Magazine Journal intime

Sur un arbre perchée

Publié le 19 janvier 2008 par Anaïs Valente
(premier texte proposé aux Editions de l'Ermitage pour le concours "Cadeau" organisé en décembre dernier)  En ce mois de décembre enneigé de 1979, je grelottais de froid chaque soir dans mon petit lit de fortune (versons une larmichette sur ce passé à la Cosette), mais l'espoir de recevoir un magnifique cadeau à Saint-Nicolas réchauffait tant que faire se peut mon petit cœur.  Ma commande était d’ailleurs prête depuis belle lurette : je voulais l'arbre magique.  Je l'avais vu à la TV (oui, à cette époque, la télévision existait déjà, et en couleurs en plus).  Je savais tout de l'arbre magique : son feuillage vert se soulevait pour laisser apparaître une véritable maison meublée et habitée de petits personnages adorables.  Ils y vivaient avec leur chien, disposaient d'une voiture et je savais qu'avec eux j'allais m'amuser comme un fossoyeur un jour de Toussaint
 
Tous les enfants connaissaient l'arbre magique à l'époque.  J'avais donc consciencieusement écrit ma missive au Grand-Saint, me contentant cependant d'indiquer "Bonjour Sint-Nicolas, je veut un arbre majik" (ou quelque chose du genre, mon orthographe de l'époque laissant sans doute un peu à désirer).  J’avais remis la lettre à maman pour qu’elle la transmette à qui de droit.  Et j'étais persuadée que Saint-Nicolas avait la science infuse et me livrerait sans problème l'arbre magique tant espéré.  Saint-Nicolas, il sait tout.
 
Le 6 décembre à l'aube, ayant peu dormi (excitation et impatience obligent), je descendis sur la pointe des pantoufles afin d'enfin découvrir MON arbre magique à moi rien qu’à moi.  Ce fut l'instant fatidique.  De magie il n’était plus question.  Moment dramatique.  Moment où ma vie s'écroula tel un arbre arraché par une tornade.  Point d'arbre magique, ma Bonne Dame.  Un arbre, en effet.  Mais pas un arbre magique.  Point de feuillage qui se soulève doucement pour laisser apparaître une maison meublée et habitée.  Point de petits personnages.  Point de chien.  Point de véhicule.  L'arbre que Père Fouettard (il ne pouvait s'agir que de lui pour m'imposer une telle déception) m'avait livré ne ressemblait en rien à l'arbre de mes rêves.  Objectivement, il était joli cet arbre, c'était l'arbre à Bidibulles, des bonzhommes en forme d'œuf, qui regagnaient, au moyen d'un ascenseur, un petit arbre rigolo qui leur servait de demeure.
 
Mais rien n’y fit, ça n’était pas mon arbre magique, que Saint-Nicolas ne m’apporta d’ailleurs jamais, le fourbe.
 
S’il m’entend de là-haut, il est encore temps pour lui de se rattraper…

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