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La Belle et le Vampire

Publié le 26 janvier 2008 par Laura Dove

Je n'avais pas touché une femme depuis des années et tout vampire que je fusse, je me trouvai gauche comme un adolescent guidé par une partenaire experte. Les caresses de ma belle m'enflammaient au-delà de toute raison. Alors que sa peau nue se pressait contre la mienne, je ne savais plus si je devais rire, pleurer... ou m'enfuir. Eléonor m'allongea pour m'embrasser; sa bouche descendit sur mon torse, mordilla mon téton, poursuivit le long de mon ventre et engloutit mon intimité. J'étais troublé de ne pas ressentir la satisfaction attendue, plus transporté par les frôlements de ses cheveux que par le ballet de sa langue.

Je l'attirai précautionneusement à moi et en retour, explorai ses courbes de mes mains et de mes lèvres, à l'affût de ses gémissements, savourant ses frissons. Son cœur battait à tout rompre. Comme elle fleurait bon! La sentant s'ouvrir, je remontai pour me glisser dans la fournaise entre ses cuisses. Nos corps s'entremêlèrent en une étreinte ardente. Le désir m'obnubilait. Son souffle m'enveloppait dans un tourbillon de démence. Ivre d'elle, je baisais son cou sans pouvoir m'en détacher. L'artère pulsait comme si le sang voulait en jaillir, m'appelait, m'envoûtait. Je cédai.

Eléonor cria lorsque mes dents percèrent sa peau, mais bientôt, ses déhanchements redoublèrent d'ardeur. Ses ongles lacéraient mon dos, creusant des sillons aussi délicieusement brûlants que fugaces -- tandis que, dans un sursaut de conscience, je m'étais pétrifié pour ne pas la briser dans ma fougue, ma compagne s'activait pour deux. La moiteur de son ventre me réchauffait autant que les lentes gorgées du nectar de sa vie. La sueur se mêlait au sang sur ma langue. Ses halètements s'accéléraient.

Le plaisir explosa dans ses entrailles, remonta jusqu'à sa gorge, ruissela dans ma bouche et se répandit en moi, moins intense que d'autres expériences plus sinistres, peut-être, mais ô combien plus exquis. Puis la passion reflua pour céder la place au remords. Une fois encore, je haïssais la faiblesse qui m'avait mu malgré moi. J'avais mordu la femme que j'aimais sans son consentement. J'avais bu son sang! Je me préparai à affronter horions, invectives, imprécations. Rien ne vint.

Auréolée de ses cheveux sur les coussins, à peine plus pâle que de coutume, la belle Eléonor me regardait sans que je parvinsse à déceler la moindre trace de courroux. A l'issue d'une éternité de silence -- Seigneur, comme j'eusse voulu pouvoir déchiffrer ces yeux à l'expression impénétrable! Que n'avions-nous le don de lire les pensées des mortels? -- elle ouvrit la bouche pour prendre la parole.

Ce qu'elle dit me glaça plus que ce que je redoutais tant.


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