Magazine Journal intime

La bonne thaï

Publié le 26 janvier 2008 par Fyfe
Quand on m'a offert ce massage thaï, on m'a bien prévenu : le massage traditionnel, c'est du genre violent, à la limite de la douleur, demande un truc plus doux si tu as peur.
Bon.
Dois-je rappeler que je suis une aventurière du quotidien ?
Une exploratrice des cultures du monde (et du 12ème arrondissement en l'occurrence) ?
Bon.
Donnez m'en 1h30 s'il vous plaît.
Du traditionnel, of course, gardez votre came frelatée pour les touristes, merci.
Même pas peur.
Routarde, moi, j'te f'rai dire.
Je suis la dame ?
Ok je suis la dame.
Ah on on peut pas dire, c'est dépaysant, on s'y croirait : odeur de riz thaï (mioum), madames mini format qui se parlent en thaï (ou en tchèque, pour ce que je comprends).
Ça fait tellement vrai que je me demande si elles ont un salaire de là-bas aussi.
(Punaise, ma conscience politique me fatigue, des fois, je vous jure)
Mais, euh, ça ressemble à une cave, ou bien ?
Une cave propre et avec des alvéoles individuelles, certes, mais une cave quand même.
La madame me pousse dans une alvéole, me tend un pyjama gris, un panier en osier, et s'en va, non sans m'avoir expliqué ce que je devais faire. En thaï. (ou en tchèque).
Bon.
Je me débarasse de mes vêtements dans le panier en osier et j'enfile le pyjama gris (et non l'inverse), en espérant ne pas commettre un impardonnable impair (ben quoi, et si j'avais souillé un panier en osier sacré avec mes habits ?).
(oui, je suis très con parfois. Et ça me fatigue presqu'autant que ma conscience politique).
Il fait sombre dans la pièce. Je m'asseois sur le matelas en attendant ma geôlière. Pardon, ma masseuse.
Et je n'ai aucune raison de penser que je suis dans le remake thaï de midnight express.
A part la cave. A part le pyjama. A part la séance de torture qui arrive.
Alors que je commence à chercher des yeux une issue me permettant de m'enfuir, la mini-madame revient.
Me fait comprendre que je dois m'allonger.
Inspire, expire.
Jusqu'ici tout va bien.
Certes ça fait 8 secondes, mais quand même, c'est encourageant.
Au bout de 10 secondes, il est clair qu'effectivement, c'est vigoureux comme style de massage.
Mais le corps a des ressources insoupçonnées.
Par exemple, je ne pensais pas que mes genoux pouvaient supporter le poids d'une adulte, aussi mini fut elle.
Tiens, on dirait qu'elle va faire craquer mes doigts de pieds.
Oh mon dieu.
Zen. C'est pas grave, Fyfe, c'est pas grave. Les doigts de pieds ça ne servait à rien de toutes façons.
Ah oui quand même. Tout son poids sur mon pubis.
J'ai peur, j'ai l'impression qu'elle va m'emballer.
Mais c'est dingue comme le corps peut se plier dans tous les sens quand même !
Je crois qu'on a tout testé question sens et parties du corps, là, non ?
Ah, au temps pour moi, la cheville droite derrière la nuque gauche, on n'avait pas fait encore.
Alors que la mini-madame tente de communiquer avec moi avec un grand sourire que j'essaye de lui rendre, j'ai une pensée émue pour feue ma colonne vertébrale.
Je m'en servais de ma colonne, quand même, un peu.
Ça doit être ça l'effet relaxant : apprendre en 1h30 à faire le deuil de son corps.
En même temps, on s'habitue.
Le tout c'est de se laisser aller. En résistant moins, la douleur s'efface pour laisser place à une étonnante sensation de bien-être.
Je suis en train de devenir masochiste ?
Non, parce qu'en fait, c'est divin.
Et puis mes os n'arrêtent pas de craquer et j'adoooore ça (un jour, j'épouserai un osthéo)(et un autre jour, j'arrêterai de faire peur aux gens avec mes bizarreries).
Finalement, je me vois bien vivre en Thaïlande, de plaisirs simples et zen.
D'amour, de massages, de langouste, et de champagne.
Et d'eau fraîche, si vous insistez.

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