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Publié le 09 février 2011 par Stéphan @interpretelsf

Le dernier numéro du Journal de l’Afils (N°76, Décembre 2010) raconte l’anectode suivante arrivée à l’un (l’une ?) de mes collègues :

Un interprète en langue des signes se retrouve dans un commissariat de quartier. Un homme, sourd et passablement parano, a l’habitude de se rendre à la police pour des prétextes les plus insensés, comme le simple fait qu’un inconnu lui ait lancé un regard de travers dans le bus. Les policiers le connaissent donc très bien.
Le fonctionnaire de permanence l’écoute poliment avec un large sourire mais sans prendre de notes puis lui explique patiemment qu’on ne peut déposer de plaintes pour un événement aussi futile. Furieux, le sourd se lève de sa chaise en faisant de grands gestes. L’interprète hausse donc franchement le ton et s’écrit : « ça ne vous intéresse pas ce que je vous raconte ? ! Ah ben c’est bien la police ça ! Vous n’êtes tous qu’une bande fainéant ! Nous, on paye des impôts pour que vous ayez un salaire, et vous, vous passez votre temps assis derrière votre bureau, à tapoter sur l’ordinateur, boire des cafés et fumer des clopes ! Voilà à quoi servent mes impôts !!! » .
Et cette personne sourde, hors d’elle-même, se met à enchaîner des bras d’honneur en plein milieu du commissariat. L’interprète, toujours fidèle ne se démonte pas et hurle : « allez vous faire foutre, allez vous faire foutre, allez vous…« . Alors le policier le coupe et lui dit : « Euh, merci mais là je pense que j’ai compris, pas la peine de traduire… » .
« Désolé, répond l’interprète avec un grand sourire, mais je me dois de traduire fidèlement et intégralement les propos échangés », tout en songeant que décidément le code déontologique de sa profession a du bon, il lui permet même d’insulter la police sans craindre d’être poursuivi pour outrage à agent.
Jubilatoire, non ?



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