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En passant par Amsterdam

Publié le 27 mars 2011 par Jlk

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Amsterdam, le 11 mars 2011. - Ce soir nous avons suivi, à la télévision néerlandaise, les terrible nouvelles relatives au tremblement de terre japonais, dont les premières images, coupées en sorte de ne montrer aucune victime vivante, à la japonaise, n’étaient pas moins effarantes par la violence du tsunami emportant tout sous le déferlement de sa vague de quinze mètres de hauteur, même vue de loin, même atténuée ensuite par le passage en boucles des mêmes images répétées dix et vingt fois…Alors j’ai revu les petits enfants de la rue d’Amsterdam et j’ai imaginé ce flot les emportant tout à coup.

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Enfin, après le dîner, nous nous sommes rendus ensemble au Musée Van Gogh où se tient ces jours une intéressante exposition consacrée aux premières années parisiennes de Picasso, jusqu’à l’épisode expressionniste (les très beaux portraits de son ami suicidé sur son lit de mort) et la période dite bleue, avec l’impression à tout moment que le jeune prodige absorbe tout – on peut dire carrément qu’il pompe tout, de Toulouse-Lautrec à Vallotton (couleurs et dessins) en passant par les impressionnistes et les nabis, et toutes les tendances plastiques de la peinture et de la sculpture, jusqu’à l’art nègre qui marque son passage de la figuration à la déconstruction.
Son processus de décomposition-recomposition des formes correspond assez exactement, en effet, à ce qu’on a appelé la déconstruction, qui s’observe parfaitement dans son analyse de la sculpture primitive qu’il copie, déforme et reconstruit pour en tirer quelque chose de neuf.
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Or cette évolution de son art - cette invention plus précisément, d’un art qui se nourrit de tout pour devenir de plus en plus personnel, se distingue ici à vue pour se trouver mis en relation, tout à coup – très belle idée, ai-je trouvé – avec une petite version des Baigneurs de Cézanne…

Amsterdam, ce samedi 12 mars. – Ciel gris sur Amsterdam, où nous nous laissons un peu vivre chez nos chers hôtes, que j’aime bien. Nous faisons connaissance en coupant nos fines tranches de fromage orange, je pense aux papiers que je dois faire avant de partir en Grèce, nous parlons de Proust dont Marianne est en train de lire la grande biographie de Jean-Yves Tadié.
Puis nous nous rendons au Rijks. Comme le râleur de Thomas Bernhard, dans Maîtres anciens, ne s’arrête que devant tel vieil homme du Tintoret, j’aurais tendance moi aussi à ne revenir, au Rijks, que devant quelques Rembrandt qui sont pour moi le sommet de tout, ou plutôt le fond du cœur humain, l’âme de la créature à la fois pleinement incarnée et sublimée - et ce matin j’évite la foule pour revenir dix fois au petit Autoportrait de 1628 du jeune Rembrandt à la chevelure d’ange bouclé éclairé par derrière.
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Je vais comme pour vérifier qu’il est bien là, comme je me repasserais une mesure de la 9e de Beethoven. Et voilà : j’en ai pour ma joie. Ensuite je vais voir, par politesse, les salles spéciales consacrées à Metsu, dont certaines scènes de genre me touchent, mais j’admire seulement, tandis que Rembrandt : j’aime, absolument, comme j’aime, absolument Beethoven.

Amsterdam, dimanche 13 mars. – Ce matin au Musée Van Gogh, pour Van Gogh, dont je découvre le nouvel étage consacré à ses contemporains français. Plusieurs merveilles mais je néglige de noter. Ensuite les étages de Vincent, très encombrés de foule dominicale, mais nous en avons une fois de plus pour notre joie. Dans la foulée je me dis : peut-être pas un immense peintre au sens conventionnel, mais lui aussi un poète de l’absolu, comme Rembrandt et Beethoven. On l’aime plus qu’on l’admire: On l’aime avant tout.
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Ensuite au Vondelpark avec ma bonne amie. Grand charme du lieu, excellent bluesman noir entouré de jeunes filles, canards comiques, monument monumental à je ne sais quel poète romantique - je note mentalement que je ne me suis jamais embêté au fil de nos voyages avec Lady L. (...)


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