) c’est pas ici, il y a un article dédié au cycle sur wikipédia (vous y retrouverez d’ailleurs les images de ci-dessus sans les traits de composition)

Vendredi Fleur Bleue : Le Cycle de l’Eglantine

Demain, samedi : on fait le mur !


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