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Mon roman - Extrait du tome 3 : si seulement ...

Publié le 30 janvier 2008 par Plume
Immobile près du réverbère, Alicia observait avec attention l'immeuble délabré de l'autre côté de la ruelle sombre … Le col de son blouson relevé dans ses longues boucles noires, elle se demandait si elle avait eu là, vraiment, une bonne idée. Le pansement, au dessus de ses épais sourcils bruns, la gênait … Aucun bruit, si ce n'est celui du trafic sur l'avenue. Aucun mouvement non plus, si ce n'est ceux, indifférents, de chiens errants fouillant les poubelles. C'était désert. Alicia pinça les lèvres. L'immeuble n'avait sûrement pas été habité depuis très longtemps. Pourtant, c'était là que quelques jours plus tôt, cachée dans l'ombre d'un couloir en ruine, elle avait assisté à cette rencontre qui devait la bouleverser … Alicia se mit à trembler d'angoisse. C'était sûrement une pure folie de sa part de revenir ici et s'exposer ainsi aux membres redoutables de cette Organisation qui en avaient après elle, après cette fameuse petite clef. Mais elle était décidée. C'était dangereux. Elle en avait conscience. Ils étaient peut-être encore là. Peut-être y était-elle aussi. Il fallait qu'elle y aille … Elle voulait comprendre ce qui se passait. Elle devinait que Laurine en savait bien plus long sur son passé qu'elle ne lui en avait dit. Sa voix, au téléphone, lui avait paru particulièrement confuse et troublée. Et quand elle lui avait posé la question, elle avait éludé. Maladroitement. Peut-être avait-elle résolu le mystère de la petite clef ? Une lueur de fierté brilla l'espace d'une seconde dans son profond regard. Elle en était bien capable ! Son amie … Mais la lueur s'estompa aussi rapidement qu'elle était apparue. Sombre, Alicia traversa la rue, poussa le battant vermoulu, entra dans l'immeuble… Peut-être n'y avait-il plus personne. Mais elle espérait découvrir … En fait, elle ne savait pas vraiment quoi, quelque chose, un indice qui lui permettrait de trouver un début d'explication à son histoire. A leur histoire. Pas un bruit. Tout juste les petits cris de quelques rats ou souris qui galopaient sur le plancher au dessus de sa tête. Alicia avait le cœur qui battait la chamade. Frôlant les murs poussiéreux, elle avançait prudemment dans le long couloir à demi obscur. Ses yeux s'habituèrent très vite à la pénombre. Cela l'étonna. Elle se dit avec un brin d'humour qu'elle devait avoir été chat dans une autre vie … Puis elle concentra son attention sur ce qui l'entourait, tous les sens en alerte. Elle était émerveillée de son aptitude soudaine à percevoir le moindre son, le moindre signe de danger, comme si son corps tout entier n'avait été conçu que dans un seul but : la protéger. Cela avait quelque chose d'extraordinaire. C'était inattendu … Mais pas surprenant. Un voile de larmes passa rapidement sur sa vue. Elle était la jumelle de Thétra. Quoi de plus naturel qu'elle possède les mêmes capacités de survie ?   La pièce était vide. Il n'y avait personne. Alicia ne sut pas déterminer si ce constat la soulagea ou l'attrista. Elle aurait peut-être aimé la retrouver … Secouant son émotion, elle s'approcha du bureau, jetant des regards inquisiteurs autour d'elle. Une lame de parquet grinça soudain sous son pas. Elle s'immobilisa immédiatement, retint son souffle… Silence. Alicia se détendit et se tança intérieurement. Elle n'arriverait à rien si elle continuait à être aussi nerveuse ! Vaguement irritée contre elle, elle fit le tour du seul mobilier présent, jeta un coup d'œil par delà la fenêtre aux carreaux cassés … La ruelle était plus déserte encore que lorsqu'elle était arrivée. Même les chiens étaient partis. Alicia passa un doigt sur le bois. Une fine pellicule de poussière s'éleva. Elle soupira. Cela faisait certainement un petit moment que personne ne s'était installé à ce bureau, sans doute depuis que Mélina Kolreuter Strauss s'était manifestée. Ses longs yeux noirs se mirent à briller intensément … Curieusement. Elle tira le premier tiroir. Rien. Elle tira le second. Rien non plus. Elle tira le troisième dans un mouvement d'humeur incontrôlable … Un frisson de dégoût lui parcourut alors la colonne vertébrale. Elle hésita un instant, comme si elle avait peur de se brûler puis, les dents serrées, prit la chemise en carton décorée de la croix gammée. Des nazis … Alicia eut soudain envie de pleurer. Quels rapports avaient-ils donc avec son passé ? Son histoire ? Sa naissance ? Leur naissance à toutes les deux ? Les jumelles Strauss … Elle oscilla un court instant entre une furieuse envie de fuir en courant loin de tout ça et son désir tout aussi puissant de continuer à chercher. Elle opta rapidement pour la seconde solution. Elle voulait comprendre pourquoi Elaura Geschkalaï était morte. Qu'importe ce qu'elle découvrirait peut-être ! Mais au moins que tout ceci ne soit pas arrivé pour rien … Elle ouvrit la chemise cartonnée. Il n'y avait pas grand chose en réalité là-dedans ! Quelques feuilles blanches recouvertes d'une fine écriture parfaitement illisible, et d'autant plus illisible que c'était écrit en allemand, et deux photos …

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