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Petit éloge d'un solitaire

Publié le 13 mars 2011 par Araucaria
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Livre que j'ai acheté et voulu découvrir, car je possède ce trait de caractère.
Texte difficile, car l'auteur fait son introspection. Le jour de sa naissance, le grand-père a prononcé ces paroles "Je peux mourir en paix." Il disparaîtra effectivement quinze jours plus tard; et cette phrase va hanter l'écrivain.
Son grand-père, il le découvrira grâce au témoignages de son père et d'un oncle, et par l'intermédiaire d'une photographie des années 20. Mais il est bien difficile de cerner cet homme qui ne se livrait pas, était très dur avec sa famille, parlait peu, n'avait pas d'ami et vivait en solitaire.
"Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui,
Ou le fils de l'homme, pour que tu prennes soin de lui?"
HEBREUX, II, 5

Quatrième de couverture :
"Il était de ces êtres, si incompréhensible aujourd'hui, qui ont le goût de la solitude : une solitude qui était plus un accomplissement que de la misanthropie ou la contestation de l'ordre social qu'elle est devenue dans une société qui a fait du vivre-ensemble, de la transparence, du festif, de la convivialité, une des figures de la démocratie où les solitaires sont suspects aux vertueux hédonistes du nouvel ordre moral. Mais s'il aimait autant la solitude, c'était qu'il pouvait ainsi laisser libre cours à ce qu'il faut bien appeler son originalité ou ses "bizarreries."
Un extrait :
"C'était un étranger qui avait quitté les siens, non seulement l'espèce d'étranger qu'il avait toujours été pour eux, d'une certaine façon, mais celui dont la figure ultime accomplissait cette loi qui veut que tout humain soit un étranger sur la terre, y compris à lui-même. Et c'est donc à partir de cette étrangeté que j'ai cheminé vers ce lointain qui se dissipe un peu depuis que j'ai sous les yeux une photo de lui, la dernière peut-être, vers 1948, où on voit, marchant dans une rue de Toulouse, un homme en costume sombre, la chaîne de montre au gousset, la canne dans une main, la main d'un enfant dans l'autre. Ce n'est plus le visage fauréen des années 20. Il a, avec sa moustache blanche, son feutre mou et son air distingué, lointain et un peu interrogateur, je ne sais quoi de ce qu'on voit sur les dernières photographie de William Faulkner. L'enfant est un de mes cousins; mais je ne puis regarder cette photo sans me dire que cet enfant c'est moi, grâce à l'anachronisme du sang qui est une des grâces que nous fait parfois le temps, parce qu'une parole a été prononcée à notre sujet, voire pour nous."
Richard Millet - Petit éloge d'un solitaire - Folio n° 4485

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