Magazine Journal intime

Salut Marie!

Publié le 18 février 2011 par Sexinthecountry2

Pour ceux qui ne sont pas au courant. Aujourd’hui est un triste anniversaire. Il y a trois ans de cela une jeune femme que j’aime est disparue sans laisser de traces. Une artiste, musicienne, poète. Depuis sa disparition j’écris beaucoup sur elle. Surtout les jours plus significatifs, comme aujourd’hui. Donc, voici une p’tite lettre toute simple pour lui rendre hommage et surtout pour ne pas l’oublier parce qu’elle est précieuse lumière. www.trouvermarilyn.com

Hello ma Chérie!

Aujourd’hui ça fait trois ans que t’es partie. Une chance que le mois de février a fait une trêve et qu’il a plié un peu l’échine pour nous titiller le printemps. J’ai pensé à toi toute la journée. J’aimais ça te parler tu sais. Aujourd’hui. Si j’avais pu. Je t’aurais parlé de la lune qui montait au bout du chemin pendant tout mon trajet de retour à la maison. Toute pleine. Gonflée comme une perle molle et souriante. Sur un ciel bleu d’hiver humide. Bleu impossible. J’ai pensé : Marilune. Parce que tu te surnommais comme ça. Les astres, ça te va bien. Ce qui est vaste te va bien.  Si j’avais pu, je t’aurais dit que j’ai enfin consommé ce grand amour étourdissant dont je te parlais souvent et qu’il m’a rendue multiple. Je t’aurais demandé comment tu trouves ce nouvel album d’Arcade Fire que j’écoute en boucle depuis juste avant qu’ils gagnent aux Grammys. Je t’aurais confié que cet après-midi même, l’auteur que j’admire le plus m’a dit : «vous devez écrire!» Qu’il m’a dit «merci» pour le texte que je lui ai fait lire. Et après quelques soupirs j’aurais soufflé à ton oreille que le papa de ma précieuse amie est en train de vivre ses dernières heures. Que je suis dépassée. Que la mort est trop grande et mes bras trop petits pour endiguer la douleur qu’elle provoque. Et ce qui est merveilleux, c’est que je sais comment tu m’aurais écoutée. En me voyant. En voyant au-delà de mes mots la flamme entière qui fait ce que je suis. Ton sourire l’aurait bercée. Ta sincère empathie l’aurait portée.

Tu as cette incroyable précieuse et dangereuse ouverture sur l’autre. Depuis toujours. Je la comprends mieux maintenant parce que j’y touche un peu, sans me méfier désormais. À trente ans. Protégée. Je m’y abandonne. Mais chez toi. La lumière entre de partout. J’ai appris, en t’observant, à poser ce regard sur l’autre. Un regard généreux. Avide. Aimant. Tu as toujours eu de l’intérêt pour les gens hors norme. Tu as raison. S’ils sont un peu à côté du monde, c’est qu’ils ont un autre point de vue, un point de vue nouveau qui, si nous y étions attentifs parfois, pourrait nous chuchoter doucement comment mieux vivre les uns avec les autres.

J’étais avec toi ce fameux soir où j’ai vu mourir une étoile. Tu m’as expliqué, sans même l’avoir vu, cet inquiétant phénomène qui nous propulse des millions d’années plus tôt. Je me souviens m’être demandé de quelle planète tu pouvais bien provenir pour qu’un truc pareil t’apparaisse comme la chose la plus naturelle. Tu avais l’air d’avoir vu ça des milliers de fois déjà.

La dernière fois que je t’ai vue, tu m’as raconté avoir suivi un chemin de fraises fraîches dans la neige en te rendant au boulot. La dernière fois que tu m’as écrit, tu m’as dit que tu étais persuadée qu’il y avait un portail magique au magasin de musique où tu travaillais pour qu’autant de gens étranges le visite. Et que le lampadaire sous lequel tu fumais ta clope ressemblait étrangement à celui de Narnia. Marilyn magique. Marilyn qui sait voir  ce qui se cache sous les gens et les choses.

Tu es une artiste Marilyn. Une grande poétesse. Et si aujourd’hui ton œuvre d’amour n’est pas achevée. Je me chargerai d’en faire ma source d’inspiration. Parce que comme le dirait Duras : aimer c’est voir.

Ce soir c’est pleine lune et tempête solaire ma chérie. Même ce qui est vaste se déploie pour te rendre hommage petite fée du Rock’N’Roll.

Et moi, humble vivante, je n’ai que ces quelques mots impuissants à laisser traîner derrière les aurores boréales en espérant qu’où que tu sois, tu les aperçoives ou les ressentes : Je t’aime. Tu me manques.

xxx

Steff



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