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Téléconseiller et anti-dépresseur ("deux en un")

Publié le 07 février 2011 par Fossemalrockdie

C'est une drôle d'histoire qui est arrivée à un ami.

Je lui ai d'ailleurs dit quand il a eu fini de me la raconter : "Eh bien dis-donc".

Il m'a corrigé : "Ce n'est qu'un exemple".

Moi : "Ah. Eh bien ça alors".

Lui : "T'es lent de la comprenette" (merci Vargas Llosa).

L'histoire, donc : 

Mon ami s'appelle Gaspard.

Il est téléconseiller.

Il habite 35h par semaine sur une "plate-forme".

Son téléphone sonne, il appuie sur un bouton "prendre l'appel".

Il a un casque pour ne pas bouger.

C'est-à-dire pour ne pas perdre de temps.

Donc, dring.

Lui "Gaspard, votre téléconseiller chez nanana and Cie".

Elle : "C'est gentil de décrocher".

Lui (il passe sur le fait qu'il ne décroche pas, c'est un mec qui va à l'essentiel) : "C'est mon métier".

Elle : "Et modeste avec ça".

Lui : "Merci Madame".

Elle : "Non, c'est à moi de vous remercier. Aujourd'hui, la chaleur humaine se perd".

Lui : "En quoi puis-je vous être utile ?" (Gaspard, il n'aime pas les plans foireux quand il bosse).

Elle : "En me parlant".

Lui : "Vous ne rencontrez pas de difficulté technique avec l'aspirateur nanana and Cie ?".

Elle : "Je n'en possède pas".

Lui : "Souhaitez-vous recevoir de la documentation sur les produits nanana and Cie ?" (Gaspard est un bon élément dans son entreprise).

Elle : "Je m'en fiche".

Lui : "En quoi puis-je vous être utile ?".

Elle : "Vous me l'avez déjà dit, mais ça ne fait rien, je ne vous en veux pas, parlez, parlez-moi s'il vous plaît, chantez même, si ça vous arrange".

Lui : "Ce qui m'arrangerait, Madame, c'est de raccrocher car je ne suis pas exactement payé pour parler de tout et de rien".

Elle : "Là, c'est vous qui voyez. Mais vous êtes sévère avec vous".

Lui : "Je vais raccrocher, Madame. Si vous permettez, bien sûr".

Elle : "C'est vraiment charmant de me demander mon avis. Mais je vais vous décevoir…".

Lui : "C'est non ?".

Elle : "Gagné".

Lui : "Eh bien si".

Elle : "Non, non, non. Vous ne pouvez pas".

Lui : "On parie ?".

Elle : "Je n'aime pas parier".

Là, Gaspard a oublié la plate-forme. Il a confié ce qu'il pensait des paris. Il a raconté à sa correspondance qu'il rêvait de créer son business. C'était logique donc qu'il aime bien parier.

La dame s'est renseignée sur l'objet de son business encore dans les cartons.

Gaspard, il était bien à tchacher. C'était n'importe qui, mais qui s'intéressait à lui. Il lévitait sur sa plate-forme.

Et elle, pardi, elle avait téléphoné exprès.

La communication s'est coupée quand la dame a épuisé son crédit carte.

Non, là, je voulais vous épargner.

La dame, c'était la DRH de nanana and Cie.

Gaspard cherche du boulot, oui.

Pour parler de son projet dans les cartons.

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