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Les cycles de la vie

Publié le 15 août 2009 par Brunobelbezier
On les fabrique a partir de trois fois rien. Quelques galipettes bien senties, au bon moment, puis hop! C'est le miracle qui se produit. Ils sont là.
Pendant 40 longues semaines, on endure la fatigue accablante. Les maux de coeurs. Les crises de larmes fulgurantes. Les maux de dos, le sciatique qui bloque quand ça lui chante. Les pipis toutes 45 fois par jour. Les envies inexplicables de crème glacée au cornichon ou de soupe au chocolat. Les nuits sur le divan à ne pas pouvoir dormir parce que....plus de position.
Et juste quand on pense qu'on en peut vraiment plus, qu'on ne peut plus aller plus loin, ni plus longtemps sans risque d'exploser, au sens le plus littéral du terme, notre corps s'engage dans le plus incroyable marthon qui soit. Pendant des heures interminables, on est labourées, torturées et taponées svp à travers tout ça, avant d'être écartelées et déchirées.
Mais tout ça ne compte plus, en un seul instant dès qu'on aperçoit cette petite chose rose et gluante. Out les menaces de mort proférées contre l'homme de notre vie même pas 5 minutes plus tot. Out la claque sur la gueule qu'on s'est promis de donner à l'infirmière si elle se permettait de nous toucher encore. Plus rien ne compte. Plus rien d'autre que ce petit miracle.
Et quand je dis plus rien, il ne s'agit pas d'un euphémisme! Si vous l'ignoriez encore, je vous appred aujourd'hui que la femme est ainsi faite que les neurones supposés faire fonctionner son cerveau sont importés et cultivés en fait dans le liquide amniotique. Par conséquent, lorsqu'elle perd les eaux....
Pendant des mois, on vit dans un monde parallèle. Les heures de sommeil et celles des repas, kosséca? Toute la vie se transforme, se recrée et s'organise autour du bébé.
Lentement, lentement, on les voit grandir, évoluer, devenir des petites personnes distinctes, uniques. Têtues aussi parfois hein. Mais on célèbre chaque pas de leur évolution à grands renforts d'encouragements.
On supporte tous les effets collatéraux tels que les crises. Les poussées de croissances, le crises de coliques. Celle du terrible two, celle du non, celle de l'affirmation and so, so, so long jusqu'à la crise de l'âge adulte. On supporte la manque d'argent presque permanent. Les épiceries qui coûtent plus cher que 2 voitures de l'année. Les jeunes et leurs amis qui s'installent une chambre secondaire dans le frigo et un dépotoir dans le salon. On supporte les copains qu'on ne peut pas piffer, mais qui elisent résidence secondaire dans notre salon pendant des jours, voire des semaines. On supporte les crises de nerfs en public. Les humiliations multiples. Les commentaires désobligeants de professeurs, d'éducatrices ou autres touintouins bardés de diplômes et plus ou moins bien intentionnés. Boswell, on supporte même la visite de la police qui vient nous prévenir que le petit dernier fait trop de boucan au goût des voisins! Ou que la plus vieille a pris le champ avec la nouvelle voiture qu'elle a depuis tout au plus 2 semaines.
Et a travers tout ça, on perdure le miracle. Multipliant souvent une piastre en 10. Passant de nombreuses nuits blanches à se faire plein de soucis d'école, d'amis, de réussite. De bien être. Repoussant sans cesse les limites de toutes nos compétences fonctionnelles en toutes choses, budget, cuisine, soins infirmiers et psychologie. Jonglant avec notre temps, notre argent, nos ressources, nos relations. Ebahis de voir jusqu'à quel point peut s'étirer notre patience. Et à jusqu'ou on peut couper dans nos besoins personnels pour faire passer ceux de nos enfants d'abord.
Et tout au long de cette longue aventure, on repense à nos parents à nous. Imaginant ce qu'ils auraient fait dans la même situation. Réalisant soudainement, après toutes ces nombreuses années les véritables raisons de telle ou telle dispute. Et peut-être même qu'on a un peu honte, des fois, en repensant à comment on agissait, dans ce temps là, quand on était encore de ce côté là de la clôture. Et leur tirant, en bout de compte, le chapeau bien bas.
Et on compte un peu les années aussi. Parce qu'on se dit qu'un jour, on finira bien par finir d'être le sein éternellement gorgé de lait toujours prêt à fournir au moindre signe de faim. Et qu'un jour ou l'autre, quand ils seront assez grands, on n'aura plus perpétuellement le chemisier avec une épaule détrempée de larmes et le devant taché de morve ou de nutella. Et peut-être même, si on est extrêmement chanceux, on pourra aller faire pipi tout seul, sans être dérangé, pour une fois.
Mais la vérité, je commence à l'entrapercevoir aujourd'hui, après 20 ans de métier, c'est que non. Ça ne s'arrête pas quand l'enfant, devenu plus haut que vous d'une bonne tête, peut porter seul la fourchette à sa bouche. Non. Même pas quand il est capable de remplir lui-même son assiette, non.
Ah les soucis ne sont plus les mêmes. C'est clair.
Les soucis sont désormais à hauteur de leur tête. Qui je vous le rapelle, dépassent la votre de plusieurs bons centimetres!
Et on se retrouve assez rapidement avec la mélancolie des nuits sans sommeil ou la solution de tous les problèmes consistait en un biberon chauffé à point, un sein maternel ou une couche sèche. La nostalgie des gros chagrins qu'un simple bisou et un bandage sur le genou soignaient efficacement.
Les nuits blanches sont désormais plus blanches que blanches! Et on comprend qu'on doit vite se retrousser ce qu'il reste de nos vieilles manches usées pour entammer un tout nouveau cycle de développement de compétences parentales. Et on en revient pas trop qu'après 20 ans à pratiquer intensément le même métier, on se retrouve encore une fois dans un rôle de débutant qui ne sait rien et a tout à apprendre. Et pire encore, par essais et erreurs.
Le rôle de parent en est décidément un d'humilité.
Papa, Maman, je vous aime un peu plus chaque jour depuis que je suis devenue parent à mon tour. Aujourd'hui, plus que jamais, je dois vous le dire cependant....criss que je vous admire!!!

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