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La rue arabe au pouvoir!

Publié le 14 janvier 2011 par Neoafricain

Aujourd'hui donc, le Président BEN ALI a quitté le pouvoir en Tunisie après environ un quart de siècle d'exercice sans partage. Et surtout après plusieurs semaines de révoltes populaires.

Je ne me suis jamais rendu dans ce pays, donc mes remarques seront celles d'un simple observateur.

Les données incontestables démontrent que le niveau de vie, le taux d'instruction et les libertés des femmes notamment, étaient supérieures dans ce pays par rapport à la plupart des pays arabes. Ce qui est loin d'être négligeable. Autre point positif, c''est bien-sûr la lutte déterminée et victorieuse contre l'islamisme qui est pourtant omniprésent  dans la grande Algérie voisine.

Tout ceci a fait de la Tunisie un pays très accueillant pour les touristes étrangers et propice pour les investissements 

Hélas, le Président BEN ALI n'aura pas échappé aux malédictions africaines qui semble frapper tous ses leaders.

D'abord le poids de la famille et du clan. Ceux-ci ont fini par occuper tous les secteurs de l'économie, instaurant ainsi un système de corruption inadmssible. Le deuxième mal, c'est le refus de quitter le pouvoir, s'enfermant dans les délices du pouvoir, refusant toute contradiction, toute critique; et finalement muselant l'opposition et causant des atteintes sévères aux droits de l'homme  Les mêmes causes causant les mêmes effets: tout pouvoir qui se replie sur son clan et qui refuse l'alternance est voué à finir comme celui du régime BEN ALI.

Je serai pour autant moins dur envers le président déchu. Car après tout, grâce à lui, la majorité des Tunisiens auront échappé à la mainmise des Islamistes, tout en jouissant d'un système éducatif performant et d'un niveau de vie relativement convenable. Aujourd'hui, on apprend le pillage systématique des magasins et des banques, ainsi que le départ de milliers de Touristes européens. Ce qui aura des conséquences désastreuses sur l'économie locale. Sur le plan sécuritaire, l'opposition entre l'armée et la police peut préfigurer de troubles graves. Inquiétons-nous aussi de l'alliance improbable des révoltés qui ont pris le pouvoir à Tunis.. On verra qui des Intellectuels, des Artistes, des Islamistes restés dans l'ombre, des jeunes désoeuvrés et des simples citoyens prendra le dessus sur les autres.

J'espère aussi que les félicitations chaleureuses du Président américain envers "le peuple tunisien qui a repris sa liberté", qui sont en contraste avec la prudence du gouvernement français qui connaït tous les risques encourrus par la Tunisie, ne nous annoncent pas une nouvelle rivalité francophone/anglosaxone en Afrique.

Enfin, d'autres régimes arabes peuvent craindre que leur tour n'arrive. Pour nombre d'entre eux, ce serait une bonne chose; mais il ne faut pas que certains pays (comme par exemple le régime modéré du Maroc), soient emportés par cette rue arabe.

Le paradoxe dans cette histoire; c'est qu'après les attentats du 11 septembre, G.W.BUSH a fait le maximum pour que la démocratie s'installe dans le "Grand Moyen-Orient", car il considérait avec raison que la Liberté est le meilleur des remparts face à la barbarie et que tous les peuples du monde, devraient en profiter. La majorité des Chefs d'Etat  et des experts de l'époque ont tous répondu que la démocratie ne s'imposait pas et que les Américains devaient cesser de vouloir donner des leçons au monde arabe... Je parie que les mêmes nous diront bientôt aujourd'hui qu'ils attendaient l'instauration de la démocratie en Tunisie depuis 23ans...

Au final, il fallait depuis longtemps que le régime de BEN ALI change, mais peut-être pas comme ça. Il ne faut pas que chaque alternance soit une révolution. Espérons maintenant que la rue arabe qui a pris le pouvoir à Tunis ne conduise pas ce beau pays vers le chaos ou vers l'obscurantisme; mais que les Tunisiens jouissent pleinement de la Liberté,


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