Magazine Journal intime

Courtoisie élémentaire

Publié le 01 octobre 2009 par Brunobelbezier
Dans les foulées des matins pressés et les heures de pointe en ville, on assiste parfois, peut-être même plus souvent qu’autrement, à des scènes déplaisantes.
Que ce soit la simple scène quasi quotidienne de la personne âgée, enceinte ou handicapée debout pendant un long trajet alors que des petits bouts de jeunesse dans la pleine fleur de l’âge sont trop obnubilés par leur dernier gadget électronique pour ne serait-ce que dégager le regard de leur petit nombril et découvrir qu’il existe un monde autour.
J’exagère? Un peu. Si peu.
L’autre jour, un métro bondé. Des gens pressés les uns contre les autres. Une dame, tout près de la porte, debout, avec un livre. Elle n’obstrue pas le passage. Elle se tasse autant qu’elle le peut sur le côté. J’avoue cependant qu’elle semble complètement partie dans son livre.
Le metro arrive en station, les portes s’ouvrent. Les gens se pressent pour sortir. Un monsieur, derrière la dame claque bruyamment de la langue, pousse un soupir à fendre l’âme la plus endurcie, puis fonce carrément dans la dame en la bousculant impitoyablement au passage.
Je ne sais pas mais….un simple ‘Excusez-moi’ n’aurait-il pas fait l’affaire?
Quel est le principe selon lequel on se permet de donner des leçons de politesse en étant encore plus malpoli?
Ce que j’ai trouvé terrible quand j’ai migré pour la première fois dans une grande ville, c’est justement ce manque de courtoisie élémentaire. Je conduisais encore ma propre voiture à ce moment là.
Un jour que ma mère était en visite, j’étais allée la prendre à la gare. Pendant le trajet de retour, je la vois qui tient nerveusement la poignée de la portière et qui jette désespérément des regards apeurés à gauche et à droite.
A un moment, elle me dit que je suis vraiment devenue Montréalaise. Surprise, je lui demande ce qu’elle entend par là. Depuis le départ de la gare, je n’avais cessé de pester contre les autres conducteurs sur la route, j’avais fait quelques queues de poisson, dépassé par la droite. Toujours en sortant un chapelet d’insultes bien senties et tout aussi sonores.
Cette révélation m’a fait l’effet d’une douche froide. C’est ce jour là que j’ai compris que je devais faire attention, sous peine de perdre définitivement mon âme de banlieusarde attendrie. Parce que si on ne porte pas attention, on devient comme eux, cette masse anonyme et compacte de zombies urbains. Ne pensant qu’à sa pomme et basta les nécessiteux! A mort les faibles et poussez-vous que je passe!
Bien sûr il m’arrive de me laisser porter par le mouvement, d’être distraite, maladroite ou d’oublier.
Et il arrive même parfois que, comme bien d’autres, je n’ai carrément pas le choix. Question de survie du plus fort.
Autre jour, autre metro, autre station. Les portes s’ouvrent et un mur, littéralement un mur de gens se pressent pour monter. Pour sortir, les passagers auront dû jouer sérieusement des coudes et des épaules ce jour là.
Je ne suis pas mieux que les autres. J’ai serré les poings, pris une grande inspiration. Et j’ai foncé dans le tas.

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