Magazine Journal intime

Le procès parental (suite)

Publié le 29 janvier 2011 par Bizz
Pour lire la première partie du Procès parental, c'est ici que ça se passe.
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La phrase produit son effet. L'avocat, un sourire satisfait, retourne à sa place en mentionnant qu'il n'a plus de question. C'est maintenant au tour du contre-interrogatoire du procureur. Celui-ci s'avance avec une moue dédaigneuse. Il toise l'accusée puis s'élance:
- Maman Bizz, vous n'en êtes pas à votre première infraction en ce genre, si je ne m'abuse. Le dossier que j'ai ici présent mentionne que vous avez utilisé le même genre de subterfuge pour faire avaler à Bébé fille du chou-fleur gratiné. Vous aviez alors proclamé, odieux mensonge, qu'il s'agissait de macaroni. Bébé fille, bien naïvement, y a goûté aveuglément. Est-ce exact?
- Oui, mais....
- Et je suppose qu'elle a également goûté au rôti dont il est ici question?
- Effectivement, mais....
- Vous avouez donc avoir délibérément menti à votre fille, le trésor de vos trésors, pour lui faire avaler, à ses risques et périls, deux aliments qu'elle se refusait de manger?
- Euh...oui, mais je dois préciser que.....
- Contentez-vous de répondre à mes questions, maman Bizz, ou je vous fais enfermer pour outrage au tribunal! Vous qui prôniez l'honnêteté à tout prix avant votre grossesse, vous voilà maintenant à mentir au fruit de vos entrailles. Avez-vous des remords?
- Un peu, bien sûr.
- UN PEU? Vous devriez avoir TERRIBLEMENT honte de votre crime. Je n'ai plus de questions, votre honneur.
Et pendant que le procureur regagne sa place pour laisser à la défense le soin de débuter son plaidoyer, l'accusée, prise de tremblements, s'écrie comme une folle:
- J'ai agi ainsi parce que je savais que c'était un caprice et qu'au fond, elle adorerait mon rôti. Je savais qu'elle s'en régalerait et que je devais simplement trouvé une petite ruse pour qu'elle prenne une première bouchée. J'AVAIS RAISON! Elle a tout mangé, tout mangé et elle a adoré!
Le juge tonne de sa voix forte:
- Silence! Silence! Maman Bizz, taisez-vous immédiatement où je vous envoie réfléchir en cellule, suis-je bien clair? Monsieur l'avocat, votre plaidoyer, que cette mascarade se termine rapidement.
L'avocat se lève, attache le bouton du bas de son complet comme le font tous les avocats dans les films et se tourne vers le jury (vous, lectrices et lecteurs).
- Mesdames et messieurs les jurés. Regardez attentivement cette mère. A-t-elle le profil d'une criminelle? Mère aimante, conjointe passionnée, amie fidèle, elle ne ferait pas de mal à une mouche. Oui, elle a trafiqué la vérité pour que sa fille prenne la peine de goûter un plat qui, comme l'accusée l'a dit, lui plairait assurément de toute façon. Elle n'avait pas le choix d'agir ainsi. Légitime défense. Pure et simple. Combien d'entre vous n'ont jamais menti à leur progéniture pour sauver les apparences ou pour rester sain d'esprit? Que ceux-là jettent la première pierre à ma cliente. Elle regrette, c'est certain, car l'honnêteté est une valeur importante pour elle. Mais il faut parfois savoir piler sur ses principes pour le bien de nos enfants. Avant de prononcer votre verdict, demandez-vous plutôt ce que vous auriez fait à sa place.
L'avocat retourne à sa place, le procureur se dirige vers les jurés.
- Jury, la question ici n'est pas de savoir si maman Bizz est une bonne ou une mauvaise mère. Non. Nous sommes ici pour juger de sa culpabilité face à deux chefs d'accusation précis : mensonge au premier degré et leurre de bébé affamé. Ainsi, a-t-elle, oui ou non, menti à Bébé fille de façon préméditée, l'a-t-elle leurrée pour lui faire avaler son repas? La réponse à ces deux questions vous guidera pour votre verdict de culpabilité. Et si c'était votre enfant qui était placé sous sa garde, quel serait votre verdict?
Pendant que le procureur retourne s'asseoir, le juge se racle la gorge et s'adresse aux jurés (vous).
- Suite aux preuves et aux témoignages apportés par les deux parties, je vous demande de rendre un jugement impartial et unanime. Une fois le verdict établi, je rendrai compte de la sentence qui attend maman Bizz, à moins que son innocence ne soit proclamée. Bonne délibération.
Alors, votre verdict?

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