Magazine Journal intime

Boulevard des victoires incertaines.

Publié le 10 janvier 2011 par Routedenuit

Boulevard des victoires incertaines.

Je ne vous souhaiterai pas de passer une bonne année. Je ne vous souhaiterai pas de passer une bonne année parce que ça ne veut rien dire, ça n’a pas de sens. Contrairement à ce que l’on aime fantasmer, rien ne repart de zéro quand viennent les douze coups du 31 décembre. Rien ne s’arrête, le temps ne reprend pas sa respiration. On se souhaite de passer une bonne année parce qu’il convient de le faire, parce qu’on est tous plus moins terrorisés de ne pas recevoir les voeux d’untel ou untel, parce que c’est l’occasion de reprendre contact avec quelqu’un qu’on perdra de vue après la décuve du 1er, parce que c’est en fin de compte le moment d’être sûrement un petit peu hypocrite.

Je ne vous souhaiterai donc pas de passer une bonne année parce que je ne vois pas l’intérêt de lâcher dans l’air des phrases uniformes et stéréotypées qu’aucun d’entre vous ne recevra comme il devrait. Je préfèrerai vous trouver un par un et dire une petite bricole qui aura du sens dans votre vie, à ce moment précis, en fonction de là où vous en êtes.

Remarquez, d’habitude, c’est ce que l’on fait avec les gens auxquels on tient vraiment. On prend le temps de ne pas envoyer un mail collectif à tous les contacts de sa boîte MSN inutilisée depuis la dernière année de collège, on prend le temps de ne pas coller de timbres sur ces 200 enveloppes dont le contenu est à peu près aussi consistant que l’argumentaire d’Éric Besson quand il explique qu’il n’est pas de droite. On prend finalement le temps de ne pas passer pour celui qui s’est dit que « ça irait plus vite », que « c’était plus pratique » et qu’au moins « j’ai oublié personne« . (C’est aussi dans ces cas-là que le type en question se rend compte qu’il a souhaité « une bonne année pleine d’amour, de sexe et d’alcool à sa soeur, sa belle-mère, son banquier et son concierge – sans que ça l’angoisse plus que ça).

Par contre, on prend vraiment le temps de se souvenir de celui ou celle à qui on s’adresse, de son parcours et de ses projets à venir, on prend le temps de dire ou d’écrire des choses qui ont du sens. On tire un bilan de l’année passée, on fait des listes de ce que l’on ne veut pas pour la suite, on prend aussi des résolutions – que l’on ne tiendra pas parce qu’on est pas assez naïf pour ça. Mais bon. On montre juste à l’autre qu’on est là, une fois de plus.

La seule chose que j’espère, c’est que vous continuerez votre itinéraire sur ce chemin qui mène à un endroit que vous seuls connaissez, et que vous arriverez vite.

Je vous souhaite une route paisible sur ce grand boulevard des victoires incertaines.



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