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Jour 56

Publié le 13 avril 2011 par Miimii
Jour 56

Il connaissait bien l’endroit, je n’avais pas besoin de m’exprimer plus : « Je n’ai pas pris de décision, mais j’ai eu envie de partager un week end, pour parler, sans intervention extérieure, sans tél, ni aucun moyen de communication. »

Il a juste dit que ça l’enchanterait puisqu’il partait en tournage la semaine suivante.

Avant qu’il me propose de passer me prendre, je lui dis qu’on se retrouve là bas. Et en connaissance de cause, il me répond : « Tu veux venir toute seule, parce qu’au cas où on se prend la tête je n’ai pas moyen de te retenir ? »

Je ne réponds pas, je confirme le rendez vous et je termine la conversation téléphonique par des politesses.

Ceci a été fait par correction à deux jours du jour J.

J’avais tellement peur de le voir, de passer du temps avec lui et d’être déçue... que j’ai viré de bord, et sombré pendant 48h dans mes mauvaises habitudes. La saison des terrasses a commencé, chaque jour après le boulot, on se retrouve sur la terrasse de l’un d’entre nous, pour boire, fumer, parler, manger, pleurer, rire, et finir par dormir les uns sur les autres.

Qui sont ces gens ? Les « Passes-Partout », ils ont la clé des plaisirs, et du temps qui passe sans que tu le voies... Quand une alerte sonore te rappelle que tu as un rdv le lendemain à 10h avec un client important, tu regardes l’heure, il est 20h. On est encore la veille, qu’est ce qui va bien pouvoir écourter ma nuit ? ... ben, eux... avec leurs histoires, leurs plaisanteries, leurs conneries...

Qu’est qu’on se raconte ? Moi, rien à part des histoires banales et normales qui ne choquerait personne. Eux, ce qu’ils n’ont pas honte ou peur de dévoiler, ou alors se qu’il se fiche de dire et qu’ils assument. En général, du mal des autres, de la critique sociale ou de la dérision et de la satyre...

J’en ai fait ma vie de ce genre de soirées, dedans, dehors, elles se ressemblent toutes. On t’invite parce que tu fais parti du cercle (une espèce de secte, dont le niveau social CSP + est la principale règle), et parce que ta compagnie est agréable ou sympathique ou alors et surtout tu as de l’argent, t’es beau... « Nous n’acceptons pas les gens médiatisés... Nous préférons être discrets. » Ils sont gentils, faut pas croire, mais veulent rester entre eux, il faut le respecter.

C’est ceux qui sont accablés de la même sentence dès qu’on les voit « Ils ont tout pour être heureux. » ... Entre nous, nos regards échangés en disent long sur le « pas forcément, mais personne ne nous comprends, mais nous sommes trop nous, pour en parler les un aux autres. »

Alors, on s’entraide à survivre, en faisant primer les apparences de « joie de vivre » quand on est ensemble. Et ce qui se passe entre nous, reste entre nous, c’est un code d’honneur. Nos parents vivaient ainsi, ils nous l’on transmit et on reproduit.

Déconnexion totale, mais le matin du jour J, je me réveille comme au lendemain d’une cuite, complètement chamboulée. J’ai eu du mal à préparer mes affaires, je ne savais quoi y mettre. Ce n’est pas un week-end entre amis, ni un week-end en amoureux, c’est entre les deux et c’est surtout un week end décisif.

Je regarde ma valise, prise d’une crise d’angoisse devant ce qui devrait « habiller » mes prochaines 48h. Je me dis qu’après tout, il me connait sous toutes mes coutures, que je n’ai pas d’efforts particulier à faire. Un vieux jean, une chemise, un tee shirt, un kway, des grosses chaussettes, un livre, en papier (exit les ebooks sur l’ipad, c’est un « free technology week-end») et une bouteille de vernis à ongles, ce qu’il faut de sous vêtements de rechange, et de « secours » au cas où.

