Magazine Journal intime

Je ne sais rien

Publié le 06 avril 2011 par Sexinthecountry2

Tout ça s’est d’abord rendu à moi comme une faible rumeur. N’ayant qu’un accès intermittent à internet, vivant sans téléviseur, n’écoutant peu ou pas la radio, j’ai lu quelques statuts, aperçu quelques liens (sur lesquels je n’osais pas cliquer de peur que mon portable explose) ou twits. Mais aujourd’hui, alors que je me branche dans un café c’est toute la vague qui déferle sur moi. J’ai d’abord lu la chronique de Tristan Malavoy Mots croisés, puis Le droit de vivre de Marc Cassivi dans Cyber presse, ensuite le mot de Laurraine Pintal dans Le Voir, puis l’article de Patrick Lagacé sur son blog, l’article de Samuel Mercier Mouawad et la tragédie sur le blog La Swompe, puis Cantat : pas une histoire de droit par Catherine Voyer-Léger, puis Le retour de Bertrand et d’Antigone dans le Devoir par Francis Dupui-Déry. Je crois que ça fait le tour pour l’instant.

Dès que j’ai eu bien compris de quoi il était question, je me suis mise à fouiller en moi. Et les questions ont fusées. Pas les réponses. Je me suis demandé, en lisant Lagacé, si je pardonnerais à un ami qui aurait battu sa femme à mort. Je me suis dit que oui probablement. Puis, je me suis mise à penser aux circonstances. Et si cette femme était aussi mon amie? Et s’il avait eu un coup de folie? Je ne sais pas. Je me suis demandé si c’était indécent de mettre en scène un homme qui a posé un tel geste dans une trilogie qui rend hommage aux personnages féminins de Sophocle qui ont défié l’autorité? Puis je me suis dit, que c’était peut-être une manière pour lui d’exprimer du regret. Et si ça donnait de la puissance au message? Je ne sais pas. J’ai aussi questionné l’impact de la décision de Mouawad et du TNM. Je me suis dit, «man, le show est déjà commencé!, on est en train de le faire, là, tu suite, on est le chœur de la cité, on est dans la tragédie!» Mais le jeu en vaut-il la chandelle? Cela banalisera-t-il le crime? Je ne sais pas. J’ai aussi pensé au pardon, à la réinsertion, à la durée de la peine? Comment s’assurer qu’un criminel a été suffisamment puni, la punition est-elle toujours nécessaire? Est-ce réellement à ça que devrait servir la prison? La prison est-elle vraiment utile? Y’a-t-il des gens pour qui la réinsertion est impossible? Que devrions-nous faire d’eux? Je ne sais pas. Puis, je me suis demandé pourquoi Mouawad demeure silencieux. Il prend peut-être le temps de réfléchir, ou bien il est tout simplement dépassé, triste, peureux, enchanté. Il pourrait avoir une entente avec Lorraine Pintade concernant la stratégie à observer avec les médias. Je ne sais pas. Je suis féministe, j’ai étudié dans la concentration en études féministes à l’UQAM. Devrais-je me sentir coupable de ne pas monter aux barricades, est-il de mon devoir de hurler au scandale? Si j’aspire au pardon, est-ce que j’oublie mes sœurs. Je ne sais pas.

Si j’énumérais toutes les questions qui me sont venues et me viendront concernant un tel sujet, je ne finirai jamais cet article. Pourtant une seule réponse : je ne sais pas

Mais je suis contente de ne pas savoir. Admettre avec humilité que l’on ne sait pas, c’est ouvrir la porte à une compréhension plus vaste et généreuse des choses. Une compréhension qui passe par l’amour et l’indulgence. Les jugements hâtifs, les certitudes intégristes, les absolus, les incontournables, les vérités uniques sont autant de voies dangereuses vers une conception figée qui entraîne la violence et l’exclusion. Alors, toute cette histoire aura au moins eu une conséquence positive : me rappeler que je ne sais rien.



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