Magazine Journal intime

De l'utilité de la grippe (dix bonnes raisons d'aimer ce virus)

Publié le 15 janvier 2011 par Anaïs Valente

La grippe est inutile.  Ça va de soi, elle ne sert à rien.  Elle n'apporte rien de positif.  Que des sueurs, de la fièvre, des bouffées de chaleur (oui, c'est kif kif, mais j'aime insister sur ce par quoi je suis passée, pour faire pleurer dans les chaumières), des tremblements, des frissons, des claquements de dents, des douleurs aux mollets, aux pieds, aux cuisses, au dos, aux fesses, aux bras, aux avant-bras (j'insiste, vous voyez ?), une gorge qui gratouille mais pas tant que ça, des quintes de toux qui feraient presque vomir (pourquoi, presque, Anaïs, avoue...), un nez qui ne se bouche même pas, une tête qui fait horriblement mal devant, et derrière, et à droite, et à gauche, une fatigue intense au point qu'on croit que c'est la fin, un manque d'énergie qui rend plus lymphatique qu'un escargot centenaire.  Je vous le dis, ça sert à rien à part à abattre toute personne vaillante pour une semaine, voire deux (moi j'ai tapé 2).  Sans compter les dommages collatéraux, j'ai nommé les côtes froissées par la toux et la fatigue chronique durant les trois semaines suivant la reprise du boulot.

Mais, dans mon agonie (nan, j'exagère pas, je voudrais vous y voir, titchu), j'ai réalisé que la grippe, elle sert tout de même à certaines petites choses.  Elle a son utilité, la bougresse.

Grâce à ma grippe, donc :

1. J'ai eu largement le temps d'étudier, d'analyser et de comprendre le fonctionnement du Voocorder.  Et c'était pas gagné.  Il a beau être rose assorti à mon living, ça me semblait d'un complexe y'a une semaine (j'avais encore 38°, ceci expliquant peut-être cela).  Ben là je sais tout faire : revenir en arrière quand j'ai loupé la dernière blague de Nagui, enregistrer deux programmes en même temps d'une simple pression de l'index et en regarder un troisième, tout tout tout.  Et faut l'avouer, c'est génial, le Voocorder.

2.  En parlant de Nagui, j'ai découvert "Tout le monde veut prendre sa place".  Paraît même qu'un journaliste de ma ville y est resté des semaines et s'est fait plus de 150.000 eur.  Je savais pas, jamais vu cette émission.  Ben maintenant je suis accro, j'enregistre chaque soir mon émission, ou bien je la regarde le lendemain midi, au choix.  Et j'adore.  Nagui me fait mourir de rire, ce qui est mauvais pour mes côtes douloureuses, mais on s'en fout.

3. J'ai perdu du gras.  Bon, les piles de ma balance sont mortes et j'ai décidé de pas les remplacer, car plus je me pèse plus je grossis, et plus je grossis plus je m'aigris, comme disait le Chat.  J'ignore donc combien je pesais avant l'épidémie (ben quoi, un virus qui décime tous les habitants d'une même demeure, c'est une épidémie, quand bien même je vis seule).  Mais je sens que j'ai perdu du gras.  Logique, en ne mangeant, durant une semaine, que quelques corn flakes le matin et une seule pizza docteur oetkers sur cinq jours, ainsi que de la soupe tomate (merci ma voisine).  Bon, le 31 décembre, j'ai réussi à manger mes scampis de réveillon et un moelleux au chocolat (merci ma soeur).  Le 1er j'ai mangé un morceau de tarte au sucre (merci ma soeur) et une quiche que j'avais d'abord confondue avec une tarte au riz (merci ma fièvre), je vous dis pas l'étonnement une fois la bouchée en bouche...  Mais à partir du 2, jusqu'au 8, nada, que dalle, niente, à part les céréales et cette pizza dont j'ai même jeté la fin, c'est dire.  Paraît que ce gras là, il revient, mais tant pis.

4. J'ai lu tous mes vieux Ciné revue, mon neurone unique étant incapable de la moindre lecture plus intellectuelle (notez que même en bonne santé, j'en suis pas cap), même un d'octobre où j'ai découvert que le documentaire de Sandrine Bonnaire sur sa soeur autiste avait été diffusé et que j'avais loupé ça, fichtre. En parlant de Sandrine Bonnaire toujours, durant mes nuits d'insomnie because quintes de toux et dodo quasi assise, je l'ai vue en interview passionnante, pleine d'infos passionnantes aussi, que j'ai malheureusement oubliées, j'étais trop malade pour stocker ça dans la case "mémoire" de ma cervelle en surchauffe.  Je me souviens juste que c'était passionnant.

