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Jour 58

Publié le 18 avril 2011 par Miimii
Jour 58

Il est revenu que je détestais déjà tout ce soulagement ressenti la veille, toute cette libération, tout ce que j’avais apprécié de ce moment, j’avais la gueule d’une Mimi dégoûtée, blasée, trahie...

Et encore je ne savais même pas ce qu’il allait me dire. Il avait ramené de quoi « petit déjeuner », il essayait de parler normalement, « Je ne voulais pas te réveiller, je suis allé faire un tour en ville à la recherche de viennoiseries, il paraît que c’est les meilleures in town, mais bon... Ils n’ont pas de drops, comme au Gourmet, sorry. »

Je ne dis rien, je « légume » devant la télé...

« Mimi, tu viens ? J’ai préparé le café. »

Je m’assois à table, et je soupire avant de démarrer :

« Ecoute avant de remettre le sujet d’hier sur la table, autant te dire que si j’ai été aussi directe c’est parce que tu me l’as demandé. Tu m’as demandé d’être franche et je l’ai été. Je ne sais pas comment tu l’as pris et d’ailleurs... Je sais que tu vas me le dire, vu ton attitude distante et surtout parce que tu es revenu.... mais tu le sais, je ne peux pas supporter la guerre des nerfs. Même si les filles tunisiennes m’ont fait détesterc’est deux mots, je te jure j’ai juste été « spontanée » et « sincère ». »

Je ne pense pas avoir donné l’impression de me justifier, mais plutôt d’avertir, préciser, insister avant de recevoir le verdict. Il me connait assez pour savoir que je ne suis pas le genre à m’expliquer pour atténuer la sentence... Je supposais que je n’aurais pas la force de parler, vu ce que j’allais entendre...

Il prend ma main, l’embrasse et la garde chaudement au creux de la sienne et me dis :

(Je le voyais dans ses yeux, il était sincère) :

« Mimi… you mean the world to me … but after yesterday’s discussion I feel confused..." (Généralement, il parle anglais quand il est gêné ou perturbé, il pose ma main contre sa joue et soupire, il a l’air navré...)

Je suis frigorifiée, ... Je n’arrive plus à bouger... Je m’attends au pire... Je ne dis rien.

« En fait, je n’ai pas pu dormir... je n’ai pas arrêté de repenser à tout ce que tu as dis...et je suis extrêmement dans le flou. Que tu m’aies littéralement jeté, juste parce que souffrir était une, trop grosse prise de risque... parce que tu ne pouvais pas me faire confiance... parce que tu avais peur que je ne sois pas digne. Cette conclusion m’a juste fait penser alors, que rien de tout ce que nous avons vécu, ne t’a marquée ? ... Seul tes sentiments, ton petit cœur, ton ego... Ont compté ?

Ensuite, l’oubli... ça alors, tu n’as pas de souci, un billet d’avion et tu oublies tout ce qui a compté. Tu es paumée, tu rencontres un mec aussi paumé... mais qui s’occupe de toi, tu t’oublies dans ses bras... c'est normal, tu es capable de tout oublier. Tu oublies aussi qu’il est vieux et qu’il est l’ami de ton père, et quand il t’ennuie et ne t’apporte plus rien, tu en tires ce que tu peux en tirer, des projets professionnels... et tu rentres. Une fois passé la douane, lui aussi tu l’as oublié... et ses sentiments ? ... On s’en fout... c’était juste comme ça... I can’t understand you, i can’t deal with it... »

Un silence à couper au couteau s’est installé entre nous, j’avais les dents serrées, les larmes aux coins des yeux... Je ne pouvais pas parler, comme si desserrer mes mâchoires était le déclencheur de mes larmes. Plus j’appuyais sur mes dents, plus j’arrivais à les retenir, comme un barrage. De ce fait, je ne pouvais pas prononcer le moindre mot. Et il a continué.

« Mais avec la vie que tu mènes, je peux te faire confiance, moi ? Est-ce qu’une fois tu as fait quelque chose de symbolique pour me prouver que je pouvais avoir confiance en toi ? Tu caches jalousement ta vie comme si on allait te la voler ? Je me suis jamais plaint de pas savoir... Pourtant, je ne savais rien... Et puis, est ce que moi, j’ai fait quelque chose pour que tu n’aies pas confiance en moi ?... Je t’ai manqué de respect ? Menti ? ... Ou alors il y a des choses que tu n'as pas dites, il faut en parler »

Il soupire, me regarde, et comme je ne dis rien, il reprend... Il est triste et dégoûté... si, si, c’est du dégoût, je le vois bien et il me tue.

« Et cet homme, je n’ai rien compris à ce qui a bien pu se passer entre vous et quels sont vos rapports aujourd’hui. Vous allez continuer à vous côtoyer quotidiennement, et ensuite... Même si je ne m’inquiète pas de toi... et si un jour tu te sens paumée ? Ce sera de nouveau lui ? Ou un autre... Et qu’est ce que j’aurais la possibilité de faire ? Parce que moi, je n’ai pas peur d’avoir des sentiments pour toi... Et à la rigueur, je n’aurais même pas peur de souffrir, ce que j’ai vécu présage que ça en vaut la peine... »

Et là, ça a pété... J’étais une femme fontaine... des yeux... J’avais du mal à respirer, ce qui fait que je pleurais bruyamment. Ce sont les derniers mots qui m’ont fait exploser...C'est toujours comme ça quand on me dit que je mérite d'être aimée. Il a essayé de me prendre dans ses bras, mais du regard et par un barrage de fortune, formé par mes deux frêles avant-bras, je l’ai fermement arrêté. J’ai balbutié :

« Ne me touche pas », sorti d’entre les dents.

