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Black Swan : l'Oscar peut-il échapper à Natalie Portman ?

Publié le 24 février 2011 par Vinsh
Black Swan : l'Oscar peut-il échapper à Natalie Portman ?
Mes tartelettes aux noix de pécan, sache qu'hier soir, je suis allé voir le it film de la semaine dernière (parce que j'ai pas peur d'être has-been, tant que c'est à une ou deux semaines près) : Black Swan, donc. Ou comment Natalie Portman va avoir l'Oscar de la Meilleure Actrice (sauf si Annette Bening vient la coiffer au poteau par surprise à la dernière seconde).
Je connais pas bien Darren Aronofsky. Requiem For A Dream, j'ai jamais eu le courage. Le bras en décomposition de Jared Leto, non merci. The Wrestler et ses agrafes, non plus.Black Swan ne fait pas trop exception à cette tendance anxiogène à mutiler les corps de ses interprètes, et c'est à la fois ce qui m'a le plus gêné et ce qui m'a le plus retenu dans l'intrigue de ce dernier film. Savoir, ou pressentir, que des trucs gore vont survenir a le don de me tenir éveillé : c'est ce qui permet à Black Swan d'être pompeusement qualifié de thriller, alors que c'est juste l'histoire, assez clairement voulue comme telle, d'une fille qui devient schizo.

Black Swan : l'Oscar peut-il échapper à Natalie Portman ?

D'ailleurs ça se voit...


Donc la Natalie Portman joue le rôle de Nina, une danseuse étoile du New York City Ballet. Cela fait quatre ans qu'elle se fait chier avec discipline dans le rang des jolies poupées sans formes, sans fesses et sans nichons qui peuplent cette fascinante tribu artistique. Sans connaître la danse classique, on sait déjà que ce milieu exige beaucoup de maîtrise de son corps, de privations et de difficultés, dans une espèce de quête d'absolu et de beauté dont nous, pauvres mortels nourris au Big Mac et aux conneries de blogging, sommes bien incapables. Et donc, Nina, ça fait un peu quatre ans, comme toutes les autres, qu'elle attend son heure.
Et son heure vient, puisque la compagnie décide de gicler sa vieille star Beth (Winona Rider, perturbante), pour "offrir au monde un nouveau visage" juvénile et frais. Le chorégraphe pervers (Vincent Cassel, grotesque comme souvent en anglais, mais apparemment je suis le seul à le penser) veut monter "sa" version du Lac des Cygnes, et choisit pour le double-rôle principal la gentille cruche Nina, pour sa maîtrise technique et son potentiel, mais il trouve qu'elle a un balai dans le cul. Ce qui n'est pas gênant pour incarner le cygne blanc, mais plus problématique pour entrer dans le peau du sensuel et manipulateur cygne noir... Nina va donc devoir se dépasser, chercher en elle son potentiel de femme... bref, c'est à partir de là que ça dégénère.
Drame en coulisse, crêpages de chignons, folie rentrée mais de plus en plus évidente : finalement rien de bien révolutionnaire, mais tout (ou presque) réside dans l'interprétation. En plaçant le spectateur dans le regard de Nina (on ne la quitte pas d'une semelle de tout le film), le réalisateur s'amuse : de plus en plus fréquemment, on voit qu'il se passe des trucs bizarres, au point qu'on finit par ne plus faire la différence entre réalité et hallucinations. Evidemment, ce rôle, cette attente, ce désir, tout cela n'est pas anodin pour Nina. Cela nous est suggéré, avec de gros sabots, tout au long du film, parfois à coups de clichés : la mère abusive qui est passée à côté de sa carrière de danseuse et pousse sa fille à la vivre pour elle, la sonnerie de portable, la rivale sensuelle et pleine d'assurance avec ses ailes noires tatouées dans le dos (Mila Kunis, ex-That 70's Show, très très bien), la boîte à musique probablement écoutée depuis l'enfance, les cygnes en peluche dans la chambre de petite fille... 
Bref, Nina a enfin le rôle de sa laïfe, elle n'a pas trop le droit de se planter sinon sa vie n'aura plus de sens, elle a un peu la pression, se monte la tête et va devoir traverser (et nous avec) sa peur de réussir, ses angoisses à dépasser, sa paranoïa grandissante, son corps qu'elle sollicite tant...
Personnellement, j'ai avant tout été bluffé par la performance de Natalie Portman, restant quelque peu insensible au glauque grand-guignolesque un peu usé d'Aronofsky. Portant le film de bout en bout (puisque le film consiste à la suivre et à "vivre" ce qu'elle vit), elle passe par de nombreux états et réussit à nous faire épouser son état d'esprit, ses névroses et ses angoisses. La fin est un peu bazardée, mais l'expérience que le film nous fait traverser aux côtés de la petite Natalie reste un tour de force. Quand on se souvient par ailleurs de prestations précédentes comme V for Vendetta, Closer ou Star Wars... On se demande comment Hollywood pourrait se priver de récompenser cette actrice déjà entrée dans l'histoire du cinéma, capable d'à peu près tout sans se départir de son regard légèrement soucieux.

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