J’arrive avec près d’une heure de retard. Je reçois un sms à l’entrée de l’autoroute pour me dire, « Je t’attends, et je ferme mon tel à l’instant où tu arrives. »

Quand j’arrive devant la maison, il prend mon sac, le pose par terre, me fait la bise, attrape une mèche de mes cheveux et la sent et m’embrasse le front. Et il me dit : « Ton odeur me manque ».

Je suis un peu raide et dure à ce moment là, je ne sais pas quoi penser. Physiquement, j’ai simplement envie de me jeter sur lui, et de passer un week end entier dans ses bras. OMG, ce qu’il est beau, et ce qu’il sent bon, ce qu’il est fort... et ce sourire... à se damner ! Mais je suis plus forte que ça, même si ça se voit que je me tords d’envie et que je m’en mords les lèvres... Trop amicales ces premières 5 min, et elle me rappelle qu’on n’est pas là pour ça mais bien, pour remettre les comptes à zéro et peut être reprendre là où on s’était arrêtés ou ailleurs...

Quand on entre à la maison, notre premier réflexe est d’ouvrir toutes les fenêtres et de voir la mer, on s’accorde pour dire qu’elle nous a manqué. On est venus deux fois déjà ensemble quand nous étions "in a relationship ", et qu’on fuyait la société tunisoise.

Je lui propose d’aller faire les courses, il me dit « A partir de cet instant, tu ne t’occupes plus de rien, c’est moi qui décide ».

Il prend tout en main, pourquoi veulent-ils, tous, tout prendre en main ? Et pourquoi je suis à moitié conquise quand ils le font ? Finalement, il suffit de capter le truc pour faire de moi une fille facile (#Joke).

Je ne sais pourquoi à cet instant j’ai repensé à Sam, sa lettre au fond du placard, et la façon dont il me traite, moi... princesse de mon monde.

« Mimi ? Je te parle »

« Oui... ? »

« Déjà perdue dans tes pensées ?... ça ne fait que cinq minutes qu’on est là ? »

« J’ai fait deux nuits blanches, je suis vraiment exténuée...Je suis désolée. »

« Bon, deux fauteuils sur la terrasse, j’ai des choses à te dire ».

Il faisait jour,... 16h ? Il devait être 16h... J’étais en vieux jeans used, et en converses, un vieux sweat, et assise en tailleur sur un fauteuil de jardin. Il était presque habillé pareil, assis près de moi sur un fauteuil identique. Nous regardions devant nous, vers la mer... Il fallait tourner la tête pour que nos regards se croisent. Mais nous sommes venus pour regarder de l’avant... et peut être, croiser nos regards. Je statuerais là-dessus dimanche soir.

« T’as dis que t’avais pas décidé, et que tu me rappelais juste pour un week end... c’est tout toi. Je respecte ta volonté, mais en y repensant je me suis dit que ce week end pourrait être celui des règlements de comptes, et en repartant tout sera plus clair, on pourra décider de ce qu’on fait. »

Je lui coupe la parole, « J’ai l’impression qu’on s’apprête à signer un contrat d’association ».

« Tu as raison, même si ce n’est pas vraiment classe, on doit assainir notre passé, pour passer outre, car quand je me rappelle de tous tes agissements à mon égard, y a doit de quoi partir sans jamais se retourner... et peut être qu’à la fin du week end, je le ferais. Mais j’ai d’abord quelques points d’ombre sur lesquels je veux m’expliquer. Tu es prête à répondre à toutes mes questions ? ... et à me poser toutes les questions qui te passent par la tête ?»