Et je continue comme ça pendant cinq bonnes minutes... avant d’avoir le regard perdu dans le vide, des larmes refroidies sur les joues, de la morve qui coule et un soupir suivi de :

« On fait toujours du mal à ceux qu’on aime »

Il me reprend,

« « Fight Club », ... et on dit aussi qu’on aime ceux qui nous du mal » (sourire)

Il regrettait complètement de m’avoir fait du mal, et voulait banaliser la conversation... reprendre, atténuer, normaliser... mais pas forcément retirer ce qu’il a dit. C’est incroyable comme je le connais et c’est incroyable ce qu’à cet instant, je l’haine.

Il essaie de me prendre la main... Je la retire violemment, je le regarde droit dans les yeux, et je dis la voix tremblante:

« Alors, comme ça, quand on t’offre son cœur, sa voix, sa sincérité... tu les écrabouilles ? »


« Non ma chérie, je suis conscient de l’effort que tu as fait... mais il me faut du temps pour digérer la situation, comprendre, reprendre...Ce que tu as dit n'est pas facile à entendre, et encore moins simple à comprendre. »

« Tu disais, you mean the world to me... sur quelles bases? Tu me décris comme un monstre d’égoïsme, une fille manipulatrice et complètement perturbée... Je t’ai tendu le couteau et tu n’as pas hésité à me le planter droit dans le cœur... Et tu attends quoi de moi maintenant ? »

« ... »

« Que je saute à ton cou, que je te supplie de rester... de me pardonner, en te promettant que j’aurais une conduite exemplaire ? »

« Non, ce n’est pas ce que je te demande ... On a fait un pas... et maintenant, j’ai juste besoin de temps, mais plus que jamais, j’ai envie d’être avec toi... Mais comprends que j’ai un peu peur... Mais je suis prêt à courir le risque. »

Il était calme, sincère, aimant... et j’étais blessée... fermée, désolée.

« C’était le pas de trop, D.... Tu peux y aller, je pense que c’est une voie sans issue. Nous sommes allés trop loin, ça n’en valait pas la peine. Je ne pourrais jamais NOUS pardonner ce qui vient d’arriver. »

« Nous ? »

« Je t’ai fait confiance, je me suis confiée et je n’aurais apparemment pas du. Par ailleurs, tu m’as fait du mal en utilisant ma propre vie, mes propres révélations, en me jugeant sur la base de ce que j’ai bien voulu te dire pour « réparer mes erreurs ». C’est très très bas. »

« Ma chérie, il ne faut pas le prendre comme ça. Je voulais juste exprimer ce que je ressens également... »

« Je ne sais pas si c’était une bonne idée. On y va ? »

« C’est tout ? »

« Ben oui... qu’est ce qu’il y a à dire de plus ? ... Tu peux rallumer ton téléphone, End of the free technology week end. J'étais mieux connectée...»

« Let’s just be friends for a while.... Le temps qu’on se retrouve au moins? »

Habituellement, je lui aurais sauté à la gorge, largué, viré de chez moi... lui avoir fait regretté de m’avoir « jeté », je l’aurais jeté en retour, comme ça on est quitte. Mais sa proposition me soulage, je ne veux pas le perdre... Qu’il m’a blessée, c’est un fait. Mais qu’est ce que je le comprends ?! Ses reproches sont fondés, même si personne n’a le droit de m’accabler du haut de ma tour d’argent, où je souffre manifestement de solitude... Je suis d’accord pour être son amie, tant que je le garde dans ma vie. Tu es le seul qui sache me dire les choses en me faisant suffisamment percuter... Je ne veux pas que tu me quittes et que tu t’éloignes encore de moi. C’est ce que j’aurais voulu lui dire, en y ajoutant merci de me mettre face à la réalité, telle qu’elle est et non telle que je me la raconte. Mais j’avais décidé de faire une pause sur la sincérité, j’ai eu ma dose pour le week end.

Je dis simplement en souriant:

« Tu penses ?... J’ai les idées embrouillées... »


« Bon, rentrons,... laissons décanter... On se revoit à Tunis. » Il me prend dans ses bras, « je ne supporte pas te voir pleurer, mais il y a un moment où il faut se dire les choses. Je m’excuse de t’avoir fait du mal, ce n’était pas pour t’en faire.Mais pour se donner une chance de dépasser le passé. »

Il m’embrasse tendrement sur le front. Je le serre très fort contre moi... Je me sens tellement bien... sans avoir à jouer... en ne cachant pas ce que je ressens... à celui devant qui, j’arrive à pleurer et à sourire 5 min après. Ah, oui... je suis en train de sourire, je suis libérée, son jugement ne m’a pas tuée, fais mal mais il m’a libérée et à allégé ma conscience....Quoiqu'il arrive plus tard, il sait...

On se prépare, on jette un dernier coup d'œil à la mer, on ferme cette maison qui comporte bon nombre de nos souvenirs et chacun pour soi, nous reprenons le chemin vers Tunis. Chacun dans sa voiture, nous sommes restés au téléphone pendant le temps de la route. Comme si nous avions fait le voyage ensemble.

J’avais ce sourire ... pourvu qu’il ne me quitte pas de sitôt...


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