Magazine Journal intime

Soie

Publié le 24 février 2011 par Araucaria
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Soie est mon premier contact avec Alessandro Baricco, c'est un excellent livre, très bien écrit. J'ai apprécié d'autant cette lecture que je rapproche ce roman de celui de Gérard de Cortanze "Assam" (bien plus volumineux et détaillé cependant). Alors que Cortanze nous entraîne jusqu'en Inde à la recherche de l'arbre à thé, Baricco va nous conduire au Japon pour l'acquisition d'oeufs de vers à soie. C'est aussi, un roman d'aventure, d'amour, de passion, de désir. Un beau livre à consommer sans modération.
Résumé : Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des oeufs sains. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c'est le choc de deux mondes, une histoire d'amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d'une voix, la sacralisation d'un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur, la lenteur des saisons et du temps immuable.
Un extrait : A noter que les quatre voyages de Hervé Joncour seront décrits de la même façon par Alessandro Baricco, à quelques mots près.
"Hervé Joncour partit avec quatre-vingt mille francs-or, et les noms de trois hommes que Baldabiou lui avait procurés : un Chinois, un Hollandais et un Japonais. Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtenberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu'à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d'atteindre le lac Baïkal, que les gens de l'endroit appelaient mer. Il redescendit le cours du fleuve Amour, et quand il fut à l'Océan, resta onze jours dans le port de Sabirk en attendant qu'un navire de contrebandiers hollandais l'amène à Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. A pied, en empruntant des routes secondaires, il traversa les provinces d'Ishikawa, Toyama, Niigata, pénétra dans celle de Fukushima et arriva près de la ville de Shirakawa, qu'il contourna par l'est, puis attendit pendant deux jours un homme vêtu de noir qui lui banda les yeux et qui le conduisit jusqu'à un village dans les collines où il passa la nuit, et le lendemain négocia l'achat des oeufs avec un homme qui ne parlait pas et dont le visage était recouvert d'un voile de soie. Noire. Au coucher du soleil, il cacha les oeufs dans ses bagages, tourna le dos au Japon, et s'apprêta à prendre le chemin du retour.
Il avait à peine laissé les dernières maisons du village derrière lui qu'un homme le rejoignit, en courant et l'arrêta. Il lui dit quelque chose sur un ton excité et péremptoire, puis le fit revenir sur ses pas, avec courtoisie et fermeté.
Hervé Joncour ne parlait pas japonais et ne l'entendait pas non plus. Mais il comprit qu'Hara Kei voulait le voir.
Un panneau de papier de riz glissa, et Hervé Joncour entra dans la pièce. Hara Kei était assis sur le sol, les jambes croisées, dans le coin le plus éloigné de la pièce. Il était vêtu d'une tunique sombre, et il ne portait aucun bijou. Seul signe visible de son pouvoir, une femme étendue près de lui, la tête posée sur ses genoux, les yeux fermés, les bras cachés sous un ample vêtement rouge qui se déployait autour d'elle, comme une flamme, sur la natte couleur de cendre. Hara Kei lui passait lentement la main sur les cheveux : on aurait dit qu'il caressait le pelage d'un animal précieux, et endormi."
...
Alessandro Baricco - Soie - Folio n° 3570

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