Je regarde la mer, et ne réponds pas...me mettre à nu ? ... et puis quoi encore ? Il m’en a fait du mal lui aussi et pas qu’un peu. Il rebondit sur mon silence:

« Est-ce que tu étais toi-même quand on était heureux ? Ou est ce que tu étais toi-même quand tu n’as pas hésité à me jeter ce poison en pleine figure quand je t’ai rejoins à Paris ? Ou alors est ce que c’est toi quand tu t’éclipses après qu’on ai passé une nuit torride (qui d’ailleurs n’était peut être qu’une communion physique) sans te retourner ? Laquelle es-tu ? Tu peux me dire ? »

« Alors comme ça, tu es venu pour savoir qui je suis ? Parce que tu prends de tels risques, sachant que je suis peut être cruelle, odieuse et sans cœur ? ... Tu n’as que ça à faire ? ... c’est de ça que tu voulais qu’on parle, de savoir si je suis une fille bien ou pas ?... Mais c’est super con, c’est débile ?!»

J’essaie de me lever, j’avais les larmes aux yeux, au bout de 5 minutes, et je ne voulais pas que ça se voit... Je me faisais tout un trip de ce week end, je ne serais pas venue si j’avais su que c’était mon procès... Il m’attrape violemment par le poignet et me rassois. Il avait un regard dur, et plongeant. Il me regardait droit dans les yeux. Il parle en grinçant des dents et en me regardant méchamment.

«"Ecoute qu’on soit bien clairs, respect total, pas de gestes brusques et soit prête à tout entendre, je ne garderais rien pour moi cette fois ci. J’en ai assez de ton petit jeu qui ne te mènera nulle part, et de ton petit manège de celle qui fixe les règles. Jusque là, je t’ai laissé faire... et je te l’ai dit à partir de maintenant c’est moi qui décide. Tu joues le jeu ou tu rentres... et si tu veux rentrer, c’est tout de suite.

Si tu restes, tu restes jusqu’à dimanche. Je n’ai plus envie de subir tes gamineries, si je n’avais pas une lueur d’espoir que tu sois réellement cette fille formidable avec qui j’ai vécu les 6mois, les plus beaux de ma vie, je ne me serais pas laissé traîner dans la boue, par une fausse rebelle en mal de vivre, une névrosée qui fait systématiquement fuir tout ce qui pourrait être bénéfique pour elle, une fille qui calcule tout et que personne ne connait vraiment... Alors si tu veux partir, il est encore temps de prendre la décision de continuer à fuir, comme tu as l’habitude de le faire, tu n’as même pas défait ta valise. 50 min et tu retournes dans ta vie infernale où tu plais à tout le monde mais où personne ne t’aime."

Même si ça m’atteint, je veux faire celle qui n’est pas touchée, je deviens Miimii et je le regarde droit dans les yeux, le sourire démoniaque en coin.

« Ça y est t’as fait mon profil psychologique ? Où t’as appris cette psychologie de comptoir ?... ça marche avec les Cycy BB & Co. ?? Je suis curieuse de connaître la suite... » (faux-rire)

... il baisse la tête et la remue de droite à gauche, comme si j’étais une peine perdue, et il relève la tête remonté à bloc :

« T’as pas bientôt fini ton petit cirque ? Tu veux la jouer forte ?

Enlève ton masque petite, ça ne marche plus avec moi... Ce que je te dis est bien la vérité sur toi, parce que j’en ai assez fait les frais pour le savoir... alors si tu as besoin de mettre le masque de « l’intouchable » à chaque fois que quelque chose te blesse, c’est parce que tu n’es qu’une fille fragile... Admets-le. Tu n’as pas confiance en toi, contrairement à ce que tu te tues à montrer ... Tu te tues, c’est le mot...(silence) Bon, pas envie de parler pour rien et je sens que je vais à être déçu. ... Pour Cycy, c’était une de mes partenaires, à qui j’ai plu, c’est un pêché ? Elle m’a dragué, c’est un pêché ?... Alors quoi ? Fallait que j’arrête de vivre ?... En attendant que Mademoiselle m’achève pour assouvir un besoin pervers ? ... Tu as tellement pas confiance en toi qu’au lieu de te « rabaisser » à me poser la question, pour savoir que c’était un plan drague à deux balles, tu as préféré jouer la fille hautaine qui ne se rabaisse pas, et qui préfère compromettre une histoire... C’est nul. (Soupir) Bon tu pars ou tu restes ?... ».


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