5.  J'ai fait des économies en n'allant pas aux soldes.  Bien sûr, ça m'a coûté un pont.  Deux visites de docteur à domicile, soit 2 x 34 eur (dans votre pays, c'est combien ?)  Deux fois des antibiotiques (et que ceux qui m'écrivent que la grippe est virale, qu'il faut pas d'antibiotiques, m'adressent par la même occasion leur diplôme de médecin, si j'ai eu deux antibios différents à prendre, y'a une raison).  Des vitamines (mouahahaha, quand je vois le résultat après toutes celles que j'avais ingurgitées en septembre, ça me fait bien rire, mais soit).  Des aspirines avalées comme des smarties.  Total : 70 eur.  Quasi 150 eur que j'aurais pu claquer aux soldes... Mais j'ai pas été aux soldes, donc on va dire que j'ai fait des économies, na.

6. Je me suis transformée en ménagère de moins de cinquante ans.  Les premiers jours, incapable de choisir un programme, mais souhaitant un bruit de fond pour anéantir toute sensation de solitude, j'ai allumé la TV au hasard.  France 2.  J'ai ainsi regardé Télématin, avec le journal à 7h30, 8h, 8h30... toujours les mêmes infos.  Captivant.  Puis les feuilletons américains en 14729 épisodes, diffusés depuis 74 ans, auxquels j'ai rien pigé.  Puis Sophie Davant et ses chroniqueurs, qui m'ont appris qu'un poisson avait une mémoire de trois... chais plus, mois ou jours ?  Heures ?  Qu'un poisson reconnaît son maître quand il lui amène à bouffer.  On sait pas s'il en salive de bonheur, mais j'ai bien ri.  Ensuite, Motus, cette émission pleine de boules, dont les fameuses noires.  Une émission qui me stresse comme une dingue, je la déteste (étant ado, je la regardais, mais là, je peux plus).  Souvenez-vous, chuis pas encore cap de zapper à cet instant T.  Puis les Zamours, sympas.  Et puis Nagui, j'en ai déjà parlé.  Le journal et du blabla derrière.  Et re-Sophie Davant pour les drames existentiels du monde.  Ben je vais vous dire, après deux semaines de ce régime, je vais avoir du mal à m'en passer, moi, de ma Sophie Davant.

7.  J'ai regardé la trilogie Shrek (le quatrième, je l'ai vu aussi, mais au ciné, y'a quelques mois).  Et  vuque j'étais aussi verte que lui, je pense que je saurai plus jamais regarder ce film, ça me rappellera trop de souvenirs.  A vendre : trilogie de Shrek en DVD.

8. J'ai réalisé que toutes les émissions de jeux posent les mêmes questions.  La même semaine. Exemple : de quel arbre vient le cacao (cacaoyer, cacaotier), chez Nagui et au plus grand Quizz de France.  J'avais un autre exemple, passé chez Nagui et chez l'homme dont j'ignore le nom qui anime Les douze coups de minuit, que j'ai regardée aussi parfois mais j'aime moins, même si celui qui gagne en ce moment, il a un petit charme qui ne me laisse pas indifférente, bref cet autre exemple, je l'ai oublié, bisque bisque rage.

9.  J'ai constaté que rester avec son essuie sur la tête durant quatre heures car, après la douche, l'idée de s'essuyer puis de se peigner les cheveux semble pire qu'un triathlon, ben c'est super pour se déguiser en sorcière à Halloween.

10. J'ai rêvé que je m'offrais un petit déjeuner avec des gaufres.  Puis j'ai rêvé que je mangeais des pizzas.  Et c'était pas la fièvre.  C'était la faim.  Et la fin de cette grippe qui se profilait à l'horizon.  Hourra.

Alors, keskon dit ?

Merci la grippe !

Ce billet est dédié à Amélie Buri, qui, le dernier jour de sa semaine de Planète Célibataire, vient de m'annoncer qu'elle commençait la grippe.  Toutes mes condoléances pensées sont pour elle au moment où je me décide enfin à rédiger ce billet, que j'ai en tête depuis quelques jours déjà, mais ma fadeur m'a fait jouer ma fade (euh, pléonasme ?)  Apprenant la dramatique, abominable et horrible nouvelle, j'ai pris mon courage à deux mains, par solidarité.

Courage Amélie, crois-en mon expérience, dans quatorze jours, ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir.  Si du moins la grippe suisse est la même que la grippe belge, va savoir..

Et quoi de mieux qu'un dessin d'Amélie pour illustrer cet hommage ?

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Par Marie Sawano Dassonville
posté le 30 janvier à 10:04

Au fond de mon lit, la tête dans un étau, fièvre, courbatures, impossibilité de lire ou me concentrer (même la télé!) me demandant si je vais survivre ... Je trouve ce magnifique post que j'aurais pu écrire moi-même et c'est un récomfort fou, magique !! alors Anaïs, merci du fond du coeur !!